Votre beau programme navigue en eau trouble, et ce n'est vraiment pas un scénario qui avait été imaginé, au départ, par Radio-Canada ou sa reine de la «variétoche».

Le dernier épisode a même glissé sous la barre des 500 000 avec une cote d'écoute évaluée à 462 000 fidèles. Pour une star du calibre de Véronique Cloutier, c'est peu.

Comment expliquer ces chiffres décevants? J'ai attendu quelques semaines avant d'analyser et de décortiquer à nouveau Votre beau programme, le temps que cette nouveauté de la SRC s'ajuste, se peaufine.

Premier constat : la greffe avec le coanimateur Jean-Sébastien Girard, qui est hilarant à La soirée est (encore) jeune au 95,1 FM, ne prend pas. À Votre beau programme, Girard perd tout son mordant et son acidité, qui font de lui un joueur étoile aux côtés de Jean-Philippe Wauthier, Olivier Niquet et Fred Savard.

Le plateau scintillant de Véro n'est pas l'endroit pour tomber dans l'humour bitch

Imaginez si Jean-Sébastien Girard lâchait un gag caustique après un segment émouvant où un papa cancéreux venait de chanter en duo avec son ado. Le frette en studio se ressentirait jusqu'à Cayo Coco.

Et les interventions entre Véro et son acolyte sont tellement scriptées qu'il n'y a aucune place pour l'improvisation et la spontanéité, deux grandes forces de Girard à la radio.

On dirait que la production ne sait plus comment utiliser Jean-Sébastien Girard et l'intégrer au monde plus pailleté de Véronique Cloutier. Fais ci, non, fais ça. Sois comme ci, non, sois comme ça. Les mariages forcés durent rarement longtemps.

Deuxième observation : en investissant diverses plateformes, Véronique Cloutier a dilué sa «marque de commerce» et amoindri sa force d'impact. Elle possède son magazine, lance des collections de vêtements à L'Aubainerie et promène son spectacle humoristique Les Morissette partout au Québec.

Jusqu'à tout récemment, Véro pilotait une émission quotidienne à Rythme-FM, sans oublier les centaines de milliers de fans qui la suivent sur Twitter, Facebook ou Instagram. Même après son départ des Enfants de la télé, la blonde animatrice n'a jamais disparu de la sphère médiatique. 

Pas étonnant que son «grand retour» à la télé traditionnelle n'ait pas frappé aussi fort que prévu. On n'a pas eu beaucoup de temps pour s'ennuyer : Véro était partout.

Troisième point : Votre beau programme a connu un faux départ duquel il n'a jamais pu se relever. Concept brouillon et ruptures de ton : plusieurs téléphages, perdus dans ce magma de genres et d'influences (Deuxième chance, Prière de ne pas envoyer de fleurs), ont abandonné le show de Véro et n'y sont jamais revenus, malgré les améliorations apportées.

Car dans les dernières semaines, l'équipe a concocté des numéros époustouflants, dont celui des auditions de cinéma avec Éric Bruneau, de la tournée de promotion express avec Jean-Michel Anctil et de la fête en accéléré d'Antoine Bertrand. Là-dessus, chapeau. Véronique Cloutier nage dans cet environnement comique comme un poisson dans l'eau.

Quatrième constatation : le direct ne sert pas énormément Votre beau programme, surtout pendant les interventions de la maîtresse de cérémonie avec le «vrai monde», peu habitué aux caméras. Un montage serré éradiquerait ces flottements et éviterait également à Véro de toujours courir après son chronomètre.

La case horaire du mercredi à 21 h, traditionnellement occupée par des séries de fiction, n'est pas le meilleur endroit pour déposer 60 minutes de comédies musicales, de segments touchants et de parodies rigolotes (allô, La barmaid est dans le pré).

Cinquième et dernière remarque : produire Votre beau programme toutes les semaines exige une énergie d'enfer et des idées à l'infini. L'équipe de KOTV a peut-être sous-estimé cette colossale charge de travail. 

Il ne reste que trois émissions au calendrier et on sent un essoufflement. Le dernier épisode n'a pas été le meilleur, loin de là.

On ne sait pas trop pourquoi Hélène Bourgeois Leclerc n'a pas eu droit à un numéro musical comme Jean-Philippe Wauthier ou à un long sketch comme Guylaine Tremblay. L'actrice de District 31 a répondu à quelques questions et a quitté le plateau sans avoir de surprise.

Véronique, on t'aime beaucoup, mais on se serait passé du tour de chant de la maman de Jean-Sébastien (même si elle est adorable).

Chiffrier de la télé

Encore des cotes d'écoute impressionnantes pour En direct de l'univers, dont l'émission spéciale de 90 minutes sur L'auberge du chien noir a été vue par 958 000 personnes samedi soir. Deuxième chance a profité de l'effet d'entraînement avec 680 000 accros.

Dimanche, La voix (2 055 000) a dominé tous ses concurrents, dont Tout le monde en parle (869 000) et le hockey du Canadien chez RDS (595 000).