Beaucoup de gens que j'estime me vantaient les mérites de la minisérie britannique Sherlock. Un truc de la BBC très moderne, brillant, captivant, bla bla bla. Rien à cirer. J'avais autant le goût de m'enfiler cette autre adaptation de l'oeuvre littéraire de Sir Arthur Conan Doyle que de me faire arracher les dents de sagesse à froid avec un pied-de-biche rouillé.

Car Sherlock Holmes, dans ma tête, rimait avec livres poussiéreux, fumage de pipe, époque victorienne et imperméable démodé. Bonjour, les préjugés, n'est-ce pas? Et comment pouvait-on réinventer le classique des classiques du détective privé?

J'avais tort. Ce remake télévisuel furieusement actuel, que j'ai découvert beaucoup trop tard, mes excuses, est tout simplement formidable. Sherlock se trouve facilement sur Netflix, iTunes ou en DVD. Chacune des saisons (il y en a trois) ne comprend que trois épisodes de 90 minutes chacun. Trois téléfilms par année, finalement. Ça ne vous demandera pas un aussi gros investissement de temps que, par exemple, s'enfiler une saison complète de Scandale (22 heures). Fantastique, non?

Si la minisérie Sherlock est aussi fascinante, c'est en partie grâce au jeu stupéfiant de l'acteur britannique Benedict Cumberbatch, qu'on a vu dans les films Atonement et August: Osage County. Il campe un Sherlock juste assez asocial, limite Sheldon dans The Big Bang Theory, mais avec une brillance dans le regard qui traduit toute sa vivacité et son intelligence supérieure. Sherlock lève discrètement un sourcil, et on décode tout de suite que la résolution du crime n'est pas loin.

Ce nouveau Sherlock Holmes, célibataire endurci et sociopathe fonctionnel, habite toujours Baker Street, mais il évolue dans le Londres d'aujourd'hui. Son assistant, le Dr John Watson (Martin Freeman), avec qui il cohabite, revient de la guerre d'Afghanistan et vous le reconnaîtrez tout de suite: c'est Bilbon Sacquet dans Le hobbit de Peter Jackson.

Alors qu'ils manipulaient des loupes en 1890, les personnages de Sherlock des années 2010 s'échangent des textos et se servent de la technologie pour épingler les criminels. Le Dr Watson alimente un blogue et Holmes a même son propre site web. La logeuse, Mme Hudson, vient encore écornifler, et pour elle, il est clair que Holmes et Watson sont plus que des amis et collègues. Changement notable: Sherlock Holmes ne fume plus et combat sa dépendance au tabac en s'appliquant des timbres.

Dans le premier épisode, Holmes et Watson se penchent sur une vague de meurtres déguisés en suicides. Au deuxième, ils tentent de décrypter des symboles chinois barbouillés dans une banque et un musée. Les intrigues, bouclées en un épisode, sont finement tissées. C'est extrêmement bien assemblé.

Ce format de type téléfilm n'est à peu près jamais exploité au Québec. Pourtant, ça serait fort intéressant de ramener Anne Fortier (Sophie Lorain) dans trois super épisodes de 90 minutes à TVA. Tant qu'à y être, on pourrait aussi ressusciter Pierre Gauthier (Michel Côté) d'Omertà le temps de quelques chapitres à Radio-Canada.

Imaginez les grands événements télévisuels que nos réseaux pourraient ainsi créer. Au lieu de programmer des superproductions américaines le samedi soir, pourquoi ne pas présenter un téléfilm québécois? Le cinéma québécois traditionnel en arrache, actuellement, peut-être que la télévision, qui n'a jamais été aussi bonne, saurait lui donner un coup de pouce?

Il est vrai que le mot téléfilm a longtemps été associé à quelque chose de quétaine et de piètre qualité. Ce n'est plus le cas. Il n'y a qu'à regarder Ma vie avec Liberace de Steven Soderbergh pour s'en convaincre. La chaîne Séries+ achète plusieurs miniséries québécoises (Mon meilleur ami, Malenfant, Vertige, La marraine), mais les décline toujours en tranches d'une heure.

La SRC a diffusé les deux premières saisons de Sherlock le printemps dernier et les cotes d'écoute ont tourné autour de 240 000 téléspectateurs. La troisième saison reprendra les ondes en mai, toujours le vendredi soir. Personnellement, je n'aurai pas la patience d'attendre jusque-là. Je règle le cas de Holmes et Watson ce week-end. On se revoit - bien cerné et ultra caféiné - lundi matin.

Je lévite :

Avec Flappy Bird sur iPhone

C'est probablement le jeu plus nono et le plus ridicule de toute l'histoire de la technologie moderne. C'est aussi l'un des plus «addictifs». On commence à s'amuser avec ce petit oiseau-là, et il n'est pas question d'arrêter avant de franchir le dixième niveau, n'est-ce pas? Quand même. Un enfant de 7 ans ferait mieux que nous. Alors, on continue. Et on continue.

Je l'évite :

La nouvelle pub d'Old Spice

Elles sont généralement rigolotes, les pubs de cette marque de déodorant. Pas la dernière, avec les mamans qui déplorent que deux ou trois «pschitt» d'Old Spice ont «fait un homme de leur gars». La traduction française est atroce. En anglais, c'est un peu moins affreux, mais encore là, ce n'est pas très réussi.