Prenez une telenovela mexicaine classique, transposez-la dans l'univers violent d'un cartel de la drogue et vous obtenez une narconovela, un concept hybride qui explose actuellement en Amérique du Sud, au Mexique et aux États-Unis.

Ces feuilletons quotidiens qui mélangent dope, romances interdites et crimes crapuleux rivent actuellement des millions d'accros hispanophones à leur poste. Plus «caliente» que ça comme phénomène, c'est la combustion spontanée. 

Exactement comme dans La marraine de Séries+, The Dark Widow (La viuda negra) qui raconte l'histoire vraie de Griselda Blanco, alias la reine de la coca, une Colombienne installée à New York dont le commerce illégal lui rapportait plus de 80 millions par mois dans les années 80.

Autre caractéristique de cette charmante criminelle bisexuelle, mère de trois garçons? Griselda tuait la plupart de ses amants. Mettons que ça donne de la télé volcanique. 

Señora Acero de la chaîne Telemundo reprend une trame similaire. Le jour de son mariage, une jolie coiffeuse de Guadalajara (incarnée par la top-modèle mexicaine Blanca Soto) assiste à l'assassinat de son mari, un policier corrompu que des narcotrafiquants accusent de leur avoir dérobé plus de 3 millions. Pensez-vous que notre belle veuve se voilera de noir et braillera pendant des semaines? Pas du tout. L'épouse se sauvera plutôt avec les 3 millions cachés par son homme et démarrera son propre réseau de vente de cocaïne. «Girl power», diraient les Spice Girls.

Miss Gunpowder de la chaîne Univision (Señorita Polvora, en ondes l'an prochain) met en scène une magnifique jeune mannequin, qui flanche pour un de ces puissants rois de la drogue et qui en pince aussi pour un journaliste idéaliste qui enquête sur les activités dangereuses du cartel. Pas chanceuse la madame, ainsi écartelée entre le bien et le mal. D'autant plus que son papa adoré menait une double vie. ¡Dios mío! Même la religion deviendra dépendante comme le témoignera God's Cartel, une narconovela où un prêtre plonge lui aussi dans la vente de poudre blanche, croyant agir selon la volonté de Dieu!

La «gamification» de la télévision 

La prochaine grande tendance qui façonnera la télévision partout dans le monde? La «gamification», prédit Virginia Mouseler, présidente de la firme suisse The Wit, qui guette les émissions créant les plus gros buzz partout sur la planète.

Le jeu s'infiltrera donc dans les téléréalités, les émissions de cuisine et les concours de chant, sans nécessairement promettre aux concurrents des montagnes de billets verts. Par exemple, dans Dating Naked de VH1, les participants flirtent entre eux complètement à poil, dans un décor paradisiaque. Mis à part l'amour, il n'y a rien à remporter.

Aux Pays-Bas, Love@First Kiss met en contact de purs étrangers ne s'étant jamais adressé la parole. Ils devront d'abord s'embrasser (avec la langue, bien sûr) pour déterminer s'ils partagent assez d'atomes crochus pour obtenir un vrai premier rendez-vous. 

Le jeu le plus bizarre que j'ai vu hier - et de loin - s'appelle Keep Your Dog Alive. Concept? Des participants dont l'animal de compagnie se meurt s'affrontent dans diverses épreuves pour, au bout du compte, gagner un clone de leur toutou adoré. Si, si, un clone de leur propre chien. Il paraît que c'est légal de cloner des petites bêtes en Corée du Sud. On aura tout vu.

En Angleterre, The Singer Takes it All place des aspirants chanteurs sur un tapis roulant comme à l'épicerie ou dans un restaurant de sushis. Les téléspectateurs votent en direct, et plus le taux d'approbation grimpe, plus le tapis avance le candidat vers la zone payante. À l'inverse, si les gens à la maison détestent ce qu'ils entendent, le tapis roulant sortira le chanteur du cadre.

Le nom Celebrity Pole Dancing, un jeu issu des Pays-Bas, révèle tout: 12 vedettes s'entortillent autour d'un poteau avec l'élégance d'une danseuse de région. C'est à peu près ça. Ça m'étonnerait que cette idée voyage jusque chez nous. Même chose pour All-Star Lifeguards de la Finlande, où 10 vedettes locales espèrent devenir la Pamela Anderson de Baywatch. Assez nulle comme proposition.

Heaven or Hell, un quiz allemand, propose un superbe plateau à deux niveaux. En haut, c'est un jeu-questionnaire de culture générale très classique. Par contre, si le joueur bute sur une question, son fauteuil descend physiquement en enfer, où il relèvera des défis assez dégoûtants comme à Fort Boyard. S'il réussit l'épreuve, le participant remonte au paradis. Et ainsi de suite.

En Suède, Trash or Treasure place devant des paires de concurrents huit objets, dont un valant 100 000$. Le but? Écarter les cochonneries pour ne conserver que la vraie antiquité. Les Suédois jouent aussi à The Stack, ni plus ni moins qu'un Jenga géant, couplé à un quiz de type Questions pour un champion

La chose la plus mignonne montrée hier s'appelle 100 Years of Wisdom et impose une règle hyper contraignante: pour s'y amuser, il faut avoir, au minimum, 100 ans! Son slogan? Lequel de ces compétiteurs a été le plus attentif dans les 100 dernières années? C'est tout simplement craquant.

Messmer fascine Cannes 

Dans une petite salle sombre perchée au dernier étage du Palais des festivals, Messmer a endormi - ce n'est pas péjoratif dans son cas - sept cobayes pigés dans l'assistance, composée principalement d'acheteurs et d'autres gens importants de l'industrie télévisuelle. 

Son argument de vente a donc été massue: l'hypnose, ce n'est pas de la frime, vous le voyez bien? 

Le fascinateur québécois avait de belles nouvelles à communiquer hier. Le géant FreemantleMedia (The X Factor) a mis la patte sur les droits de Stars sous hypnose, une émission spéciale de Messmer - présentée par Arthur - qui a cartonné sur TF1 en juillet dernier avec 27% de parts de marché. Et non, l'état de félicité de Messmer ne disparaîtra pas avec un claquement de doigts.