Deux fins ont été écrites et tournées pour le tout dernier épisode de Trauma, que Radio-Canada a présenté mercredi soir. Dans la première, qui virait mal et qui n'a pas été diffusée, les policiers débarquaient à l'aéroport Pierre-Elliott-Trudeau avant que Julie Lemieux (Isabel Richer) ne saute dans l'avion pour Haïti avec sa fille Marie-Gisèle.

Dans la deuxième fin, celle que 933 000 téléspectateurs ont vue en direct, Julie Lemieux se pousse vers Port-au-Prince sans son conjoint Mathieu Darveau (Jean-François Pichette), laissant sa relation amoureuse et son avenir baigner dans le flou.

Comme plusieurs d'entre vous, je préfère les fins de téléséries (et de films) bouclées. Et cette finale, qui n'a pas fermé tous les chapitres ouverts depuis cinq ans à Saint-Arsène, a déçu et traumatisé de nombreux fans du thriller médical de Fabienne Larouche. L'auteure et productrice a même publié un long message sur la page Facebook officielle de Trauma pour justifier ses choix scénaristiques. Je l'ai jointe lundi pour discuter du sort des chirurgiens les plus torturés de la télé québécoise.

D'abord, qui aurait adopté le bébé de la patiente décédée? Éric Lanoue (Maxime Le Flaguais) et son nouveau conjoint? Ou Pierre Meilleur et sa future épouse Véronique (Isabelle Blais)?

«Je trouvais intéressant de laisser choisir le spectateur. J'aurais pu dire que c'était Éric, auquel cas on m'aurait reproché de choisir le couple gai. J'aurais pu choisir Pierre, auquel cas on aurait dit que c'est un choix homophobe. Les gens ne sont jamais satisfaits. C'est comme ça en fiction», remarque Fabienne Larouche.

L'efficace scénariste a aussi jonglé avec la possibilité de faire un saut dans le temps de deux ans pour la sixième saison de Trauma. Étienne Labrie (Yan England), qui a contracté le VIH et l'hépatite C lors de sa relation avec Sivélia, aurait alors été très souffrant. Sophie Léveillée (Laurence Leboeuf) ne serait pas revenue d'Afrique, la comédienne ayant choisi de quitter l'émission après cinq ans. David Roche (Christian Bégin) n'aurait clairement pas ressuscité et l'acteur Jean-François Pichette avait accepté un autre rôle de médecin dans la télésérie Nouvelle adresse de Richard Blaimert.

«J'aurais donc dû recommencer avec de nouveaux personnages? J'ai décidé que non», souligne Fabienne Larouche.

Pourtant, en janvier, Radio-Canada avait commandé une suite à Trauma après avoir visionné les premiers épisodes de la cinquième saison. «Ils m'ont laissée décider de continuer ou pas. J'ai hésité et attendu de voir le résultat à l'écran. La mort de David Roche [il s'est suicidé] faisait partie de la fin. La fin de Roche, c'était la fin de l'urgence», poursuit Fabienne Larouche.

Quant à Julie Lemieux, on croyait tous qu'elle se ferait pincer aux douanes après avoir imité la signature de son conjoint pour s'envoler avec Marie-Gisèle dans les Caraïbes. «J'aimais mieux finir sur un geste audacieux, soit le départ de Julie, avec la possibilité que Mathieu, finalement, aille la rejoindre», explique Fabienne Larouche.

Et la volée de commentaires négatifs? «L'internet est un défouloir, complète l'auteure et productrice. On est conditionnés depuis notre enfance aux fins de style conte de fées. Les auteurs au cinéma, en télé ou en littérature peuvent décider d'autres choses. Cela dit, je préfère grandement des spectateurs désolés qu'une série s'arrête au contraire.»

Drôles de voix

Yoan Garneau, le chouchou d'Isabelle Boulay, en a arraché dimanche soir à La voix lorsqu'il a chanté la composition de son papa, Je t'aime évidemment, une pièce peu accrocheuse, monotone et franchement gazante. Avec le vote du public, Yoan, originaire de Ferme-Neuve, au nord de Mont-Laurier, a facilement éclipsé sa rivale Marie-Ève Fournier et a accédé au carré d'as de la grande finale.

Drôle de choix pour Rémi Chassé également, qui a interprété Elle s'en va de Patrick Norman. Sa voix y a chevroté anormalement. C'est grâce à son coach Louis-Jean Cormier que la rock star Rémi, de Québec, a poursuivi sa marche victorieuse, car le public était divisé entre lui et sa coéquipière Valérie Daure (48% des suffrages).

Dans le camp de Marc Dupré, la Gatinoise Renée Wilkin a mieux fait que la semaine dernière en sortant une puissante version de Listen de Beyoncé, écartant ainsi la très originale et flamboyante G'nee, dont on s'ennuiera beaucoup. Renée Wilkin a arraché 86% du vote populaire, ce qui révèle un bon indice de ses chances réelles de remporter la compétition.

La représentante de l'équipe Éric Lapointe, la pianiste Valérie Lahaie, de Noyan en Montérégie, n'a pas eu trop de mal à se défaire de Mathieu Provençal, un chanteur clone d'Éric Lapointe.

J'ai l'impression que ça se jouera dimanche entre Renée Wilkin et Yoan Garneau pour le grand prix. Les fans de La voix les soutiennent depuis leur première apparition. Et quand on aime une fois au Québec, on aime pour toujours.