Il régnait une ambiance quasi funéraire sur le plateau de RDI, tard mardi soir, alors que la victoire du président Donald Trump - faudra s'habituer à ce titre - se construisait État clé par État clé, comté par comté.

La Floride a basculé du côté des républicains vers 23 h 20, et le panel chauffé par Patrice Roy avait la mine encore plus basse. Il y a même eu un instant où on a senti un découragement total devant ce qui paraissait inimaginable il y a quelques jours: l'élection d'un milliardaire raciste, sexiste et populiste.

Sur nos écrans, les visages déconfits des «têtes parlantes» illustraient pourtant précisément l'immense fossé qui sépare la classe médiatique et la majorité dite «silencieuse», écoeurée par l'establishment qui «décide de ce qui est bon à sa place».

Les analystes et journalistes n'arrivent plus à se brancher sur cette classe ouvrière, le fameux vrai monde, qui file également entre les doigts de tous les sondeurs. Il y a ceux qui parlent dans les journaux ou à la radio publique ainsi que leurs disciples. Et il y a ceux qui ne leur accordent plus aucune crédibilité et qui ne croient plus aux promesses de l'élite politique d'améliorer leur sort. Deux univers aux antipodes.

À CNN, où John King obsédait sur le plus minuscule bureau de scrutin au fin fond du Michigan, il manquait ce volet analytique plus étoffé, je trouve. D'où proviennent cette colère et ce ras-le-bol qui se sont aussi manifestés par le Brexit? Si des millions d'Américains et d'Américaines élisent Donald Trump, ou votent contre Hillary Clinton, selon le point de vue, c'est qu'il existe un malaise profond, une fracture importante dans ce pays. Aidez-nous à comprendre tout ça, s'il vous plaît. Encaissez le choc, sortez de votre torpeur et lâchez vos maudits chiffres pendant deux secondes, OK?

Sur les ondes de NBC ou d'ABC, quand la couverture nationale cédait l'antenne au segment régional, c'était gênant d'amateurisme. Le décalage était gigantesque entre les moyens impressionnants des grands réseaux et ceux, infiniment modestes, des stations locales, qui diffusaient quasiment de leur sous-sol.

En français, cette course à la présidence a été suivie de près par les Québécois. Entre 20 h et 2 h, 287 000 personnes ont syntonisé RDI, chiffre auquel il faut ajouter 102 000 téléspectateurs qui se sont branchés à la SRC entre 23 h et 2 h. Chez le rival, une audience de 280 000 curieux a été mesurée entre 18 h 30 et 2 h sur LCN, moyenne à laquelle il faut greffer les 248 000 adeptes qui ont choisi TVA entre 22 h 20 et 2 h.

En excluant District 31 (943 000), les cotes d'écoute des téléséries ont toutes écopé mardi soir. Unité 9 (1 424 000), Mémoires vives (671 000) et O' (867 000) ont offert une performance moindre. Il faut dire qu'il y avait également du hockey du Canadien, qui a rabattu 691 000 fans du côté de RDS.

Pour clore sur les élections américaines, une vidéo de l'analyste Rafael Jacob a abondamment circulé hier. En entrevue avec Patrice Roy il y a un mois, ce chercheur associé à l'Observatoire des États-Unis de la Chaire Raoul Dandurand de l'UQAM s'était engagé, en cas de victoire de Trump, à «ne jamais intervenir de nouveau dans les médias sur les élections américaines».

Eh bien, il n'y a pas que les politiciens qui virent capot. À 11 h 45 hier, Rafael Jacob décortiquait les résultats finaux au micro de Michel C. Auger à Midi info sur les ondes de la radio de Radio-Canada. Il est aussi revenu sur sa déclaration-choc au Téléjournal de Patrice Roy à 18 h.

Être réaliste, juste ça

Quelques lecteurs ont interprété ma chronique sur La voix junior de mardi comme une invitation aux coachs à ouvrir les valves sur les remarques assassines envers les enfants.

Un instant, ici. Ce n'est pas du tout ce que je pense. Je demande simplement à Marc Dupré, Alex Nevsky et Marie Mai d'arrêter d'en beurrer quatre couches d'épais quand ce n'est pas nécessaire. Que Marie Mai dise qu'elle jalouse la voix d'une gamine de 11 ans qui vient d'être éliminée, ce n'est pas crédible, désolé.

Par exemple, si Pierre Foglia me disait qu'il aimerait tellement ça écrire comme moi, de façon aussi élégante, raffinée, intelligente et qu'il enviait la robustesse de ma plume, je lui répondrais assurément: «Crisse, as-tu fumé du crack, vieux bonhomme?» Il faut savoir être réaliste dans la vie. C'est tout.