Honnêtement, avec le retour d'une pointure du calibre de Paul Arcand à TVA, je m'attendais à ce que son premier invité de Conversation secrète secoue nos téléviseurs avec des révélations fracassantes.

Un Serge Thériault qui a disparu des écrans radar et dont la santé inquiète. Un Guy Cloutier qui accorde sa première entrevue de fond depuis son arrestation, il y a 13 ans. Bref, un incontournable, une personnalité qui créerait l'événement, qui nous collerait au petit écran pendant 60 minutes.

Carole Devault, l'espionne honnie du FLQ, ne possède pas ce facteur «wow, quelle prise incroyable». Ma collègue Isabelle Hachey a d'ailleurs longuement interrogé la Mata Hari du Québec en 2010 pour souligner les 30 ans de la crise d'Octobre. Ce n'est donc pas un silence de 40 ans que Carole Devault a brisé hier.

Paul Arcand a travaillé fort pour extraire des infos exclusives à l'ancienne maîtresse de Jacques Parizeau. Rien n'a toutefois ébranlé la version des faits qui roule depuis plusieurs décennies déjà.

Le résultat de cet entretien a été décevant, je trouve. Ça ne me fait pas plaisir de l'écrire, car j'adore et respecte Paul Arcand, le roi des ondes matinales.

Cette Conversation secrète, qui a suscité des attentes énormes, a manqué de croustillant, de propos juteux. Carole Devault, nom de code Poupette, semblait parfois confuse dans ses réponses. Son explication à propos de la dynamite déposée dans la ruelle à l'angle de Papineau et Mont-Royal a duré une éternité. Et quand le premier épisode s'est conclu, on s'est tous un peu demandé : tout ce tapage médiatique pour des résultats aussi minces?

Par contre, il faut souligner l'audace de TVA de présenter, en pleine guerre des cotes d'écoute du dimanche, un produit plus pointu, qui s'éloigne des concours de chant et des confessions de vedettes habituelles.

À la base, le format de Conversation secrète, emprunté à la télé française, est super intéressant. Un des moments forts d'hier? Quand Carole Devault a pénétré dans l'appartement du Mile End où elle rédigeait les communiqués de presse du FLQ. La visite des lieux a refait remonter à la surface des émotions brutes que le meilleur des intervieweurs n'arrivera jamais à obtenir avec des questions, aussi pertinentes puissent-elles être.

À quelques reprises, la mécanique greffée autour de Paul Arcand paraissait lourde. Est-ce nécessaire d'utiliser autant de gadgets pour capter des échanges dans un parc ou à un jet de pierre du palais de justice de Montréal?

Oui, le concept de Conversation secrète impose que l'invité ne détecte jamais les caméras, d'où les efforts déployés pour filmer très loin de l'animateur, quasiment dans les buissons. C'est précisément là qu'on sentait la technique pesante et que c'était moins réussi.

Du côté de la Voix junior

La deuxième saison de la télé-crochet de TVA a décollé de façon fort sympathique hier soir avec l'entrée en scène de plusieurs chanteurs aux influences bigarrées. Jazz, hip-hop, soul ou pop latine (impossible d'échapper à Despacito), les 12 prestations comprises dans les deux heures d'émission ont couvert énormément de territoire musical.

Il faut être cynique - ou mort à l'intérieur - pour ne pas être touché par ces enfants qui se jettent, sans filet, dans la gueule du loup.

Hier, les commentaires des trois juges ont été plus nuancés et moins inutilement dithyrambiques que la saison dernière. Belle amélioration.

Beaucoup de jolies surprises ont ponctué le retour de La voix junior, dont la présence de la joueuse de tennis québécoise Françoise Abanda (on l'aime!), de même que les mots d'encouragement préenregistrés de Kelly Clarkson et de will.i.am des Black Eyed Peas.

Marie-Mai et Alex Nevsky se sont même affrontés dans une bataille de rap - sur Lose Yourself d'Eminem - pour charmer la fan de hip-hop Sydney Lallier, 10 ans, de Granby. C'est hallucinant à quel point Marie-Mai connaît les paroles de toutes les chansons. Une véritable machine à karaoké professionnelle.

Charles Lafortune a vraiment le tour avec les enfants. Il trouve toujours le ton juste pour s'adresser à eux, sans les infantiliser ni les regarder de haut. Maripier Morin montre le même type d'empathie dans l'antichambre et on dirait que ses interventions ont été raccourcies.

Le problème avec une franchise comme La voix, c'est que ça devient vite répétitif. On vient à peine de conclure La voix adulte que l'on se rembarque dans le même manège.

Heureusement, l'équipe de La voix repêche toujours des perles. Le tout dernier numéro de l'émission a atteint des sommets d'émotion alors que Sylia, 14 ans, de Laval, une interprète non voyante, a entonné la pièce Aimer, puisée dans la comédie musicale Roméo et Juliette.

Marie-Mai et Marc Dupré ont eu les yeux dans l'eau. Cette Sylia nous a donné une belle leçon de courage et de résilience.