Quand le ministre Raymond Bachand aura fini de sauver (ou pas) le Grand Prix du Canada, il serait bien qu'il passe un coup de fil aux dirigeants de la Régie des installations olympiques (RIO) pour s'assurer qu'ils mesurent bien l'absurdité de la situation dans laquelle se trouve présentement l'Impact de Montréal.

L'Impact, on le sait, s'est qualifié mardi pour les quarts de finale de la Ligue des champions de la CONCACAF. Petit hic: le match prévu à Montréal doit avoir lieu entre le 24 et le 26 février - pas exactement le meilleur moment de l'année pour jouer dehors en culottes courtes.

Disputer la partie au Stade olympique serait la solution évidente. Sauf que l'aire de jeu de notre Grand Bol national est fermée du 1er décembre au 31 mars, comme chaque année depuis la Grande Déchirure du Toit Birdair, en 1999.

Le vice-président de l'Impact, Richard Legendre, se réjouit de ce que la RIO n'ait pas opposé de «non catégorique» jusqu'ici à la possibilité de faire une exception pour l'Impact. Mais on ne sent guère d'enthousiasme de la part de l'organisme gouvernemental, qui invoque des motifs de sécurité publique pour maintenir en vigueur l'interdit.

Passons sur le fait que la déchirure ne s'est jamais reproduite en près d'une décennie, que l'accumulation de la neige sur le toit du stade est maintenant suivie de beaucoup plus près qu'autrefois et qu'il est possible de faire fondre la neige après une tempête.

Le fait est que l'Impact est prêt à reporter le match de 24 heures si une tempête devait malencontreusement s'abattre sur Montréal le jour de la partie. Des précédents existent: des matchs de la Ligue des champions ont été décalés, cet automne, dans les Caraïbes, en raison des ouragans Gustav et Ike. «S'il faut donner des noms à nos tempêtes, on va le faire», blague M. Legendre.

Disons-le crûment: le Stade olympique est la seule option à Montréal en février, à moins de jouer le match à huis clos dans un terrain intérieur comme le Soccerplexe Catalogna - un non-sens. Sinon, il faudra aller à Toronto. Autre non-sens. «Notre plan A est le Stade olympique et notre plan B... le Stade olympique», dit M. Legendre en ne plaisantant qu'à moitié cette fois.

Une saison extraordinaire

«Jouer au Stade olympique plutôt qu'à Toronto est très important, parce qu'on sent que les gens commencent vraiment à se sentir partie de l'équipe. Il y a un élan. Il faut jouer ici», a dit de son côté le président de l'équipe, Joey Saputo, lors d'une rencontre avec la presse au cours de laquelle il a fait le bilan d'une saison qu'il a qualifiée de «plus excitante et extraordinaire» de l'histoire de l'Impact.

Vrai que ça a été une année extraordinaire, même si l'Impact a échoué dans sa tentative de remporter un troisième championnat de ligue, après ceux de 1994 et 2004.

Extraordinaire parce que l'Impact a emménagé dans sa nouvelle maison, le sympathique Stade Saputo.

Extraordinaire à cause de la remontée spectaculaire à compter du mois d'août: partie des bas-fonds du classement de la USL, l'équipe, malgré un calendrier hyperchargé (21 matchs en 60 jours!) a réussi à terminer la saison régulière au troisième rang, avant de s'incliner en demi-finale devant les Whitecaps de Vancouver.

Extraordinaire aussi, et surtout, en raison des succès de la formation de l'entraîneur John Limniatis à l'extérieur de la USL. Sortir gagnante du championnat canadien, alors que tout le monde s'attendait à une victoire du Toronto FC, était déjà un exploit en soi. Mais se qualifier pour les quarts de finale de la Ligue des champions de la CONCACAF, sans perdre un seul match au passage, c'était franchement inespéré.

«Après cette saison, on ne pourra jamais plus mettre en doute les qualités techniques et tactiques du soccer montréalais et québécois, les compétences de nos entraîneurs ou le talent de nos joueurs vis-à-vis de ce qui se fait ailleurs, a dit Joey Saputo. L'année 2008 nous a démontré que le soccer peut être plus populaire ailleurs, mais qu'il n'est pas nécessairement meilleur.»

Amen.

Un déficit en attendant la MLS

Avec l'ouverture du Stade Saputo et les déplacements supplémentaires occasionnés par les succès de l'Impact dans la Ligue des Champions, les dépenses de l'équipe ont crû de 60% cette année, pour se chiffrer autour de 5 millions. Les revenus n'ont pas augmenté au même rythme et l'Impact terminera l'année avec un déficit, que Joey Saputo a toutefois bon espoir de résorber au cours des prochaines saisons.

Saputo se croise maintenant les doigts pour que la Major League Soccer inclue Montréal parmi les deux villes qui obtiendront une franchise d'expansion en vue de la saison 2011. «Qu'on ait une équipe de haut niveau ne peut pas nous nuire, je pense.»

Saputo a déjà dit publiquement que la MLS visait trop haut en espérant obtenir 40 millions pour chacune des nouvelles franchises. N'y a-t-il pas un risque que la MLS ne se détourne de Montréal si d'autres promoteurs sont prêts à casquer? Saputo espère que l'attitude de la ligue «changera un peu» et que ses dirigeants privilégieront une organisation qui a fait la preuve de sa stabilité.

On verra bien. Mais disons que l'Impact serait probablement encore plus crédible s'il pouvait être sûr de jouer tous ses matchs locaux dans sa propre ville...