C'est ce qui frappe dans le premier épisode d'Allume-moi, la nouvelle «émission de rencontres» pilotée par l'humoriste Philippe Bond sur V: les motifs invoqués par les 30 jeunes femmes pour écarter d'éventuels soupirants sont extrêmement futiles et superficiels.

Le gars porte une chemise à carreaux? Flush! Il n'a pas de cheveux? Bye-bye! Il pratique le yoga? Non, merci. Il aime ranger ses choses? Au secours! Il a porté un déguisement d'Elvis à l'Halloween? Ouache, gros quétaine. Son toupet ressemble à celui d'un personnage de bande dessinée? Suivant! Et il enfonce une tuque sur sa tête? Méchant débuzz.

Vous pourrez le constater par vous-mêmes ce lundi à 20h, si vous n'êtes pas déjà des clients de L'auberge du chien noir à la SRC ou de Yamaska à TVA. Avec Allume-moi, V espère en effet plaire à un public plus jeune qui ne suit pas avidement les téléromans. Une stratégie de contre-programmation qui se tient.

Alors, comment ça fonctionne Allume-moi, un concept importé d'Australie? Voici. Toutes les semaines, Philippe Bond chauffe un immense et clinquant plateau garni de 30 lutrins lumineux. Derrière ces petits pupitres se trouvent 30 concurrentes célibataires dont l'âge oscille entre 20 et 35 ans. Elles désirent toutes rencontrer un homme, évidemment.

C'est ici que ça corse. Philippe Bond leur présente un premier candidat et, à tout moment, les demoiselles peuvent éteindre leur lumière pour signifier que le gars devant elles ne les intéresse pas. Tout le processus se déroule à visage découvert.

À la première ronde, le candidat défile rapidement devant le jury des 30 femmes. C'est le moment «pièce de viande». Comme dans une épicerie, les participantes analysent la marchandise en ne se fiant qu'à l'emballage extérieur. Car à part son nom, le gars n'a pas encore soufflé un seul mot.

Deuxième étape: un premier extrait du portrait vidéo du gars en question passe en studio. Les candidates en apprennent un peu plus sur lui. Ne reste que la troisième et dernière étape, où le gars se dévoile davantage.

Ce qui est à la fois fascinant et dérangeant dans Allume-moi, c'est de voir en temps réel ce qui éteint les 30 dames. Le premier brave à défiler devant elles, soit Christian, de Montréal, y goûtera: presque toutes les lumières se ferment quand il confie être très ordonné. Oups. Trois ou quatre garçons par émission seront ainsi soumis à l'analyse sans pitié de la gent féminine.

Heureusement, l'animateur Phillipe Bond est là pour désamorcer des situations qui pourraient devenir potentiellement gênantes pour les gars. En effet, il n'y a rien de plus humiliant que d'être rejeté publiquement, par autant de gens, pour des raisons simplistes. Avec son arsenal de répliques amusantes et son sens de la répartie bien aiguisé, Philippe Bond évite qu'un malaise ne plombe l'émission. L'humoriste est à la fois le grand frère des filles et le meilleur ami des gars. Et ça fonctionne bien.

Mais ne nous leurrons pas: l'ambiance sur le plateau d'Allume-moi ressemble à celle d'une grosse discothèque boum-boum, chorégraphies incluses. À la fin des trois rondes, s'il reste des lumières allumées, le pouvoir change de mains et c'est le gars qui peut ensuite choisir la fille avec laquelle il désire aller prendre un verre.

Les 30 jeunes femmes d'Allume-moi portent des noms comme Kristina, Keve, Alyssa, Mélyna ou Jinny. Oui, elles font de la très bonne télévision et s'expriment avec beaucoup d'aisance à la caméra. Mais quand V affirme qu'elles s'écartent «du cadre typique des gens de bar», je ne suis pas d'accord. Une bonne partie d'entre elles pourrait facilement traverser sans problème chez Occupation double à TVA.

D'ailleurs, Allume-moi risque de séduire la même clientèle que celles des téléréalités à la Loft Story ou Occupation double. Des jeunes téléspectateurs qui aiment bitcher en regardant la télé.

La plupart des 30 jeunes femmes reviendront au fil des 10 émissions d'Allume-moi cet automne. En fait, si elles ne reviennent pas, c'est parce qu'elles auront trouvé l'amour à la télévision. Au moins cinq couples durables auraient ainsi été formés depuis l'enregistrement des épisodes d'Allume-moi en mars dernier.

Gros lundi, petite semaine?

Ça chauffe à la télévision québécoise les lundis à 19h30: Les Parent de la SRC (954 000) et les nouveaux colocs d'Occupation double à TVA (1 012 000) sont coude à coude. À V, Les détestables ont déridé 405 000 personnes. À 20h, Yamaska (1 182 000) continue de dominer L'auberge du chien noir (856 000). Et à 21h, Toute la vérité (1 020 000) n'a toujours pas perdu cet automne contre La galère (826 000).