Les finances publiques et l'économie québécoise ne sont pas au plus fort de leur forme. La Presse Affaires a voulu en savoir plus sur le plan de match qu'entendent déployer les trois principaux partis pour redresser la situation. Rencontre avec trois candidats qui aspirent à devenir le prochain ministre des Finances du Québec. Aujourd'hui, Christian Dubé, porte-parole économique de la Coalition avenir Québec; demain, Carlos Leitao, du Parti libéral; et vendredi, Nicolas Marceau, du Parti québécois.

Christian Dubé ne s'enfarge pas dans les fleurs du tapis. C'est de courage que devra faire preuve le prochain ministre des Finances pour redresser la situation budgétaire et économique du Québec. Un attribut qui a fait cruellement défaut au Parti libéral et au Parti québécois au cours des 10 dernières années, estime le porte-parole économique de la Coalition avenir Québec (CAQ).

«Comment se fait-il que, sur un budget de 80 milliards de dollars, on soit incapables de dégager une marge de manoeuvre de 2 milliards ? Ça n'a pas de bon sens.

«Les ménages dont le revenu annuel combiné est de 80 000$ | sont capables, quand la situation l'exige, de dégager une marge de 2000$, mais pas un gouvernement», indique Christian Dubé, qui a fait carrière comme chef de la direction financière des sociétés papetières Domtar et Cascades, avant de faire le saut en politique pour la CAQ en 2012.

Le plan de match de son parti est de rapidement donner un répit fiscal aux ménages québécois en abolissant la taxe scolaire et la taxe santé, s'il est élu. Une promesse que les partis adverses qualifient d'impossible à réaliser en raison du contexte budgétaire déficitaire.

«On va financer cette mesure en procédant à un gel des effectifs dans la fonction publique. Ça va rapporter 2,5 milliards sur quatre ans. On va aussi réduire de 450 millions les subventions aux entreprises et dégager 900 millions en améliorant les façons de faire», résume le candidat dans la circonscription de Lévis.

Christian Dubé souligne que la mise en branle du programme économique de la CAQ est hautement réalisable et ne demande que du courage.

«Les libéraux avaient annoncé la réduction de la taille de la fonction publique en ne remplaçant qu'un départ à la retraite sur deux, mais ils ne l'ont jamais fait. Nous, on va remplacer les départs à la retraite, mais on va le faire pour augmenter les effectifs des gens qui donnent des services de première ligne tout en réduisant les postes administratifs», explique-t-il.

De la même façon, il est possible de réduire de 5% à 3% par année la croissance des coûts du système de santé en mettant en application certaines des mesures que proposait le rapport Castonguay, déposé en 2008. «Là aussi, on n'a pas eu le courage d'avancer. Nous, nous allons le faire», assure-t-il.

Des défis ici et ailleurs

Le plus gros défi économique que le Québec doit relever est, selon Christian Dubé, de générer suffisamment de richesse pour protéger les programmes sociaux qu'il s'est donnés. Un défi que vient compliquer le vieillissement de la population.

«Il y a 40 ans, 6% de la population était âgée de 65 ans et plus. Là, c'est plus de 16% de la population qui est dans cette tranche d'âge. L'État dispose de moins de revenus, mais les coûts augmentent. Il va falloir en créer, de la richesse, pour rétablir l'équilibre», appréhende l'aspirant ministre des Finances.

Les entreprises québécoises doivent aussi faire face à la concurrence étrangère qui est mieux outillée sur le plan de la productivité. Il faut revoir comment sont attribués les 2,5 milliards de crédit d'impôt aux entreprises pour soutenir celles qui en ont vraiment besoin.

Quel serait un taux de chômage acceptable pour le Québec, selon lui? «On serait confortables avec un taux de chômage de 7%, mais il faut retrouver les 100 000 emplois de travailleurs qui gagnaient plus de 100 000$ | par année et qui sont disparus. Le Québec a 8% moins de hauts salariés qu'ailleurs au Canada», déplore Christian Dubé.

Quelle est sa priorité entre réduire la dette ou générer de la croissance économique?

«C'est réduire la dette, mais le préalable pour y arriver, c'est de générer de la croissance économique. On n'en sort pas. Je serai satisfait lorsque le poids de la dette représentera 45% de notre produit intérieur brut. Ce n'est pas un objectif à court terme mais plus sur un horizon de 10 ans», estime-t-il.

C'est le même horizon qu'il se donnerait, s'il était ministre des Finances, pour ramener le taux moyen d'imposition des contribuables québécois au taux moyen des contribuables canadiens.

«Ça va prendre 10 ans au moins. Et c'est pourquoi il faut donner un coup de départ en abolissant immédiatement la taxe santé et la taxe scolaire», estime le candidat Christian Dubé, pas pressé, mais confiant d'arriver à ramener le fardeau fiscal des Québécois à un niveau plus soutenable.