Sans vouloir offenser Fred Pellerin, Mylène Paquette ou Francis Cabrel, c'est Céline Dion qui a été la star - après la beauté de Montréal - de la première d'une série de quatre émissions de L'été indien à TVA.

Plus Québécoise que jamais, «icitte» chez elle, la diva de Charlemagne a de nouveau ouvert hier soir le grand livre de sa vie personnelle, en plus de s'impliquer émotivement dans chacune des entrevues des quatre autres invités. Difficile d'être plus généreuse et professionnelle que Céline Dion sur ce magnifique plateau en bois brut, bâti par le réputé architecte Pierre Thibault dans le Vieux-Port de Montréal.

Pendant le générique de fin, la caméra a montré René Angélil qui enlaçait sa femme habillée en Bond Girl après le fameux numéro d'ouverture en ski nautique. Encore ici, de superbes images tournées sur le fleuve Saint-Laurent, jumelées à River Deep, Mountain High. Et une réplique comique de l'interprète: son maillot de bain noir et or était fabriqué en «peau de fesse».

Par contre, aucune question sur l'état de santé de René Angélil n'a été posée pendant les deux heures de L'été indien. Il aurait fallu aborder ce sujet. Avec les autres invités, Julie Snyder s'est permis des questions pas mal plus indiscrètes, notamment sur la vie personnelle de Mylène Paquette, révélant au passage que la rameuse et préposée aux bénéficiaires, cassée comme un clou, finissait les plateaux des patients à l'hôpital Sainte-Justine pour se nourrir convenablement.

Jumelée à Julie Snyder, Céline Dion passe automatiquement en mode confidence dans une langue française assez relâchée, ce qu'elle ne fait que rarement en anglais. Certains trouvent ça charmant. D'autres, très agaçant. Ce n'était pas particulièrement agressant hier.

Céline a ainsi confié qu'elle a longtemps mangé des «pâtés aux patates» parce que ses parents manquaient de sous. Toujours à propos de l'argent, si la diva chante dans un micro avec fil valant 60 $, c'est simplement parce qu'il sonne mieux que tous les autres.

Fidèle à sa tradition de «tout dire et de tout montrer» à ses fans, Céline a laissé entrer Julie Snyder dans sa chambre d'hôtel à 2 h du matin, après un spectacle à Bercy, alors que les jumeaux Nelson et Eddy ne dormaient pas encore. Ils dansaient plutôt avec des bottillons dorés en soufflant des «bonsoirs» à la caméra. Ça s'appelle avoir le sens inné du showbiz.

C'est toujours impressionnant de suivre Céline Dion en coulisse, où ses changements de robes sont chorégraphiés à la seconde près. Encore plus spectaculaire: les images de cohue après son passage à Bercy. La star, entourée par une foule compacte, chantait par le toit de sa limousine. Qui d'autre que Céline offre un aussi bon service après-vente?

Avec sa facture très léchée, très européenne, L'été indien a brillé dans nos salons hier. C'était magnifique de voir le vent dans les cheveux des participants et le soleil qui descendait lentement derrière les immeubles du centre-ville. Superbe carte postale pour Montréal.

Par contre, j'aurais peut-être coupé dans le bla-bla pour offrir plus de numéros de variétés, qui étaient époustouflants avec la métropole en toile de fond. Il a fallu attendre plus d'une heure avant la première chanson, soit le très joli duo de Céline Dion et Francis Cabrel sur Encore et encore, 27 ans après leur passage à Station soleil de Jean-Pierre Ferland. La deuxième et dernière prestation musicale a été insérée à la toute fin, alors que Fred Pellerin, Francis Cabrel, Céline Dion et Vincent Niclo ont entonné Je l'aime à mourir. C'était très beau. On en aurait pris beaucoup plus. Et, tiens, pourquoi pas une pièce puisée dans le répertoire de Céline?

Aux commandes de ce talk-show franco-québécois, enregistré pour France 2 et TVA, Michel Drucker, 72 ans, a été plutôt effacé par rapport à Julie Snyder, qui a mené la plupart des interviews. Pas certain que cette animation à deux têtes serve vraiment L'été indien. Ça sent un peu la formule imposée par le concept des deux continents.

Bonne idée que rappeler l'histoire derrière l'écriture des succès de Francis Cabrel, dédiés aux trois femmes de sa vie. L'entrevue avec la rameuse Mylène Paquette a été très émouvante. Les images de sa traversée mouvementée ont montré à quel point ce voyage en solitaire de 129 jours a été difficile. Le Queen Mary a même fait un détour pour apporter des colis à Mylène Paquette.

Visiblement, la présence du chanteur Vincent Niclo était destinée au public français. Ce ne fut pas le meilleur moment de la soirée. Passons. Le topo sur le canot à glace aurait pu être rigolo, mais Julie Snyder y criait beaucoup. Et Michel Drucker n'était pas là pour lui calmer les nerfs.