En ce jour de l'Indépendance, les Américains ont toutes les raisons de célébrer leur fête nationale. La machine économique de leur pays s'est résolument remise en marche et est passée en mode accéléré. Depuis le début de l'année, l'économie américaine génère des emplois à une cadence que l'on n'avait pas observée depuis la folle frénésie technologique de la fin des années 90.

La reprise économique américaine n'est plus un mirage que l'on évoque sans être certain qu'elle se réalise vraiment. Elle est bien réelle et elle est surtout bien enracinée dans le réel.

Les statistiques spectaculaires sur la création d'emplois pour le mois de juin, dévoilées jeudi, un jour plus tôt qu'à l'habitude en raison du congé de la fête de l'Indépendance, viennent confirmer que l'activité économique américaine ne fait pas que vivoter, elle s'est enracinée dans du solide.

À la surprise générale, quelque 288 000 travailleurs américains ont trouvé un emploi en juin, alors que les économistes s'attendaient à une croissance légèrement inférieure à celle enregistrée en mai lorsque 217 000 postes avaient été créés.

Le département du Travail a d'ailleurs revu à la hausse les chiffres du mois de mai, confirmant que 29 000 postes additionnels avaient été créés et qu'ils devaient s'ajouter aux 217 000 déjà annoncés.

Les États-Unis sont parvenus à créer plus de 200 000 emplois dans un même mois pour le cinquième mois d'affilée, ce qu'on n'avait pas vu depuis la fin des années 90.

Ce dynamisme a fait chuter de 0,2 point le taux de chômage américain, qui est passé de 6,3 % à 6,1 %. Il a déjà atteint la cible que la Réserve fédérale américaine (Fed) espérait atteindre à la fin de 2014.

Rappelons que durant la récession, le taux de chômage a atteint un sommet à 10 % en octobre 2009. Le mois dernier, les États-Unis avaient réussi à remplacer la totalité des 8,7 millions d'emplois supprimés par la crise.

Les 288 000 Américains qui ont décroché un emploi en juin viennent donc insuffler un premier vent de croissance sur le marché du travail américain en près de cinq ans.

Un feu d'artifice

Ces données extrêmement positives qui confirment la solidité de la reprise américaine ont évidemment résonné sur les marchés.

Les Américains aiment les feux d'artifice, et les indices boursiers Dow Jones et S & P 500 ont encore brillé en enregistrant jeudi le troisième record de clôture consécutif, un 23e depuis le début de 2014. Le Dow Jones s'est même permis de clôturer au-dessus de la marque des 17 000 points au terme d'une séance écourtée.

Il n'y a pas seulement la situation de l'emploi qui s'améliore. La production manufacturière américaine a retrouvé son niveau d'activité d'avant la crise.

Ce n'est pas pour rien qu'on a appris jeudi que les États-Unis ont enregistré des exportations records de 195,5 milliards au cours du mois de mai, ce qui leur a permis de réduire de 5,6 % le solde négatif de leur balance commerciale.

Les ventes de maisons neuves ont également retrouvé en mai leur niveau d'avant la crise, avec plus de 500 000 unités vendues sur une base annualisée. Les ventes de véhicules automobiles neufs s'alignent pour atteindre un niveau record en 2014.

Le Conference Board des États-Unis nous a appris la semaine dernière que le moral des consommateurs est revenu au beau fixe en juin, avec un taux de confiance envers l'économie américaine comparable à celui qu'ils affichaient avant la grande débâcle de 2008-2009.

La période de prospérité qui a coïncidé à l'avènement de la révolution numérique des années 90 carburait au gonflement artificiel de la valorisation des entreprises de ce secteur émergent.

La période de prospérité qui a suivi dans la période post-attentat du 11 septembre 2001 était elle aussi artificiellement articulée autour du boom immobilier qui a conduit à la bulle que l'on connaît et qui a explosé en 2006 pour préparer le terrain à la récession.

La reprise que l'on observe depuis six mois aux États-Unis n'est pas le résultat du gonflement d'une bulle spéculative. Ce sont 8,7 millions d'Américains qui sont revenus au travail - près de 700 000 dans le secteur manufacturier - et qui jouent maintenant pleinement leur rôle de consommateurs. L'économie américaine dépend très largement des dépenses à la consommation, et le retour des consommateurs a réinjecté le sang dont le système avait absolument besoin pour se refaire une santé.