La Banque Nationale et Fiera Sceptre ont confirmé hier la fusion des activités de gestion de fonds communs de Natcan à Fiera Sceptre. Jean-Guy Desjardins, président de la nouvelle entité Fiera, a bien l'intention de poursuivre la consolidation dans le secteur de la gestion de fonds qu'il a amorcée en 2003.

C'est Louis Vachon, président de la Banque Nationale, qui a approché Fiera Sceptre, il y a un an, pour lui proposer le regroupement des activités de gestion d'actifs de sa filiale Natcan avec celles de Fiera.

«On sentait venir le mouvement de consolidation chez les manufacturiers de fonds communs [les firmes qui en font la gestion], mais on ne voyait pas Natcan comme le véhicule de cette consolidation. Nous, depuis deux ans, on a consolidé la distribution en réalisant les acquisitions de certains actifs de HSBC et de Wellington West», nous a expliqué hier Louis Vachon.

En approchant Jean-Guy Desjardins et Fiera Sceptre, Louis Vachon a trouvé une oreille éminemment attentive à la réalisation d'une telle transaction.

Jean-Guy Desjardins avait fondé à l'époque Placements TAL, une firme de gestion privée indépendante qui s'est rapprochée de la Banque CIBC au point de se faire partiellement acquérir par elle en 1994. Au fil des ans, sous l'effet de la pression, TAL a été totalement absorbée par la CIBC.

Jean-Guy Desjardins s'est retourné rapidement et a fondé en 2003 une nouvelle firme de gestion indépendante, Fiera Capital, avec la ferme intention d'en faire un chef de file canadien comme TAL à l'époque.

La même année, Fiera est devenu l'un des gestionnaires des fonds communs de Desjardins en absorbant une partie des activités de son équipe Elantis.

Depuis, Fiera a fusionné avec la firme Sceptre Investment pour gérer aujourd'hui 30 milliards de dollars de fonds communs. Avec Natcan, les actifs sous gestion vont atteindre 54 milliards.

«Je me rapproche de mon objectif de 64 milliards d'actifs sous gestion, soit celui que TAL avait en 1994. On va y arriver par l'entremise d'acquisitions tant au Canada qu'aux États-Unis, mais aussi par la croissance interne que Fiera va générer», a confirmé hier Jean-Guy Desjardins.

Une transaction complexe

Les détails de la fusion Fiera-Natcan témoignent d'une certaine complexité puisqu'elle implique le Mouvement Desjardins, qui était déjà un actionnaire fondateur de Fiera.

Fiera paiera 309 millions pour acquérir les activités de gestion de Natcan, dont une somme de 235 millions sera payable à la clôture de la transaction.

Le paiement se fera par une émission de nouvelles actions de Fiera et un paiement en espèces, alors qu'un solde de 74,5 millions sera remboursable au cours des deux prochaines années. La Banque Nationale détiendra 35% des actions de Fiera et haussera sa participation à 40% au cours des prochaines années.

Jean-Guy Desjardins et la direction de Fiera détiendront 28% des actions du groupe. Mais par l'entremise des actions avec droits multiples, ils conserveront la majorité des votes.

Enfin, le Mouvement Desjardins va détenir 11% des actions de la nouvelle entité. Le public détiendra le solde des 21% d'actions restantes.

Fiera deviendra donc le manufacturier de fonds communs de la Banque Nationale et du Mouvement Desjardins, mais Jean-Guy Desjardins assure que ce ne seront pas les mêmes équipes qui vont gérer les fonds de même catégorie de chacune des institutions.

André Chapleau, du Mouvement Desjardins, souligne que Fiera gère environ 4,5 milliards des 25 milliards d'actifs de fonds communs de l'institution. «Ils sont l'une des équipes de gestionnaires qui servent à fabriquer les fonds de fonds que l'on offre à nos sociétaires», précise-t-il.

La fusion de deux firmes de gestion montréalaises va entraîner une certaine rationalisation. Les effectifs de 240 employés des deux firmes vont être ramenés à 200 personnes, tandis que 10 des 90 spécialistes de la gestion de Fiera-Natcan vont être redéployés au sein des équipes de gestionnaires de la Banque Nationale.