Moins de prothèses en latex, moins de références à la culture pop ou au showbiz québécois et moins de bling-bling. Moins de gros fun, aussi. Et moins d'éclats de rires, malheureusement.

La force de frappe d'un Bye bye s'évalue au nombre de sketches que le téléspectateur a le goût de se repasser en boucle après une première écoute. Il n'y en a pas eu des tonnes le soir du 31 décembre à Radio-Canada, à part Les dragons, où Anne Dorval a été sublime en Danièle Henkel et où le propos sur la vente de fleurons de l'entrepreneuriat québécois grafignait là où ça fait (encore) mal.

Premier constat : Anne Dorval a volé la vedette de la populaire revue bricolée par la bande de Simon Olivier Fecteau. L'actrice ne se disait pas imitatrice ? Rien de plus faux. Elle a été parfaite en Lise Payette dans Les vieux prennent la parole. Elle a été rigolote en Melania Trump et très juste en France Beaudoin dans En direct de Céline, où la diva de Charlemagne, campée par Véronique Claveau, était déchaînée - et pas si loin de la réalité.

Ce Bye bye 2016, dénudé d'effets spéciaux, tranchait avec ceux de RBO et de la troupe de Louis Morissette, plus tonitruants, plus extravagants et plus « rentre dedans ». Mais quand on enlève tous les artifices d'une émission, il faut s'assurer que le contenu soit béton, ce qui n'a pas toujours été le cas.

Par exemple, le segment sur les pitbulls, que l'on croyait tourné à Hérouxville, n'a pas touché la cible. Même chose pour le 375e anniversaire de Montréal : le gag sur les cyclistes dangereux, ça va, pas besoin de le repasser cinq fois.

D'ailleurs, pourquoi toutes ces répétitions tout au long de la soirée ? Une fois, le sketch de l'école de chant de Sophie Grégoire fonctionnait très bien. Trois fois, c'était aussi redondant que la mauvaise publicité des Plaisirs gastronomiques. Constat identique pour le Centre Vidéautron : on le sait, il est vide, on passe à un autre appel, merci.

Les auteurs du Bye bye 2016 ont tiré sur la gauche, sur la droite, sur Uber, sur les taxis, sur le PLQ et sur le PQ. Personne ne les accusera de favoritisme. Il manquait toutefois de mordant dans le scénario. 

Ç'aurait pu égratigner davantage. Et pas seulement sur La voix junior ou sur Éric Salvail, l'homme « vide de contenu », des cibles assez faciles. Justin Trudeau en Mary Poppins s'en est bien tiré. Philippe Couillard aussi.

Bien aimé Le trône du PQ, qui racontait la saga Péladeau-Snyder sous forme de vengeance, de trahison et d'exécution. Sobre et réaliste, la vignette sur les CHSLD a fait rire jaune, car elle montrait quasiment un futur pas si lointain.

Parmi les autres bons coups, notons l'imitation de Mike Ward par Patrice L'Ecuyer, les fausses pubs d'Apple et de Samsung ainsi que le faux film sur la génération Y. Bon flash, aussi, pour la chanson Si j'étais un homme accolée à Hillary Clinton. Et l'ouverture sur Donald Trump (très bon Marc Labrèche) ressemblait à s'y méprendre à une édition de Saturday Night Live.

Même s'il s'écarte du sketch et des perruques dans Info, sexe et mensonges, ça faisait vraiment du bien de revoir Marc Labrèche en Janette Bertrand, en Jean-François Lisée ou en Winston McQuade de Gretchen & Scratch. Sa douce folie nous manque.

Du côté des trucs à oublier, la commission sur l'espionnage (fade), la chanson du départ de P.K. Subban (bof) et la parodie des Recettes pompettes, qui goûtait le réchauffé.

Pas certain que l'on se souviendra longtemps du Bye bye 2016. Il restera dans le grand livre de la télé québécoise comme un Bye bye de transition qui nous amènera, on l'espère, vers quelque chose de plus corsé et de plus drôle. Car rire, c'est ce qu'on veut tous faire pendant un Bye bye, non ?

PHOTO FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Véronique Claveau a de nouveau offert son imitation de Céline Dion dans un segment intitulé En direct de Céline.

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Justin Trudeau, imité par Patrice L'Ecuyer, s'en est bien tiré, estime notre chroniqueur.