Le combat se termine lundi soir avec la diffusion des grandes finales des Jeunes loups et des Pays d'en haut. Le chien sale à Séraphin Poudrier a gagné le bras de fer, et la colonisation du Nord se poursuivra l'an prochain à Radio-Canada, tandis que Claudie St-Laurent et Maripier Renaud publient leur dernier numéro du Matin à TVA, qui n'a pas renouvelé son abonnement pour une troisième saison.

Heureusement, la fin des Jeunes loups n'est pas ouverte. Même que ça se termine de façon assez cynique, sans rien divulgâcher, alors que la punkette rousse Maripier (Catherine Bérubé) se retrouve à coucher avec le pouvoir, elle qui a si longtemps dénoncé l'acoquinement entre les médias et la sphère politique. Joli revirement de situation.

Par le truchement de la grande enquête sur les langues coupées du reporter Marc Quenneville (Luc Picard), la deuxième saison des Jeunes loups a lourdement insisté sur les ratés de l'appareil judiciaire québécois, sur les « bandits » protégés par la Charte des droits et libertés et sur l'incompétence des procureurs de la Couronne, incapables d'emprisonner tous les « crottés » qui grouillent en ville.

Dans chacun des 10 épisodes, tel un mantra bouddhiste, un des personnages de Réjean Tremblay a balancé une réplique super appuyée, qui relayait ce ras-le-bol « du monde ordinaire » envers le laxisme des tribunaux. L'effet Guy Turcotte s'est clairement faufilé dans le scénario.

« Ils n'ont pas été acquittés parce qu'ils sont innocents, vous le savez très bien », dira même un juge respecté dans l'épisode de lundi. Maudit système détraqué. Ce filon était intéressant. Son traitement, un peu moins.

Les jeunes loups a suivi des journalistes affamés, acharnés et assoiffés de vérité. Cette représentation un brin romantique du métier demeure extrêmement pertinente, surtout en cette période d'instabilité où les grands médias en arrachent.

Il en faut des Marc Quenneville, des Amélie Castonguay (Isabelle Guérard) et des Philippe St-Pierre (Danny Gilmore), qui sont prêts à se salir les mains pour déterrer des scandales. Sinon, qui le fera ?

La télésérie de Réjean Tremblay, que j'ai suivie de la première à la dernière seconde, aurait pu être dépouillée de remarques salaces inutiles comme celle-ci, que Réjean Tremblay fait dire à son boxeur vedette : « S'il fallait que chaque gars qui se fait sucer un samedi soir passe à la télé, y'aurait plus de place pour le hockey. » Hep pelaille. Pas nécessaire, non plus, de parler de la « grosseur des queues » des personnages.

S'il y avait eu un troisième chapitre des Jeunes loups, c'est évident, les jeunes footballeurs endoctrinés par le préparateur physique français (Laurent Lucas) seraient partis combattre le groupe État islamique en Syrie. Tout convergeait vers ce dénouement.

Dans Les pays d'en haut, l'acteur Vincent Leclerc, alias Séraphin, demeure la grande révélation de ce remake réussi de l'oeuvre de Claude-Henri Grignon. Attendez de voir l'étendue de son jeu tout en nuances lundi soir, c'est spectaculaire. Son Séraphin y est attendrissant et émouvant, tout en étant parfaitement vil et odieux. Ça sent les prix Gémeaux pour ce comédien doué, foi de Nostradumas.

À Sainte-Adèle, Séraphin Poudrier serre dans ses griffes la famille Laloge, qui commence à étouffer sérieusement. Le père (Julien Poulin) est ruiné. Le déshonneur accable la farouche Donalda (Sarah-Jeanne Labrosse). Et Bidou (Rémi-Pierre Paquin) lutte pour sa vie après l'échange de coups de feu avec les Irlandais.

Ce 10e et dernier épisode de la série, même s'il se déroule en 1886, a des échos très contemporains. Il y sera question de corruption à l'hôtel de ville, de fausses factures et de détournements de fonds. Comme quoi les bonnes vieilles habitudes ne se perdent pas dans le monde municipal.

La descente aux enfers du coroner Jérôme Marignon (Alexis Lefebvre), à qui on ne souhaite tellement pas de mal, pauvre lui, se poursuivra. Le Dr John Thackery (Clive Owen) de The Knick et lui ont plusieurs points en commun, semble-t-il.

La richesse des Pays d'en haut réside dans ses nombreux personnages secondaires, souvent plus intéressants que Donalda et Alexis (Maxime Le Flaguais). Mes préférés ? Les très intenses Jos et Caroline Malterre, interprétés par Claude Despins et Anne-Élisabeth Bossé, de même que les deux fraîches du village, Délima Poudrier (Julie Le Breton) et Angélique Pothier (Madeleine Péloquin).

Lundi soir, un meurtre sera commis à Sainte-Adèle et l'auteur Gilles Desjardins résoudra enfin le mystère du café d'avoine empoisonné, qui traînait depuis trop longtemps.

Ah oui, sans dévoiler de punch, il y aura également une scène explosive chez Séraphin et il ne s'agira pas d'un « boom lié à la colonisation.

PHOTO IVANOH DEMERS, archives LA PRESSE

Vincent Leclerc, alias Séraphin, offre une prestation de haut niveau dans Les pays d’en haut.