Soirée peinarde - et sans gros coup de coeur - à La voix dimanche soir. Ça serait surprenant que le futur Kevin Bazinet ou la prochaine Valérie Carpentier se cache parmi les 14 candidats qui ont foulé la scène des studios Mel's.

Dix de ces concurrents de la télé-crochet de TVA ont d'ailleurs été recrutés dimanche. Un taux d'efficacité de 71 %, légèrement inférieur à celui de la semaine dernière (75 %), lorsque 9 des 12 aspirants ont été propulsés à l'étape suivante.

Le chanteur le plus électrisant de cette émission de deux heures a été Jonny Arsenault, 24 ans, alias le Robert Plant de Carleton-sur-Mer, en Gaspésie. La couleur de sa voix, de type rock d'aréna des années 80, ressemble énormément à celle du talentueux Rémi Chassé de la formation de Louis-Jean Cormier en 2014.

Jonny, chauffeur d'autobus, filera-t-il à pleins gaz sur l'autoroute du succès (scusez-la) ? N'oublions pas que La voix n'a jamais couronné de rockeur au sens pur et dur du terme.

Soran Dussaigne, 17 ans, a offert la prestation la plus originale de la soirée en sauçant Hotel California des Eagles dans le reggae. Les quatre coachs ont activé leur bouton rouge pour l'ado montréalais, dont la maman est japonaise, et ne l'ont pas regretté en analysant son look cool de jeune hipster.

Question cruciale, ici: Soran Dussaigne possède-t-il l'organe le plus puissant ou le plus rond pour gagner ce concours? Non, malheureusement.

Pour percer dans le showbiz, il faut plus qu'être un «rayon de soleil».

Pas du tout compris l'enthousiasme généralisé envers Rafaëlle Lafrance, 51 ans, de Mont-Saint-Hilaire, qui n'a pas le talent d'une Marianne Faithfull. Primo, les paroles de sa pièce Heart of Stone étaient incompréhensibles dans nos salons.

Ensuite, son histoire personnelle - très triste - nous a été jetée au visage en une poignée de secondes: j'ai mangé des volées, je me suis intoxiquée, j'ai attrapé l'hépatite C, mais là, je suis OK! Un peu de pudeur, s'il vous plaît.

Rafaëlle a opté pour l'équipe de Pierre Lapointe qui, sur papier, m'apparaît la plus faible des quatre à cette étape-ci de la compétition. Éric Lapointe (avec Travis) et Marc Dupré (avec Jonny) disposent d'armes plus fortes pour les duels à venir.

Comme dans presque toutes les rondes d'auditions à l'aveugle de La voix, le premier participant (Yvan) et le dernier (Alexander) ont frappé fort.

Yvan Pedneault, 35 ans, de Sept-Îles, a roulé sa bosse à Toronto dans diverses comédies musicales. C'est Yvan qui a fait sortir à Éric Lapointe sa réplique la plus scriptée de ce deuxième épisode: «C'est un crime d'avoir une voix comme la tienne, je te mettrais en état d'arrestation», a commenté le rockeur multi-bagué.

Alexander Brown, Londonien de 27 ans installé à Montréal, a réussi à ne pas imiter Elvis Presley en interprétant Trouble. C'était bien, mais pas à tout casser.

Nous avons assisté dimanche au repêchage à l'arraché de deux interprètes moyennement convaincantes. Éric Lapointe a d'abord sauvé Marie-Ève Lapierre, 24 ans, du naufrage. Celle qui a chanté J'ai quitté mon île de Daniel Lavoie a bien failli repartir dans son hôtel du Moyen-Orient.

Puis, Ariane Moffatt a attendu la dernière note de Marie-Pierre Leduc, 38 ans, de Valleyfield, pour faire pivoter son gros fauteuil.

Pourtant, cette Marie-Pierre à la voix éraillée, qui a repris Tandem de Vanessa Paradis, avait plus de potentiel qu'une Anick Gagnon, 36 ans, dont la voix cristalline rappelle celle de Valérie Lahaie.

Ryan Kennedy, pilote d'avion et ex-témoin de Jéhovah divorcé deux fois, a mérité le titre de «nouveau Mathieu Holubowski» après sa relecture d'I'm on Fire de Bruce Springsteen.

On a aussi vu dimanche qu'un mauvais choix de chanson pouvait faire couler un compétiteur à pic. C'est ce qui s'est produit avec Brigitte Leblanc, 50 ans, qui a repris Joue-moi du zydeco de Jerry Cormier. Une toune de party, certes, mais aucun coach n'a voulu l'enrôler, ne sachant pas trop quoi faire avec la Madelinienne. Un choix de chanson plus actuel, qui ne l'aurait pas enfermée dans une case étroite, lui aurait sans doute permis d'avancer au deuxième tour.

Finalement, ça m'agace quand les coachs, surtout Marc, Pierre et Ariane, se consultent et complotent pour déterminer qui appuiera sur son bouton et quand. Toi, vas-y! Non, toi, vas-y! Comme s'ils manquaient de confiance en eux. Faites donc comme le loup solitaire Éric Lapointe et fiez-vous à votre instinct. Au diable la complicité. C'est une bataille, La voix. Pas un 5 à 7 du jeudi soir.

photo fournie par OSA Images et TVA

L'équipe de Pierre Lapointe (au centre) est celle qui apparaît la plus faible à ce stade-ci de la compétition, selon notre chroniqueur.