Je ne suis pas du genre à hurler «en français, s'il vous plaît» quand un concurrent de La voix s'époumone en anglais pendant les auditions à l'aveugle.

C'est déjà une étape hyper stressante. Si cette personne se sent plus à l'aise dans la langue de Shakespeare, aucun problème avec ça. Pourvu que le français réapparaisse pendant son parcours, bien sûr.

De toute façon, personne ne gagne La voix en n'offrant que des prestations en anglais. Même Yoan Garneau et Kevin Bazinet, probablement les champions les plus anglophiles de cette télé-crochet, avaient poussé la note en français, respectivement en demi-finales de La voix 2 et de La voix 3.

Hier soir, le passage de Katrina Robert, une chanteuse québécoise originaire de Chelsea, en Outaouais, m'a beaucoup agacé.

La jeune femme de 26 ans était incapable de prononcer une seule phrase complète en français et incapable de décoder le discours enflammé que lui a fait Éric Lapointe. C'était gênant.

Il y a des participants à La voix qui débarquent de Vancouver ou de Winnipeg qui s'expriment mieux en français que «la princesse de la soul». Quand les coachs ont réalisé que Katrina Robert, alias Bella Cat, ne comprenait strictement rien, ils ont tous basculé vers l'anglais. Et nous avons eu droit à une belle rafale de sous-titres.

Oh, elle a été excellente, Katrina Robert, sur Voodoo Woman de Koko Taylor. Probablement la meilleure performance de la soirée. C'est tout de même déprimant de constater que les deux solitudes existent encore au sein de cette génération. Comment peut-on habiter le Québec et ne pas s'intéresser une miette à la langue française? Ça me dépasse.

Ce handicap nuira grandement à Katrina, qui chante pourtant comme Janis Joplin, dans sa progression vers le trophée. Sa coach Lara Fabian devra probablement lui donner des leçons privées de français cinq soirs par semaine.

Trêve de querelles linguistiques, cette cinquième et dernière ronde des auditions à l'aveugle n'a pas été aussi éclatante que celle de la semaine dernière. Le rockeur français Emmanuel Creis, 37 ans, qui a remis le groupe Mr Big sur la carte, n'arrivait pas à la cheville du métalleux Louis-Paul Gauvreau, repêché par Isabelle Boulay l'an passé.

Yann Brassard, 24 ans, de Baie-Saint-Paul, s'est bien débrouillé avec sa reprise de Man in the Mirror de Michael Jackson. Contrairement à sa coach Lara Fabian, je n'ai pas vécu de «moment mystique, avec une connexion là-haut».

Un des doux moments de cette soirée a été le duo qu'a improvisé Lara Fabian avec Cherylyn Toca, 27 ans, sur Je t'aime. C'était émouvant. Et avez-vous remarqué à quel point le français de Cherylyn, née de parents philippins, était impeccable?

Je ne gagerais pas un vieux deux dollars sur les chances de la chancelante Sabrina Ramos, 34 ans, qui a refait Amoureuse de Véronique Sanson. Désolé, mais c'est clair qu'elle ne traversera pas l'étape des duels, qui s'amorcent dimanche.

Les VanWho, Samuel Babineau et Élisabeth Alain que nous avons vus hier ont été bien corrects, sans toutefois nous procurer de gros frissons d'émotion.

Maintenant que toutes les formations ont été complétées, place aux pronostics. Sur papier, l'équipe d'Alex Nevsky m'apparaît comme la plus forte, notamment grâce à l'épatante Cherry Lena, la candidate qui a le plus de potentiel pour se faufiler en grande finale. Ce n'est certainement pas le rappeur Mario Cyr qui fera triompher Alex Nevsky.

Dans le camp de Garou, Karine Labelle, Samuel Jean et Sami Chaouki s'annoncent comme des compétiteurs intéressants.

La formation d'Éric Lapointe semble la plus faible avec peu de gros canons qui ressortent. Je consultais hier les fiches de chacun des joueurs d'Éric Lapointe et aucune performance mémorable ne me revenait en tête.

Chez Lara Fabian, beaucoup de diversité : Redgee, Jean-Alexandre Boisclair et Katrina Robert sortent du lot. Il ne leur reste maintenant qu'à se transformer en rayon laser, qui sort d'un prisme, qui passe par toutes les couleurs de la lumière pour établir une ligne directe avec le bon Dieu, et ça sera dans le sac.