Soirée chargée pour les trois chouchous ultimes du public québécois: Éric Salvail, Guylaine Tremblay et Claude Legault, qui ont chacun remporté dimanche soir deux prix Artis. À eux trois, ces vedettes du petit écran ont donc moissonné 6 des 16 trophées remis sur la scène de la salle Wilfrid-Pelletier, soit 38 % de toute la quincaillerie dorée disponible. Il n'en restait presque plus pour les autres.

Mais, que voulez-vous, le public supporte et chérit ses vedettes comme des membres de sa propre famille. Claude Legault et Guylaine Tremblay, de nouveau sacrés personnalités de l'année à la fin de la cérémonie, ont poursuivi leur fructueuse histoire d'amour avec les téléspectateurs. Claude Legault a été couronné pour 19-2 et Un sur deux, tandis que Guylaine a versé quelques larmes pour Unité 9. Exactement comme l'année dernière. Et l'autre d'avant.

Le double triomphe d'Éric Salvail - en variétés et en talk-show - confirme qu'il a, sur le plan professionnel, bouclé sa meilleure saison depuis qu'il gravite dans le showbiz. Ses derniers projets (Les recettes pompettes, En mode Salvail et Ce soir tout est permis) ont touché le coeur des gens. Il en avait les yeux dans l'eau.

Éric Salvail a également catapulté V dans la cour des grands avec son succès éclatant. Jamais cette jeune chaîne n'a obtenu autant de visibilité et de reconnaissance que depuis l'arrivée du deuxième «king de V», qui a même réussi à battre le grand Charles Lafortune de La voix sur son propre terrain. Faut le faire.

Quelques surprises ont tout de même ponctué cette fête glamour et survoltée, dont le superbe tapis rouge a malheureusement été arrosé d'une froide pluie. D'abord, c'est Marina Orsini, la Suzie Lambert de Lance et compte, qui a brillé dans la catégorie des téléséries, écartant l'habituée Hélène Florent de Toute la vérité. Quelle merveilleuse façon de terminer l'aventure de Lance et compte, a glissé Marina au micro.

Ensuite, le très rigolo Philippe Laprise de Vrak la vie, dont c'était la première récompense, a délogé Yan England de la catégorie jeunesse, où ce dernier régnait depuis quatre ans. Très ému, Philippe Laprise a remercié les professeurs qui l'ont encadré et demandé que cessent les compressions en éducation.

Puis, l'éloquent Guy Nadon (O') a repris la statuette que lui avait chipée Paul Doucet (Unité 9) l'an passé.

L'attachant couple des Beaux malaises, Martin Matte et Julie Le Breton, a été aussi été couvert d'honneurs. Julie Le Breton, qui posait ses mains sur un premier Artis à vie, a été charmante et craquante. Martin Matte a été égal à lui-même: toujours aussi comique et sarcastique. En voilà un qui maîtrise parfaitement l'art de remercier avec esprit et intelligence.

Parmi les autres lauréats, le tableau d'honneur de 2015 ressemble beaucoup à celui de 2014 avec les victoires - prévisibles - de Gino Chouinard (son huitième pour Salut bonjour), Pierre Bruneau (une 17e accolade), Dave Morissette, Guy Jodoin et Denis Lévesque, qui a été touchant en parlant de sa maman.

Ce 30e gala Artis, bien rythmé et quasi hollywoodien, n'a pratiquement pas connu de temps mort. La vignette d'ouverture, bricolée par Les Satiriques (Pierre-Luc Gosselin et Nicholas Savard-L'Herbier), a été géniale. Super flash que de réunir les durs à cuire de la télé, dont Jeanne Biron, Ti-Brin, Lyne la pas fine et Chicoine, pour libérer les gens du public qui avaient été kidnappés.

Tout de suite après, le monologue de Charles Lafortune, livré avec précision, aurait pu être un brin plus corsé et baveux. Ceci dit, le capitaine de La voix a été un hôte impeccable. Pour se venger de Philippe Bond, Charles Lafortune a même divulgué publiquement le numéro de portable de l'animateur des 400 coups!

La présence de 2000 membres du public dans la foule a insufflé un dynamisme contagieux aux célébrations d'hier. Les immenses images des vedettes projetées en arrière-plan étaient magnifiques.

Plusieurs bonnes idées ont jalonné ce gala, dont la craquante présentation de «Camille raconte» pour les affaires publiques, La Tite Voix de François Pérusse, le psy d'Unité 9 et le passage des trois filles de SNL Québec, qui a été le meilleur segment de la soirée.

La grande majorité des discours ont été inspirants. Je pense notamment aux beaux mots que Guylaine Tremblay a eus pour les victimes d'inceste.

Pas certain, par contre, de la pertinence du numéro où Kevin Bazinet a chanté A Sky Full Of Stars de Coldplay. Pourquoi en anglais? Et pourquoi avoir sélectionné les extraits des téléséries où les personnages sacraient aux deux secondes?

Au final, TVA a agrippé 9 des 16 trophées, la SRC en a rapporté deux dans la grande tour (merci Guylou!) tout comme V (merci Éric!), tandis que Vrak en a reçu un. Comme les deux Artis de Claude Legault possèdent la double nationalité (l'acteur a joué dans Un sur deux à TVA et 19-2 à Radio-Canada), je ne les ai attribués à aucun réseau.