C'est mardi soir que vous ferez - enfin - connaissance avec la nouvelle Shandy Galarneau de la populaire série Unité 9 de Radio-Canada. Privilège de chroniqueur, j'ai vu en avant-première cet épisode fort chargé et je crois que la transition entre Suzanne Clément, qui a quitté Lietteville pour se dévouer à des projets de cinéma, et sa remplaçante, Catherine-Anne Toupin, s'exécutera sans qu'il y ait trop de grabuge derrière les barbelés.

Je ne vous cacherai pas que cela fait un gros pincement au coeur de voir disparaître la géniale Suzanne Clément, qui a donné vie à cette écorchée vive, à la fois frondeuse et fragile. Mais quand Catherine-Anne Toupin apparaît dans sa première scène, enfermée à l'hôpital psychiatrique après sa tentative de suicide, on pousse un soupir de soulagement: oui, notre Shandy est entre de bonnes mains.

Dans les vêtements sexy de la détenue la plus sexuée de la prison, Suzanne Clément et Catherine-Anne Toupin se ressemblent beaucoup. Même énergie agressive mal canalisée, même explosion de cheveux mal domptés sur la tête et même démarche chaloupée. La nouvelle Shandy arbore aussi les mêmes tatouages que l'ancienne et enfile les mêmes chaussures à semelles compensées. Bref, on y croit, même si on met quelques minutes à s'habituer au changement de garde.

De gros défis - et d'immenses attentes - précèdent cette deuxième saison d'Unité 9. Surtout après le succès phénoménal obtenu par la première tranche, qui a souvent franchi le cap des deux millions de téléspectateurs. L'auteure principale Danielle Trottier reprend son récit dans un établissement où l'équilibre des forces a été rompu. D'abord, l'unité 9 a perdu trois de ses résidantes: Marie (Guylaine Tremblay) et Jeanne (Ève Landry) croupissent au trou, tandis que Michèle (Catherine Proulx-Lemay) a été transférée au secteur maximum, conséquence de son évasion. Qui ira donc habiter avec Élise (Micheline Lanctôt), Suzanne (Céline Bonnier) et Laurence (Sarah-Jeanne Labrosse)? Les chambres ne resteront pas vides longtemps.

Ensuite, Bouba (Ayisha Issa), la revendeuse de drogue, impose encore plus sa loi en l'absence de Jeanne et c'est Suzanne qui en souffre le plus. Pauvre petite Suzanne. Elle en arrache vraiment et aucune pilule ne semble assez grosse pour l'apaiser.

C'est par la grande Bouba que l'on entre brièvement, au premier épisode, dans l'unité 7, où du hip-hop lourd joue en permanence. Mettons que ça brasse pas mal plus dans la 7 que dans la 9.

Le rythme haletant dans les intrigues, qui a insufflé tant d'énergie aux premiers épisodes d'Unité 9, a été réinstallé. Une décision réjouissante qui plaira aux fans (comme moi) ayant déploré une certaine mollesse et un ralentissement scénaristique dans cette production après les Fêtes.

Maintenant, j'aurais tellement le goût qu'on se parle de la nouvelle détenue campée par Anne Casabonne, soit la blonde peroxydée Annie Surprenant. On ne la voit pas beaucoup, mais elle hérite d'une des scènes les plus fortes de la série. Une scène bouleversante, et jouée de façon très sobre, qui va faire énormément jaser dans les chaumières. On s'en redonnera des nouvelles. En une poignée de secondes, Anne Casabonne se détache complètement de son personnage de Claude la fofolle dans La galère.

C'est aussi dans cette deuxième saison que l'on découvrira les familles des détenues. L'acteur et écrivain Robert Lalonde campe le père de Shandy. Il nous révélera d'ailleurs le véritable nom de sa fille, qui n'a pas été prononcé une seule fois depuis la mise en ondes d'Unité 9. En très peu de temps, ce personnage discret distillera beaucoup d'informations sur le passé de Shandy et sur le milieu dans lequel elle a grandi. Très étonnant.

Quant à Marie Lamontagne, héroïne de cette saga carcérale, elle file un très mauvais coton. Elle coule au fond et trouvera une alliée inespérée en la personne de Jeanne. Cette dernière, que l'on a connue violente et explosive, surprendra encore. Tous ces jours passés en isolement auraient-ils adouci l'indomptable Jeanne?

Je sens que l'automne ne sera pas ennuyeux à Lietteville. Les portes du pénitencier ne vont pas bientôt se refermer. Et c'est tant mieux.