Il y a des projets de rénovation qui sont plus longs que d'autres à réaliser. Il y a aussi des projets qui commencent modestement, mais qui, au fur et à mesure qu'ils progressent, se transforment graduellement en gigantesque entreprise. C'est un peu le schéma espéré du regroupement que viennent d'entreprendre la Coop fédérée et le Groupe BMR.

Après 10 mois de négociations, les deux organisations ont confirmé vendredi dernier la conclusion d'une entente commerciale en vertu de laquelle l'enseigne Unimat, propriété de la Coop fédérée, a pris une participation minoritaire dans le Groupe BMR.

Une transaction beaucoup plus modeste que celle échafaudée par les observateurs du secteur du commerce au détail, en janvier dernier, lorsque les deux groupes ont confirmé qu'ils avaient entrepris des pourparlers au sujet de leur avenir commun.

Tout le monde s'attendait à ce que la Coop fédérée, un groupe important et diversifié dans la production animale et végétale, la commercialisation des grains, la transformation alimentaire et le commerce au détail - avec son réseau de 178 quincailleries Unimat -, formule une offre d'acquisition sur le regroupement de marchands indépendants qui opèrent les 180 quincailleries du Groupe BMR.

Bien que les activités de détail du Groupe BMR soient quatre fois plus importantes que celles d'Unimat, BMR affichant des revenus annuels de 1,3 milliard contre 325 millions pour Unimat, c'est la Coop fédérée qui, avec ses 5 milliards de revenus consolidés, a été identifiée comme l'initiateur de la transaction.

Ce que nous a confirmé hier Claude Lafleur, directeur général de la Coop fédérée.

«On s'est lancé il y a 45 ans dans la vente de matériaux de construction pour répondre aux besoins de nos membres. Avec les années, on a développé un réseau de 180 quincailleries qu'on a unifiées, il y a six ans, sous la bannière Unimat avec l'objectif de doubler notre présence dans le marché.

«Comme tout le secteur de la rénovation, on a été victime depuis cinq ans d'un sévère ralentissement, et c'est pourquoi on a pensé à un regroupement avec BMR, un autre détaillant québécois indépendant, pour mieux faire face aux nouveaux joueurs dans le marché», explique Claude Lafleur.

Le temps des fiançailles

La participation minoritaire que vient de prendre la Coop fédérée dans le Groupe BMR est donc une première étape dans un processus de rapprochement qui devrait prendre de l'ampleur au cours des prochaines années.

Les 10 mois qu'ont pris les négociations en vue de cette entente sont en partie attribuables au travail d'analyse de la transaction qu'a réalisé le Bureau de la concurrence, une enquête qui a duré plus de cinq mois.

Le travail des enquêteurs a permis de trouver seulement quatre magasins qui sont en situation problématique et qui devront faire l'objet d'une disposition. C'est seulement 6 millions de ventes sur les 1,6 milliard de revenus que réalisent les deux marques.

«On n'est pas pressé. On apprend à se connaître. Je vous dirais qu'on vient de célébrer nos fiançailles. Les marchands indépendants de BMR ne nous connaissaient pas. Plusieurs se demandent ce qu'une coopérative fait dans la rénovation.

«Quand on a acheté un réseau de quincailleries en Ontario, plusieurs propriétaires se demandaient dans quoi ils embarquaient. Deux ans plus tard, ils étaient emballés de leur association», explique Claude Lafleur.

Le directeur général de la Coop souligne que BMR et Unimat sont des entreprises privées, qu'elles n'ont pas à précipiter les événements, pas de résultats trimestriels à livrer en pâture aux investisseurs.

«On n'est pas là pour faire un show. On est là pour tirer le maximum de nos opérations. Unimat est fort dans les matériaux de construction et BMR est fort dans le secteur de la rénovation. On vient de réaliser une transaction financière et là, on va se pencher sur la logistique et ultimement sur l'unification sous une même bannière», évoque-t-il.

Cet objectif ultime viendrait renforcer l'un des trois secteurs d'activité de la Coop fédérée, celui du détail. La Coop réalise plus de 2 milliards par année avec la transformation animale et 2 milliards avec la culture et la commercialisation de grains.

Ses activités de détail afficheraient le même niveau de revenus avec les 500 millions qu'elle tire de la vente de produits pétroliers avec sa division Sonic, les 325 millions qu'enregistre Unimat et le 1,3 milliard de BMR.

Maintenant que les parties se sont engagées financièrement, elles vont apprendre à vivre ensemble et voir comment elles pourront profiter d'une distribution commune. C'est à partir de là qu'elles seront en mesure de se dire oui pour la vie et de faire des petits.