Le producteur Jocelyn Deschênes de Sphère Média s'est décarcassé pour vendre Les hauts et les bas de Sophie Paquin ainsi que Rumeurs à nos camarades du Canada anglais. Les deux adaptations, tournées pour la CBC, ont fait patate à l'audimètre. Avec le remake anglophone de 19-2, qui décolle le mercredi 29 janvier à 21h sur la chaîne spécialisée Bravo, Jocelyn Deschênes espère enfin briser la frontière télévisuelle qui divise Anglos et Francos au pays.

Et comme Bravo appartient au groupe Bell Média, 19-2 jouira aussi de l'appui de l'antenne principale CTV, qui présentera le premier épisode le jeudi 30 janvier à 22h. Une grosse poussée qui ne nuira certainement pas à cette production québécoise, entièrement concoctée à Montréal.

«On a fait des erreurs d'adaptation avec Sophie Parker. La CBC voulait des épisodes de 30 minutes avec des intrigues bouclées. Mais ce n'était pas ça, l'esprit de Sophie Paquin. Pour Rumours, c'était tellement mal placé dans la grille horaire que personne ne savait que ça jouait. Avec 19-2, nous avons gardé l'âme, et c'est un méchant défi. Est-ce que les téléspectateurs vont s'intéresser à une série qui porte plus sur les êtres humains que sur la procédure policière et les enquêtes?», s'interroge le producteur Jocelyn Deschênes, joint hier à Los Angeles, où il brasse des affaires.

Les nombreux fans qui ont dévoré les deux premières saisons de 19-2 à Radio-Canada ne tomberont pas en bas de leur sofa en visionnant Nineteen-Two, qui reprend exactement le même canevas. J'ai bien aimé les deux épisodes que j'ai vus. Cette adaptation fort réussie pourrait également servir de carte de visite pour le marché américain.

L'esprit de l'oeuvre originale a été bien préservé, quoique certains éléments plus glauques et violents ont été atténués. Le bleu dans l'image, une signature visuelle de Podz, a disparu avec l'arrivée des nouveaux réalisateurs Louis Choquette et Érik Canuel. En revanche, les silences, les longs plans-séquences et la musique ont tous été conservés.

«Nous avons essayé trois autres musiciens et nous sommes revenus à Nicolas Maranda. La musique originale faisait partie de 19-2», constate Jocelyn Deschênes.

Les deux flics de Nineteen-Two, joués par Jared Keeso et Adrian Holmes, ont des gueules plus hollywoodiennes que Claude Legault et Réal Bossé. Mâchoires carrées et épaules de footballeurs, Keeso et Holmes, qui ressemblent respectivement aux acteurs Chris O'Donnell et Taye Diggs, font très Américains, très sportifs professionnels. «L'énergie des acteurs anglos est différente. Ils sont plus physiques. Ils sont habitués à jouer dans l'action. Ce sont des gars costauds», confirme Jocelyn Deschênes.

Le remake de 19-2 se déroule toujours à Montréal, principalement dans le Vieux-Montréal, le centreville et Griffintown. La caméra nous montre l'enseigne Farine Five Roses, les personnages parlent des rues Fullum, Ontario ou Saint-Antoine, tandis que le Chevreuil se fait maintenant appeler Bambi.

Ne vous fiez pas à la bande-annonce ratée, qui donne l'impression d'un show de police platement traditionnel, doté d'un slogan très douteux: «19-2, déchirés par la vie, unis par la rue».

À Los Angeles, Jocelyn Deschênes tente actuellement de faire décoller la version anglaise de Mauvais karma. Le patron de Sphère Média détient aussi les droits d'adaptation de la trilogie The Darkness Rising de l'auteure ontarienne Kelley Armstrong, qu'il tente de transformer en série télé fantastique.

Guy Nadon, encore plus!

Alors, aimez-vous autant que moi le personnage de Guy Nadon dans Série noire? Il est formidable. Les auteurs François Létourneau et Jean-François Rivard doivent avoir un plaisir fou à lui mettre des répliques salées dans la bouche. Du genre: «Y est jamais trop tôt pour se faire crosser», a claironné le comédien dans l'épisode de lundi soir avant de se rendre très tôt au salon de massage.

Malheureusement, Série noire en arrache dans les sondages BBM. Lundi soir, la nouveauté de la SRC a dégringolé à 391 000 téléspectateurs, en baisse par rapport aux 489 000 qui ont vu la première. À TVA, Les jeunes loups ont chuté de 1 505 000 à 1 303 000 fidèles.

Reste qu'à 391 000 pour Série noire, ça commence à être très dangereux. Si ces chiffres ne remontent pas, Radio-Canada ne pourra jamais commander une seconde saison, même si la qualité, l'originalité et l'audace y sont réunies.

Parlant de Série noire, j'ai complètement oublié de citer le personnage d'Édith Cochrane dans ma chronique de mardi sur l'hiver lesbien à la télévision québécoise. Omission impardonnable!