La dernière fois que j'ai rencontré Pierre Lassonde, il était président de Newmont, plus importante société aurifère au monde. C'était il y a 10 ans et l'once d'or s'échangeait à 300$US. Il avait créé un certain émoi en déclarant que l'or s'échangerait dans les 12 prochains mois à un prix de 350$US. Une prévision qui s'est pourtant avérée.

Depuis cette rencontre en 2002, bien des choses ont changé, mais Pierre Lassonde n'a jamais perdu la foi ni l'engouement qu'il a toujours cultivés à l'endroit du métal précieux.

Il a d'abord quitté Newmont, en 2008, pour prendre une année sabbatique et plus tard sa retraite. Mais après quelques mois passés dans le sud de la France, il a bien compris qu'il n'était pas fait pour la farniente.

Il a donc racheté la société Franco-Nevada qu'il avait fondée en 1983 et qu'il avait vendue à Newmont en 2001 au prix de 3,2 milliards de dollars. «J'ai payé 1,2 milliard pour racheter Franco-Nevada et elle vaut aujourd'hui 5 milliards», calcule-t-il avec une étincelle dans les yeux.

Il en est aujourd'hui président du conseil et il est donc toujours aussi passionné par l'or, sa quête, son commerce et surtout son grand potentiel de valorisation.

Pierre Lassonde était de passage hier à Montréal pour faire mousser la campagne de financement du nouveau pavillon du Musée national des beaux-arts du Québec puisqu'il est président du conseil d'administration du MNBAQ et coprésident de sa campagne de financement.

Comme tous les investisseurs, Pierre Lassonde a suivi avec attention tout l'été dernier la fulgurante ascension du prix de l'or qui a atteint la marque record de 1920$US au début du mois de septembre.

Bien que le métal précieux ait perdu de son lustre depuis et qu'il a de nouveau clôturé en baisse hier à 1661$US, ce fléchissement n'est que passager selon Pierre Lassonde.

«Je t'ai surpris en 2002 lorsque je t'ai dit que l'once d'or franchirait la marque des 350$. Eh bien, je vais te surprendre encore - pour les mêmes raisons - en te disant que l'once d'or devrait rejoindre éventuellement la valeur de l'indice Dow Jones. C'est simple, c'est mathématique.

«Lorsqu'on regarde un graphique de l'évolution du prix de l'or et de celle du Dow Jones sur une période de 100 ans, on se rend compte que l'or a toujours affiché un prix égal à celui de l'indice. En 1934, après le grand krach boursier, l'once d'or valait exactement le nombre de points du Dow Jones. En 1980, l'once d'or valait 800$US et le Dow Jones était à 800 points», expose-t-il.

La seule période où la corrélation entre les deux références a été totalement déphasée s'est déroulée entre 1980 et 2000, après l'avènement du plus important marché boursier haussier de l'histoire.

«En 2000, le Dow Jones valait 42 fois le prix de l'or. La plus grande distorsion de l'histoire. L'écart ne fait que rétrécir depuis. L'or va rattraper le Dow Jones. Aujourd'hui, le Dow est à 13 000 points, ça pourrait être l'objectif. Remarque bien que l'indice peut baisser à 8000 ou 10 000 points», précise Pierre Lassonde.

L'ingénieur et philantrope se livrera davantage dans notre numéro de samedi.