Les écrans ont été démontés, les machines à café ont enfin décompressé et quelque 13 000 professionnels de l'industrie de la télé ont déserté hier la Croisette après quatre jours enfermés au MIPCOM, le plus gros pow-wow de l'industrie du petit écran. Maintenant, qu'est-ce qui risque d'apparaître dans nos téléviseurs au cours des prochains mois, après ce remue-méninges de calibre international? Voici huit grandes tendances qui ont beaucoup résonné dans les corridors du Palais des festivals cette semaine.

1- Haro sur la violence faite aux femmes

Plusieurs thrillers d'inspiration nordique montrent, avec des détails explicites, les exploits d'assassins qui attaquent et mutilent de jeunes femmes. Pensons notamment à The Fall avec Gillian Anderson et Jaime Dornan. Assez, c'est assez, a dénoncé, il y a quelques mois, la grande actrice britannique Helen Mirren, outrée que cette violence télévisuelle soit en majorité dirigée vers des personnages féminins.

2- La recherche du superformat

Il n'y a eu aucune émission canon cet automne au MIPCOM. Rien de comparable aux belles années d'énormes franchises comme The Voice, Big Brother, The X Factor ou Got Talent. «Les gros formats achetés il y a dix ans fonctionnent encore très bien», constate Phil King, responsable de la programmation de divertissement et de sport pour CTV. Et l'insuccès de la téléréalité israélienne Rising Star aux États-Unis a forcé les grands réseaux à se questionner au sujet de à ces superformats très coûteux. Bref, le milieu de la télé cherche frénétiquement la prochaine idée de génie... qui n'est pas encore sortie de la bouteille.

3- L'effet Netflix

Netflix tuera-t-il les réseaux traditionnels? Cette entreprise américaine dérange énormément l'industrie des contenus audiovisuels. La puissante chaîne HBO a même annoncé cette semaine, en riposte au modèle web de Netflix, qu'elle permettra l'an prochain à des clients de s'acheter un forfait pour regarder Game of Thrones ou Girls en ligne, sans devoir s'abonner au câble. Quelle excellente idée! Showtime pourrait-il offrir le même accès pour Homeland? On jase.

4- Inclure les téléspectateurs de rattrapage

Quand on dévore nos séries en rafale, après tout le monde, on se sent passablement exclus des séances de twivage en direct. Il y a cependant de l'espoir. En prévision de la seconde saison de Hannibal, le réseau NBC a créé le mot-clic #13HourDevour pour permettre aux retardataires de visionner la première année en bloc, tout en ayant la possibilité de se connecter à la communauté de «fannibals» (c'est leur petit surnom). Une initiative qui fera sûrement des petits.

5- La simplification des outils

Si un consommateur ne retrace pas l'émission qu'il recherche en moins de 60 secondes sur un service de vidéo en ligne, du genre Tou.TV, il se débranchera et ne reviendra probablement plus jamais. D'où l'importance de créer des interfaces de navigation simples et conviviales, qui ne demandent pas 14 clics ou 21 commandes avant d'arriver à destination. Netflix l'a bien compris.

6- Plus de pouvoir aux consommateurs

L'industrie du cinéma, basée sur un modèle d'affaires désuet, en arrache. Cela prend une bonne dose de courage pour s'asseoir dans une immense salle où les trois quarts des ados textent en ingurgitant bruyamment un Coca-Cola format jumbo. Plusieurs cinéphiles paieraient un supplément pour voir des films en primeur dans leur salon, ce que les studios rechignent à offrir. La télé se prête beaucoup à ce cocooning commercial. Les chaînes rendent accessibles leurs téléséries plus rapidement que les films. Et les consommateurs ne rechignent pas à débourser des dollars supplémentaires afin de visionner ces émissions haut de gamme bien calés dans leur sofa.

7- Des téléséries encore meilleures

C'est James Murdoch, grand patron de 21st Century Fox, qui l'a affirmé: avec iTunes et la vidéo sur demande, les nouvelles téléséries ne se battent plus uniquement contre leurs rivales en ondes, mais bien contre toutes les séries qui ont marqué l'âge d'or de la télévision. En effet, pourquoi regarder The Blacklist quand on a accès à Broadchurch, Luther, Sherlock ou The Wire? Conséquence: les créateurs n'ont pas d'autre choix que de toujours être plus allumés, plus inventifs et plus originaux. On les remercie.

8- Les niaiseries ne disparaîtront pas

Je vous ai parlé cette semaine du jeu télévisé Keep My Dog Alive, où le gagnant reçoit un vrai clone de son animal de compagnie. Sur le site internet du tabloïd anglais The Sun, une webémission fait énormément jaser: Man vs. Fly. Le concept est assez débile. Une célébrité, souvent costumée et enfermée dans une pièce aux murs blancs, dispose d'une minute pour tuer une mouche. Ne cherchez pas de revirement quelconque, ce n'est que ça. Un homme ou une femme, une mouche et énormément de temps à perdre. Désespoir.