Bip, bip, bip! Entendez-vous ce son strident? C'est le bruit de la grosse machine radio-canadienne qui recule, cinq jours seulement après avoir annoncé sa mutation hyper controversée à 400 000$ vers le dénominateur commun ICI.

À midi pile hier, le PDG de CBC/Radio-Canada, Hubert T. Lacroix, a exécuté un beau salto arrière et annoncé aux employés francophones que, finalement, le mot «Radio-Canada» reviendrait dans les logos et appellations des trois branches principales du diffuseur public. Il faudra donc redessiner les affiches - dont l'encre n'est même pas encore sèche - et reprendre les autopromotions, qui auront vécu moins d'une semaine dans l'espace public. Du gros gaspillage.

Résumons rapidement. Au lieu d'ICI Télé, la chaîne de télévision principale s'appellera ICI Radio-Canada Télé. À la radio, ICI Première (le 95,1 FM) change pour ICI Radio-Canada Première. Et le site web ne portera pas le nom d'ICI.ca, mais bien celui d'ICI Radio-Canada.ca.

Ces modifications de dernière minute ne touchent pas ICI Explora, ICI Musique, ICI RDI et ICI ARTV, qui demeureront tels quels. Il y a cependant un autre os dans le potage: les domaines iciradio-canada.ca et iciradiocanada.ca n'appartenaient pas au radiodiffuseur public au moment d'écrire ces lignes. Oups.

Dans son allocution d'hier, Hubert T. Lacroix a admis que le message entourant ICI avait été mal transmis aux journalistes et que l'équipe des communications en avait perdu le contrôle, notamment sur les réseaux sociaux. «On l'a échappé», a résumé le PDG, qui a dû passer un week-end houleux à défendre ce rebranding torpillé autant par le grand public que les commentateurs médiatiques de tout le Canada, toutes allégeances confondues.

Quelques heures après la mise au monde d'ICI, mercredi matin, le ministre du Patrimoine canadien, James Moore, qui est responsable de la SRC, avait grondé: pourquoi donc avoir effacé le mot Canada du nom de la vénérable institution? Sur les ondes publiques, plusieurs animateurs de Radio-Canada ont également poussé quelques craques sur la nouvelle façon de désigner leur employeur.

La controverse sur ICI s'est faufilée jusque dans les pages du New York Times, en plus d'atterrir sur différents sites web français, dont ceux de la chaîne France 24 et du quotidien Le Figaro. C'est exactement le type de publicité négative que les bonzes de la SRC détestent copieusement.

Pour calmer la grogne, Hubert T. Lacroix est donc passé en mode «réparons les dégâts» dans son laïus d'hier midi, qui a uniquement été retransmis sur le réseau interne de la grande tour. Il a qualifié Radio-Canada de «joyau» et a même ressorti Bobino des boules à mites pour évoquer son attachement de longue date à la maison radio-canadienne.

Soyons honnêtes: Hubert T. Lacroix est un bien meilleur orateur que son vice-président des services français, Louis Lalande, qui a tendance à figer devant les reporters. C'est M. Lacroix qui aurait dû monter au front, mercredi dernier, pour défendre cette offensive de marketing ratée.

Dans un court communiqué publié en fin d'après-midi hier, la SRC s'est dite désolée de la confusion créée par l'implantation de la marque ICI et a pris acte de l'attachement profond du public «à tout ce que Radio-Canada signifie». Tout ce boucan pour en revenir à ça? J'espère que les fins stratèges ayant bossé sur l'identité ICI n'ont pas exigé 400 000$ à Radio-Canada pour accoucher d'une ligne aussi insipide qu'évidente.

Le communiqué de Radio-Canada ne contenait évidemment pas les expressions «battre en retraite», «faire marche arrière» ou «céder à la pression populaire». D'ailleurs, est-ce le tollé public ou le rappel à l'ordre du ministre James Moore qui a pesé le plus lourd dans cette reculade?

Chose certaine, l'organigramme de Radio-Canada n'est toujours pas plus clair ou simple après une deuxième ronde de modifications. Dites-moi, pourquoi rebaptiser une station de télévision «Ici Radio-Canada Télé», alors que Radio-Canada faisait très bien le travail? C'est à n'y rien comprendre. L'équipe qui a élaboré la stratégie d'ICI aurait dû passer moins de temps à la table de baby-foot et plus avec du monde branché sur la réalité de 2013.

Hubert T. Lacroix n'a pas accordé d'entrevue à La Presse hier. Le service des communications de Radio-Canada nous a gentiment suggéré d'écouter leur grand patron en entrevue chez Désautels à la place.

Taxi-22 roule jusqu'à CBS

La comédie Taxi-22, imaginée par Patrick Huard pour le réseau TVA, a mijoté pendant trois ans à HBO avec James Gandolfini (le Tony Soprano des Soprano) attaché au rôle principal.

Les choses ont bougé récemment. HBO a laissé filer et c'est CBS, une chaîne généraliste diffusant beaucoup de sitcoms, qui a mis le grappin dessus. James Gandolfini, qui devait camper le coloré Rogatien Dubois Jr, reste associé au remake, mais à titre de producteur seulement.

Aucun acteur n'a encore été choisi pour prendre les traits du personnage créé par Patrick Huard. L'action de cette deuxième mouture de Taxi-22 a été campée à New York, ville emblématique des voitures jaunes.