Trouvez-vous que nos grands réseaux de télévision en beurrent un peu trop épais en promouvant à ce point leurs séances de twivage en direct (le clavardage sur Twitter)? Est-il nécessaire d'afficher les mots-clics des émissions - comme #LesChefs ou #LaVoixTVA - au bas de l'écran toutes les dix secondes? Faut-il absolument que chacune des vedettes du showbiz s'affiche sur Twitter le soir de la diffusion de sa dernière émission?

Les patrons des réseaux se posent aussi toute cette ribambelle de questions. Car les impacts réels de la fameuse «télévision sociale» sur les cotes d'écoute, le véritable nerf de la guerre, restent encore très mal documentés. Chose certaine, non, Twitter n'a pas encore sauvé les chaînes généralistes du naufrage, malgré l'utilisation de plus en plus répandue du deuxième écran comme la tablette ou le téléphone intelligent.

Cela pourrait changer. Une vaste étude publiée mardi par la firme américaine Nielsen a prouvé, pour la première fois, qu'il existe bel et bien un lien entre le bourdonnement intense sur Twitter et la popularité d'une émission de télévision présentée en direct. Après avoir étudié 221 émissions programmées en heure de grande écoute minute par minute, Nielsen a constaté qu'un volume élevé de tweets avait dopé les cotes d'écoute de 29 % de ces émissions. C'est peu, mais c'est tout de même un signe encourageant pour l'industrie. En revanche, ni chiffres précis ou ni exemples concrets en lien avec cette enquête n'ont été rendus publics. Dommage.

Le problème avec la télévision dite sociale, c'est qu'elle fonctionne dans les deux sens, comme l'a constaté Nielsen. Une émission qui voit son audience gonfler en direct verra aussi grimper le nombre de tweets qu'elle provoque. C'est ce qui est arrivé dans 48% des épisodes analysés par Nielsen. Et c'est tout à fait logique: plus il y a de gens qui se branchent sur un match de hockey ou un gala, plus il y a de chances qu'il y ait des tweeteux compulsifs dans le lot.

C'est pendant la présentation des téléréalités que l'impact du twivage se fait le plus ressentir. C'est à peu près ce que l'on constate pendant La voix, Star Académie ou Occupation double: les commentaires sur Twitter déboulent à la vitesse de l'éclair. Viennent ensuite, dans l'ordre, les comédies, les compétitions sportives et les émissions dramatiques.

Il ne faut cependant pas se leurrer. Twitter, ça reste une bulle isolée et cette plateforme n'est utilisée que par une minorité de Québécois. Facebook demeure le réseau social le plus fréquenté chez nous. Il suffit de visiter la page Facebook officielle de La galère, un lundi d'automne entre 21 h et 22 h, pour constater l'ardeur et la dévotion des fans, en grande majorité des femmes.

Je l'avoue, j'aime bien tweeter pendant les galas, les premières émissions d'Occupation double ou quand un invité royal se pointe à Tout le monde en parle. C'est très divertissant et ça permet d'alimenter des débats enflammés sur notre bonne vieille télé.

Mais il ne faut surtout pas voir dans les commentaires publiés sur Twitter une représentation de l'opinion publique générale. Il s'agit plutôt d'une prise de pouls d'une minuscule partie de la population, une frange réputée pour avoir le chialage facile. Je le sais, j'en fais partie.

En terminant, je vous laisse sur une suggestion télé. Les critiques télé en pincent presque tous pour la nouvelle minisérie britannique Broadchurch. L'histoire? Celle d'un joli village anglais, de type carte postale, traumatisé par la mort inexpliquée et accidentelle d'un préadolescent. Il paraît que Broadchurch ressemble un peu à The Killing avec - encore - deux détectives atypiques chargés de résoudre le crime. Le réseau Fox a déjà annoncé son intention d'en faire un remake américain.

Contrairement à la majorité des émissions policières, qui mettent l'accent sur le développement de l'enquête, Broadchurch naviguerait plus dans les zones psychologiques et émotives. Intrigant.

BBC America la diffuse, mais pas BBC Canada. Au Québec, le seul endroit où l'on peut légalement se procurer Broadchurch, c'est sur iTunes, qui rend cependant accessibles les épisodes au compte-gouttes. On regarde ça et on s'en redonne des nouvelles sur Twitter, d'accord?

Je lévite

Avec la série Bates Motel d'A&E

Comment Norman Bates du film Psycho a-t-il été élevé pour devenir un tel monstre? Cette excellente série, un antépisode au classique d'Alfred Hitchcock, nous montre le futur meurtrier à 17 ans aux côtés de sa mère Norma (superbe Vera Farmiga), qui étouffe l'ado timide à petit feu. Troublant. Les dix épisodes sont aussi offerts sur iTunes. À voir les lumières éteintes.

Je l'évite

Les pubs pour le Cat's Meow

Un chat, ça s'amuse avec n'importe quoi. Pourquoi alors faudrait-il acheter à notre minou un tapis circulaire jaune, ressemblant à une ceinture de sauvetage d'avion, qui «captera immédiatement son attention»? Cette pub beaucoup trop longue, que RDI diffuse à profusion, est tout simplement abominable. Et complètement aliénante.