À l'automne, le vent ne fait pas que dépouiller les arbres de leurs feuilles. Quand la brise d'octobre se lève soudainement sur les marchés boursiers pour prendre le souffle de la tempête, bien des investisseurs en viennent eux aussi à perdre leur chemise. En règle générale, les dépouillements d'octobre ne sont jamais un événement agréable à vivre.

On n'en est pas encore là, mais il faut bien admettre que l'on assiste depuis un mois et demi maintenant à la formation d'un système qui commence à se faire menaçant. Et quand un tel système s'installe en plein mois d'octobre - le mois de toutes les catastrophes boursières -, il y a lieu de s'inquiéter.

Les investisseurs venaient déjà de traverser un mois de septembre pour le moins laborieux, alors que l'indice S&P 500 a reculé de 3% après avoir atteint un sommet historique le 18 septembre et que l'indice S&P/TSX a retranché 4,5% de sa valorisation au cours du mois.

Depuis ce recul, la volatilité s'est invitée sur les places boursières et elle s'impose davantage chaque jour, comme en témoigne le comportement des Bourses nord-américaines au cours de la séance d'hier.

Les Bourses de New York et de Toronto ont entamé la journée d'hier en forte baisse. L'indice Dow Jones affichait un recul de plus de 460 points en cours de séance, avant d'entreprendre une remontée de fin de journée pour clôturer avec une perte de 173 points. L'indice S&P 500 a, pour sa part, perdu jusqu'à 3% de valeur pour finalement terminer la journée avec un recul de 0,8%.

À Toronto, le S&P/TSX a enregistré une autre séance négative avec un recul de 1,2%, ce qui porte à 12% les pertes que cumule l'indice canadien depuis son sommet de l'été.

La Bourse canadienne est entrée officiellement en correction mardi et si elle maintient la cadence négative qu'elle affiche depuis le début du mois de septembre, elle pourrait officiellement être bientôt considérée en mode baissier.

Ce qui serait un fâcheux revirement de situation puisqu'au mois de juillet, le TSX était l'un des indices de la planète qui affichaient les plus forts rendements en 2014.

Aux États-Unis, la situation n'est guère plus réjouissante. Depuis vendredi dernier, l'indice Dow Jones cumule un rendement négatif pour 2014.

Le S&P 500 et le NASDAQ se sont eux aussi retrouvés hier en position de rendement négatif pour 2014, mais leur remontée de fin de journée leur a permis de revenir en territoire positif avec des gains cumulatifs respectifs de 2,4 et 1,9%. Mais pour combien de temps?

Mûrs pour une correction

La plupart des analystes s'entendent pour dire que les marchés nord-américains étaient mûrs pour une correction. Depuis trois ans, l'indice S&P 500 progresse systématiquement à la hausse, sans avoir enregistré de replis de 10% ou plus.

Il est dans l'ordre des choses que les marchés haussiers subissent des corrections passagères pour ensuite mieux poursuivre sur leur lancée.

Ce qui inquiète dans le mouvement actuel de réévaluation des cours, c'est qu'il se produit alors que la progression de l'économie mondiale affiche des signes de faiblesse évidents.

La chute des prix du pétrole témoigne de cette précarité de l'activité économique mondiale. En l'espace de quelques semaines, les prix du pétrole ont enregistré une baisse de 20$US le baril, ce qui s'est traduit par une hausse de 8% du dollar américain par rapport au dollar canadien.

Depuis septembre, les titres canadiens du secteur de l'énergie ont reculé de plus de 20%, entraînant dans leur sillage l'indice S&P/TSX. Le mouvement n'a fait que s'amplifier depuis le début du mois d'octobre.

Les marchés reculent donc, mais personne n'est en mesure de dire où et quand s'arrêtera leur chute. La situation actuelle n'a rien à voir avec celle qui avait cours en 2008 lorsque les Bourses ont subi leur pire krach depuis celui de 1929.

En 2008, la chute des Bourses était alimentée par l'effondrement du système financier international et la faillite de grandes institutions bancaires.

Cependant, à l'instar de la situation que nous vivons aujourd'hui, la chute des cours avait débuté en septembre 2008 avec la faillite de Lehman Brothers et de l'assureur AIG, mais ce n'est qu'à partir du 6 octobre que tout s'est réellement effondré, lorsque les Bourses ont enregistré des pertes de plus de 20% en une seule semaine.

Les marchés ne prennent sûrement pas une direction aussi tranchante qu'en 2008, mais il est tout de même inquiétant de voir le mouvement de vente généralisé prendre chaque jour plus d'ampleur. Quand la volatilité domine, plus personne ne contrôle rien.

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LES PIRES JOURNÉES DU DOW JONES

Le Dow Jones perdait plus de 400 points à un moment donné, hier, mais ce recul inquiétant est encore loin des pires journées (en termes de points) que le célèbre indice boursier a connues dans le passé.

Variation quotidienne de l'indice Dow Jones



Date - Variation - Fermeture



9 octobre 2008 - 678,91 (- 7,33%) 8579,19

Volume record de transactions à la Bourse de New York, la panique s'empare des investisseurs, poussant le Dow Jones sous la barre des 9000 points.

1er décembre 2008 - 679,95 (- 7,70%) 8149,09

Le National Bureau of Economic Research, à Washington, confirme que les États-Unis sont entrés en récession en décembre 2007, alors que l'activité manufacturière est à un creux de 26 ans.

17 septembre 2001 - 684,81 points (- 7,13%) 8920,70

Wall Street pique du nez à la reprise des transactions boursières après les attaques terroristes du 11-Septembre.

15 octobre 2008 - 733,08 points (- 7,87%) 8577,91

Le Dow Jones chute en réaction aux ventes au détail aux États-Unis, les plus faibles en trois ans, et un discours du président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, qui prévient que la reprise économique sera lente.

29 septembre 2008 - 777,68 points (- 6,98%) 10 365,45

La crise financière aux États-Unis, causée par l'effondrement du marché immobilier et des prêts subprime, s'aggrave après le refus du Congrès américain d'injecter 700 milliards US dans l'économie.

Source: Money Morning