Attelez-vous, les amis, car ça commence... maintenant, comme le dirait Élyse Marquis ou Daniel Vézina dans un grand mouvement de bras. Je parle ici de la saison des lancements de programmation de télévision - aussi connu sous le nom de Festival du buffet froid - dont vous pourrez lire les grandes lignes dans cette chronique au cours des prochaines semaines.

Lundi après-midi, Télé-Québec a lancé les festivités en présentant aux journalistes sa série documentaire 30 secondes pour changer le monde, qui traite de publicité sociétale. Résumé rapide: chacun des épisodes d'une heure fouillera un thème précis comme le sida, le cancer du sein, l'environnement, la violence conjugale ou le tabagisme, toujours en lien avec les publicités (d'ici comme d'ailleurs) s'y rapportant.

La première émission, que vous verrez le lundi 9 septembre à 21h, dans la case horaire de La galère et Toute la vérité, s'attarde à la sécurité routière et réveillera une tonne de souvenirs chez de nombreux téléspectateurs. Au Québec, on s'attache! Ce slogan, martelé pendant 15 ans, a fini par s'incruster dans la tête des conducteurs. En 1991, 91% des passagers assis à l'avant d'une voiture bouclaient enfin leur ceinture de sécurité (c'était obligatoire depuis 1976). Il a ensuite fallu reprendre l'exercice pour convaincre les passagers à l'arrière de l'auto de faire le même geste. Comment oublier, à ce sujet, la pub avec Jean-Marc Parent et son petit garçon qui était projeté dans le pare-brise après un freinage brusque?

La publicité sociétale, celle qui se colle le plus près possible à la réalité, fonctionne bien, nous apprend cette série. La campagne «L'alcool au volant, c'est criminel, qu'on se le dise» a d'ailleurs fait diminuer de 24% le nombre d'accidents mortels sur les routes du Québec. Il faut dire que la pub du barrage policier avec Rémy Girard qui demandait nerveusement de la gomme à Angèle Coutu a été diffusée à de multiples reprises.

Ce qui frappe encore plus fort, ce sont les publicités-chocs. En 1993, la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) s'y aventurait pour lutter contre ce fléau: la vitesse tue. Le message télé, réalisé par Jean-Claude Lord, mettait en vedette une jeune Marie-Josée Croze (la fameuse Sophie) qui mourait dans une collision parce que son copain (Patrice Bissonnette) roulait en fou.

C'était le début d'une longue série de campagnes hyper réalistes de la SAAQ. En 2000, la pub «de héros à zéro», rythmée par une chanson de Projet Orange, a aussi tapé dans le mille. Pourquoi? Parce que les images qui défilaient à l'écran étaient celles d'un véritable accident mortel s'étant déroulé à Dosquet, dans Lotbinière.

L'avantage de la pub-choc? On mémorise le message après une seule écoute. L'approche humoristique passe beaucoup moins bien, car elle dédramatise des situations potentiellement dangereuses.

Il s'agit sans doute d'un effet pervers des Enfants de la télé, mais les portions les plus intéressantes de 30 secondes pour changer le monde sont celles où des experts commentent et évaluent la portée de publicités québécoises marquantes. Quand les intervenants s'écartent des images que l'on vient de voir, ça devient longuet. Et répétitif.

J'ai l'impression que l'intérêt de cette série produite par la division télé du magazine Infopresse et réalisée par Sophie Lambert (Art sous enquête, Toute une famille) variera énormément en fonction du sujet traité. Les extraits de l'émission sur l'environnement n'étaient pas du tout convaincants. Comme dirait Danièle Henkel aux Dragons: je passe. Par contre, ceux sur le sida et la violence conjugale semblaient prometteurs.

Un format de 30 minutes, plus punché et rythmé, aurait sans doute mieux servi cette production. C'est un peu ça, la pub: livrer le plus d'information possible dans un très court laps de temps. Il faut attirer l'attention du spectateur et la garder. Malheureusement, 30 secondes pour changer le monde n'y arrive pas toujours.

The Killing, encore!

J'ai failli jeter ma télé par la fenêtre après la finale bâclée et ridicule de la première saison de The Killing. Après la deuxième année, bof, l'intérêt avait quelque peu fondu. J'y suis retourné, très méfiant, et je dois admettre que les producteurs ont réussi à relever la barre très haut pour la troisième saison, qui a été captivante du début à la fin. Les détectives Holder et Linden, toujours arrosés par la pluie froide de Seattle, ont porté une enquête difficile et complexe sur des meurtres de prostituées adolescentes. Comme dans tout bon polar, les fausses pistes ont été multipliées, sans toutefois embrouiller inutilement les fidèles de ce thriller. The Killing est disponible sur iTunes, en anglais seulement. Encore ici, ça serait bien qu'un télédiffuseur québécois achète la version française, non?