J'ai été aspiré dans un vortex de YouTube cette semaine et j'ai dû me faire violence, tel le vieux loup Marc Quenneville devant une clé saupoudrée de cocaïne, pour m'en sortir.

L'objet de cette fascination malsaine? Une téléréalité britannique intitulée Gogglebox, qui repose sur un concept vraiment simple, mais tellement charmant. Voici comment fonctionne Gogglebox. Les producteurs de cette populaire émission de Channel 4, qui attire plus de deux millions de téléspectateurs tous les mercredis soir, ont installé des caméras dans les salons de 14 familles britanniques de milieux socio-économiques différents. Et on filme les réactions et les commentaires de ces cobayes pendant qu'ils regardent la télévision. Aussi élémentaire que ça. À quand une version québécoise, maintenant?

Si cette téléréalité fonctionne aussi bien, c'est parce que ses participants ont été choisis avec le plus grand soin. Les plus aimés du public sont June et Leon, deux professeurs retraités, taquins et mariés depuis plus de 50 ans, qui commentent la télé confortablement enfoncés dans leurs fauteuils inclinables fleuris. Ils sont aussi assassins qu'attendrissants. Adorables, ces deux-là.

Personnellement, j'adore les snobs Stephanie et Dominique, les deux propriétaires d'un café couette plutôt huppé qui consomment toujours leurs «programmes préférés» avec un verre de rouge ou une flûte de champagne à la main. Leur teckel Gigi n'est jamais bien loin, et plus l'émission progresse, plus ils s'enivrent et plus leurs remarques deviennent salaces. Une paire franchement rigolote.

Il y a aussi deux coiffeurs gais, Stephen et Christopher, deux chômeuses et meilleures amies depuis 30 ans, Sandra et Sandy, une famille dite traditionnelle (les Michael), trois soeurs de la génération Y (les Allen) et deux douchebags, Steven et Michael.

Toutes les semaines, ces volontaires dévorent les mêmes émissions, que ce soit la finale du concours X-Factor, un discours du premier ministre David Cameron, les nouvelles, des quiz, une performance de Miley Cyrus, le film Star Wars ou Homeland.

Et ils critiquent, ils persiflent, ils ricanent, ils parlent de la grosseur des seins de Nigella Lawson, ils commentent la perte de poids de Lady Mary dans Downton Abbey et imitent leurs personnages préférés. C'est pratiquement comme suivre son fil Twitter pendant La voix, mais avec des personnes authentiques qui s'assument et qui ne se cachent pas derrière des pseudonymes.

Pour confectionner une seule émission de 45 minutes de Gogglebox, les monteurs écrèment plus de 100 heures de tournage. Le plus fascinant avec Gogglebox, c'est de pouvoir pénétrer dans les «vrais» foyers de «vrais» cobayes et de les voir évoluer dans leur intimité. Rien n'a été truqué, les décors sont bien réels. De quoi ont l'air leurs meubles? Qu'est-ce qu'ils grignotent? Comment interagissent-ils? Portent-ils toujours leur pyjama? On a l'impression d'être vraiment chez eux, avec eux.

Lorsque l'émission qu'ils visionnent est ennuyeuse, certains des participants s'endorment, d'autres tricotent et les ados pitonnent sur leurs téléphones intelligents. Le montage de Gogglebox est saccadé et l'accent est évidemment mis sur les personnages les plus colorés, qui sont devenus d'immenses vedettes depuis le lancement de cette téléréalité en mars dernier.

L'automne dernier, les États-Unis ont testé leur propre version de Gogglebox - rebaptisée The People's Couch - sur la chaîne Bravo. Les cobayes y sont trop bien coiffés, trop bien habillés et trop conscients des caméras. Leurs salons, tous équipés d'écrans plats, ressemblent à des pages d'un catalogue de Crate&Barrel. Il manque le côté un peu broche à foin, un peu «vrai monde», de l'édition britannique.

Quand on y pense, c'est très étrange et très «méta» de regarder une émission de télévision où des gens regardent d'autres émissions de télévision. Qu'est-ce que ça apporte? demandez-vous. Plein de choses. D'abord, c'est hyper divertissant. Ensuite, on s'attache à des personnages que l'on voit peu à la télé, des gens ordinaires, qui nous ressemblent plus que des chirurgiens traumatisés, des policiers tourmentés ou des avocats zélés.

Aussi, ça nous ramène à une époque nostalgique où la télévision servait de point de ralliement aux familles. Finalement, ça nous rappelle qu'après le boulot, une fois bien calés dans le sofa, nous sommes pas mal tous égaux devant notre télé: on bouffe du St-Hubert en linge mou et on frétille parce que Shandy est enfin revenue dans Unité 9.

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Eille, y a juste 290 calories dans l'OEuf McMuffin du p'tit nouveau à l'informatique! Non, tu me niaises, seulement 290 calories? Avez-vous entendu ça, la gang? Il y a seulement 290 calories dans un OEuf McMuffin. Non, seulement 290 calories là-dedans? Mais je capote bien raide! Laissez-moi maintenant le répéter 289 fois pour être certain que le message (si subtil) passe bien.