Ils ont été mignons tout plein, les mini-candidats de La voix junior, dimanche soir. Et talentueux, aussi.

Ils ont joué du piano, de la harpe et de la guitare. Ils ont poussé la note en français, en anglais et en espagnol. Leurs univers musicaux, hyper variés, ont valsé entre la musique celtique, l'opéra et la pop bonbon de Shawn Mendes. Ces jeunes de 7 à 14 ans nous ont également servi des classiques du répertoire québécois, dont Angela de Gerry Boulet et Le retour de Don Quichotte de Michel Rivard, alors qu'on s'attendait plus, avouons-le, à les entendre s'époumoner sur du Rihanna.

Lors de cette première ronde d'auditions à l'aveugle, neuf des douze concurrents ont heureusement été repêchés par les trois coachs. Heureusement, parce que les immenses sourires ont été plus nombreux que les larmes.

Le rejet ou la non-sélection des futures stars représente la portion la plus délicate de La voix junior. Impossible de ne pas ressentir un pincement au coeur dimanche en apercevant le visage défait de l'énergique Jordan Turcotte-Meunier, 12 ans, le fan d'Elvis qui habite Vaudreuil-Dorion. Pauvre petit loup.

Même quand une compétitrice pleure de joie, comme la blondinette Juliette Huot, 10 ans, sauvée à la dernière seconde par Alex Nevsky, ça nous serre la poitrine.

Évidemment, les coachs passent rapidement en mode câlin extrême (duo avec Mathilde, rappel pour Jordan) pour adoucir les échecs. Ça demeure tout de même une importante déception à gérer pour ces petites stars qui n'ont vu aucun des fauteuils rouges pivoter.

Et c'est beaucoup de stress à encaisser pour un gamin, qui sait que près de 2 millions de personnes le regarderont. Déjà, on leur fait miroiter le Centre Bell et le Centre Vidéotron.

L'encadrement serré qui prévaut à La voix junior empêche toutefois l'émission de sombrer dans le chagrin et la désillusion. 

L'animateur Charles Lafortune, qui s'est longtemps entraîné à L'école des fans, adopte toujours le ton juste, jamais gnangnan. Installée dans l'antichambre, Maripier Morin se montre tout aussi rassurante en donnant la dernière petite tape dans le dos avant de pousser la lourde porte du studio.

C'était fascinant de voir à quel point les participants de dimanche s'exprimaient bien à la caméra, mieux que bien des commentateurs sportifs qui meublent le paysage télévisuel depuis des années.

La petite cantatrice Annabelle Huot, 9 ans, de Québec, a été tout simplement craquante avec ses lulus et son aisance naturelle sur scène. C'est elle qui a interprété du Puccini. Elle a opté pour Marc Dupré, parce qu'elle le trouve beau.

Le meilleur de la soirée a sans aucun doute été le sportif Charles Bernard, de Québec, 14 ans, qui a repris de façon très originale Dancing On My Own de Robyn.

Alex Nevsky, vêtu d'un joli complet couleur saumon, paraissait moins à l'aise sur le plateau que ses deux collègues Marie Mai et Marc Dupré, qui en connaissaient toutes les mécaniques de séduction.

Par contre, la pièce qu'Alex Nevsky a pondue expressément pour l'émission colle parfaitement au concept, qui met l'accent sur le plaisir de chanter. 

Avec ses oh! et ses ah! c'est évident que tous les enfants du Québec fredonneront Nous chanterons d'ici quelques jours. Un bon ver d'oreille.

J'ai suivi assidûment toutes les éditions «adultes» de La voix, mais je ne suis pas certain d'embarquer à fond dans La voix junior. D'abord, parce qu'il n'y a aucune chance que j'achète un disque de Leticia Jimenez ou de Brenden MacGowan, aussi épatants puissent-ils être.

Ensuite, ce n'est tellement pas évident de juger des enfants que ça provoque des malaises. Personne ne veut être celui ou celle qui va détruire le rêve d'un préado. C'est comme marcher constamment sur un plancher fabriqué en coquilles d'oeufs.

Finalement, parce que ça commence à faire beaucoup de La voix en une courte période de temps. La voix «régulière» reprendra les ondes de TVA en janvier 2017, ce qui nous laisse très peu de temps pour nous ennuyer des boutons rouges que l'on enfonce.

En fin de parcours, Star académie s'accordait de longues pauses - entre 2005 et 2009, puis entre 2009 et 2012 - pour ne pas brûler son concept et permettre au bassin de talent de se régénérer.

En cordant les saisons de La voix de façon aussi serrée, il y a danger d'épuiser cette lucrative franchise et d'en lasser les téléspectateurs. Tension, attention, chanterait sûrement Daniel Lavoie.