Michèle Boisvert, notre patronne à La Presse Affaires, a pris toute l'équipe au dépourvu jeudi lorsqu'elle a annoncé en plein milieu d'après-midi qu'elle nous quittait pour aller se joindre à la Caisse de dépôt et placement à titre de nouvelle première vice-présidente, Affaires publiques.

Après avoir travaillé durant 30 ans dans le journalisme économique, Michèle a donc décidé de faire le saut pour amorcer une nouvelle carrière, dans de nouvelles fonctions et de l'autre côté de la barrière médiatique.

Pour plusieurs membres de la profession, quitter le journalisme pour devenir responsable de relations publiques ne représente rien de moins qu'une trahison. On n'hésite d'ailleurs pas à dire que celui qui commet un tel changement d'allégeance professionnel vient de passer du côté de l'ennemi.

N'en déplaise à ces puristes, Michèle Boisvert ne trahit personne de la profession, mais s'en va plutôt poursuivre le travail qu'elle fait depuis 30 ans, mais de façon différente.

Depuis qu'elle m'a chaleureusement accueilli à La Presse Affaires il y aura bientôt un an, ma boss a toujours affiché le même souci quotidien de bien informer les lecteurs de la section, de bien circonscrire les grands enjeux économiques qui façonnent leur vie de tous les jours, mais aussi de bien expliquer ceux aussi auxquels doivent faire face les entreprises québécoises.

On a souvent discuté de commerce international, de consolidation, de productivité, de capacité à innover ou de délocalisation et on a souvent disserté sur le rôle central que pouvait jouer la Caisse de dépôt et placement dans les défis quotidiens que doivent relever les entreprises québécoises.

Le virage bien clair que vient de prendre la Caisse de dépôt quant à son rôle d'accompagnateur de nos grandes sociétés dans leur volonté de développement à l'international n'est pas étranger à l'empressement avec lequel Michèle a accepté la proposition de se joindre à l'institution.

«J'ai toujours eu un immense respect pour la Caisse et le rôle clé que cette institution joue au Québec et le biais qu'elle a pris en faveur des entreprises québécoises m'emballe. Je vais m'occuper des relations publiques, mais je vais poursuivre mon travail d'analyse économique et de suivi de la conjoncture. On veut que j'apporte cette expertise-là au comité de direction auquel je vais siéger à titre de première vice-présidente. Je suis emballée par le défi», m'a expliqué jeudi mon ex-directrice.

Ce n'est pas une rupture, mais bien la poursuite du métier qu'elle a pratiqué avec un talent certain durant 30 années, mais qu'elle réalisera dans un cadre différent alors qu'elle aura à expliquer aux médias et au public en général les décisions et les grandes orientations de la Caisse.

Après des études en économie à l'Université Laval et à l'Université de Montréal, Michèle a commencé sa carrière de reporter économique en 1982 à Radio-Canada international.

Elle avait 22 ans et elle ne savait probablement pas qu'elle allait exercer son métier à la radio et à la télé de Radio-Canada durant 20 ans et durant 10 ans à l'écrit à La Presse où elle a ouvert plusieurs portes.

Elle a été du début des émissions économiques à la radio en participant à Les Affaires et la vie, puis à la télé au Sens des affaires avant de coanimer durant sept ans Capital-Actions à RDI. Elle est devenue la première femme éditorialiste économique à La Presse avant de devenir la première directrice des pages Affaires, poste qu'elle a occupé au cours des cinq dernières années.

Mes collègues et moi sommes heureux que Michèle remplisse le défi qui l'attend, mais on va tous regretter sa grande compétence et son éternelle bonne humeur.