Comme il l'a fait récemment à Paris, Shanghai, Londres, New York ou Davos, le premier ministre Jean Charest est venu «vendre» hier le Plan Nord aux Brésiliens, avec un certain succès, faut-il le préciser. Mais n'y a-t-il pas danger que cette campagne de relations publiques internationale irrite les Québécois du Sud qui souhaiteraient qu'on leur propose davantage de projets mobilisateurs dans les secteurs qui les préoccupent?

C'est la question que j'ai posée au premier ministre Charest au cours du point de presse qui a suivi la présentation qu'il a faite au cours d'un déjeuner-conférence organisé par la Chambre de commerce Brésil-Canada et la Fédération des industries de l'État de São Paulo.

Avec la même fougue qu'il peut afficher au cours de la période des questions à l'Assemblée nationale, Jean Charest a rejeté cette hypothèse d'un revers de main en défendant le caractère fédérateur du Plan Nord.

Selon le premier ministre, il est faux de présumer que le développement des richesses naturelles au nord du 49e parallèle ne va profiter qu'aux sociétés minières et aux dizaines de milliers de travailleurs qui auront à développer ce chantier.

Des entreprises de génie, de construction et de fabrication de la région métropolitaine de Montréal vont bénéficier des retombées. Tout comme des PME de la Montérégie ou des Cantons-de-l'Est. Le premier ministre soutient les chiffres d'une étude de la firme Secor qui prévoit que chaque emploi créé dans le Nord générera de la création d'un emploi dans le Sud, que ça soit à Montréal, Québec ou Magog.

Mieux encore, une nouvelle étude commandée par la chambre de commerce de Montréal devrait révéler que l'effet multiplicateur des retombées économiques du Plan Nord sera plus grand encore pour le Québec laborieux du sud.

Si c'est le cas, c'est bien évidemment tant mieux. Les mérites et vertus du Plan Nord sont certes bien réels, mais la réalité, c'est aussi que le Québec ne peut se permettre de ne se concentrer que sur un seul projet pour espérer générer la croissance nécessaire à sa croissance et son épanouissement dans une économie mondiale de plus en plus instable.

La Mission Brésil est utile et pleinement justifiée. Les entreprises québécoises ne peuvent plus se fier à leurs partenaires traditionnels que sont les États-Unis et l'Europe pour espérer maintenir leur niveau de production actuel.

Tous en conviennent et même Mark Carney, gouverneur de la Banque du Canada, a imploré au début du mois les entreprises canadiennes de partir à l'assaut des marchés des pays en émergence.

Depuis la crise de 2008, les exportations canadiennes reculent de 5% par année et même lorsque les États-Unis auront récupéré les pertes cycliques de la dernière récession, le marché américain sera nettement inférieur à ce que les économistes prévoyaient il y a trois ans.

En clair, le Plan Nord est certes nécessaire, mais, sur les 50 entreprises qui participent à la Mission Brésil, aucune n'est du secteur minier. Ces entreprises proviennent toutes de secteurs qui dépendent de leur expansion à l'étranger pour espérer croître et même survivre. C'est aussi de ça qu'on doit s'occuper de façon tout aussi prioritaire.