La mission commerciale du Québec en Chine a pris fin hier et le bilan qu'il faut en faire est nettement positif. Non pas en raison de la cinquantaine d'ententes qui y ont été annoncées - une grande majorité d'entre elles était déjà scellée depuis des mois - mais par la constance de l'énergie et de l'enthousiasme dont les participants ont fait preuve tout au long de la semaine.

La mission a pris fin hier avec le départ des politiciens, mais plusieurs participants poursuivent leur voyage en Chine afin de maximiser les retombées de leur présence coûteuse en temps et en argent sur le continent asiatique.

J'ai passé l'essentiel de la semaine à discuter avec des chefs d'entreprises et d'organisations qui ont des projets d'expansion en Chine et qu'ils déploient de façon systématique, mais aussi très réaliste.

Pour plusieurs, la mission commerciale leur a ouvert des portes, confirmé des suivis de pourparlers, relancé l'intérêt de partenaires hésitants qui ont été séduits par le caractère officiel des rencontres qu'ils ont eues avec leurs interlocuteurs québécois.

Mais ce n'est pas fini. Ainsi, les producteurs de porcs, qui ont été légèrement écorchés en début de semaine par l'enthousiasme du premier ministre Couillard à vouloir conquérir le marché de la province du Shandong, étaient les invités, hier, du plus important acteur de l'industrie porcine de la capitale, Pékin.

«Ils en veulent du porc québécois, ils sont conscients de l'augmentation sensible d'une nouvelle clientèle en Chine qui est plus haut de gamme et qui est prête à payer plus cher pour une viande de meilleure qualité. Ils nous disent qu'on pourrait combler ce besoin», m'a expliqué jeudi soir David Boissonneault, président des Éleveurs de porcs du Québec.

Maxime Smith, responsable du développement stratégique du groupe gaspésien MDMP - qui exporte chaque année de plus en plus de crabe gaspésien en Chine -, a passé la semaine à développer ses affaires dans le cadre de la mission québécoise.

Il ne rentre pas pour autant à la maison puisqu'il poursuit durant toute la prochaine semaine sa propre mission en Chine.

Il va participer au plus gros salon asiatique de l'industrie des pêches et des fruits de mer, dans la ville de Qingdao (que j'ai baptisée cette semaine Tsingtao, du nom de la plus célèbre brasserie qui y est implantée), dans la province du Shandong.

«Les Chinois sont les plus gros producteurs et consommateurs de crabes au monde, mais avec notre crabe des neiges, on leur offre un produit haut de gamme, totalement différent. Ils l'adorent.

«C'est pourquoi on rentre dans le marché chinois de façon très graduelle et très prudente. Je suis ici pour faire de la gestion de marque. Il n'est pas question de lancer un produit qui ne sera pas à la hauteur. On veut tester nos distributeurs et bien comprendre les cycles d'approvisionnement», m'explique le stratège du crabe et du homard.

La Chine et l'APEC

Le premier ministre Couillard était aussi satisfait de la mission qu'il a dirigée cette semaine même si, parallèlement, il découvrait ce gigantesque pays pour la première fois.

«Ce qui m'a le plus frappé en Chine, c'est la taille du pays, le nombre d'habitants, sa culture millénaire. C'est gigantesque», a-t-il expliqué, au terme du dernier jour de son voyage asiatique.

Les défis qui attendent la Chine sont toujours aussi considérables que la place qu'occupe maintenant ce pays sur l'échiquier international.

Hier, l'article principal de la page 3 du China Daily faisait grand état de la décision du premier ministre canadien Stephen Harper de finalement participer à la réunion de l'APEC qui se déroulera dans deux semaines à Pékin.

M. Harper avait laissé entendre qu'il entendait demeurer à Ottawa pour être présent aux cérémonies du jour du Souvenir, en geste de solidarité à la suite du décès des deux soldats canadiens victimes d'attentats meurtriers il y a deux semaines.

Le China Daily estime hautement important que le premier ministre canadien assiste à cette rencontre qui réunit 21 pays qui se partagent les côtes du Pacifique et dont les économies totalisent 57% du produit intérieur brut mondial et 46% du commerce international.

La Chine est devenue le carrefour commercial incontournable de la planète. En étant l'hôte, dans deux semaines, de la réunion de l'APEC, la Chine confirmera encore davantage le leadership qu'elle exerce maintenant comme grand arbitre dans le processus de croissance de l'économie mondiale.