Le travail d'auteur comique est injustement snobé et drôlement sous-estimé à la télé québécoise. Faire rire de façon intelligente et avec de l'esprit, comme le font régulièrement les Isabelle Langlois, Stéphane Bourguignon et Richard Blaimert, c'est tout aussi difficile - et peut-être même plus - que de faire pleurer dans une télésérie signée Serge Boucher.

C'est la même chose au cinéma. Un film hermétique, que personne ne verra à part deux tondus et trois pelés dans un festival tchèque, est souvent décrit comme une véritable oeuvre d'art poétique, un bijou décalé. À l'opposé, une comédie grand public, bien ficelée et pas épaisse du tout (du genre Silver Linings Playbook) ne restera qu'un bon petit film sans prétention, charmant et amusant. Mais sans plus, bien sûr.

Cette observation ne date pas d'hier: le drame a toujours été plus prestigieux et mieux coté que la comédie. Et ce, tant au petit qu'au grand écran. Pourquoi ce snobisme? «Quand c'est drôle, c'est souvent perçu comme un manque de profondeur», note la scénariste Isabelle Langlois, qui a pondu Rumeurs et Mauvais karma, deux comédies de qualité supérieure à Radio-Canada.

Pour m'être farci une ribambelle de sitcoms québécoises très moyennes (voire ratées) au fil des ans, du genre Grosse vie, Roxy, Grande fille, 450, chemin du golf et Bienvenue aux dames, c'est là que l'on constate qu'écrire Tout sur moi ou Les hauts et les bas de Sophie Paquin, c'est un tour de force.

Comme me l'a confié récemment le directeur des dramatiques de la SRC, André Béraud, les auteurs ne déposent pratiquement plus de projets de comédies, ils veulent tous se torturer dans le drame.

«C'est dur d'être drôle. Ici, on écrit toujours seul, on passe notre temps à chercher des idées, contrairement aux Américains qui fonctionnent en pool. Et un punch, sans histoire, sans courbe dramatique et sans la quête d'un personnage, ça tourne en sketch», note Isabelle Langlois, dont on attend le prochain projet télé avec impatience.

Adam et Ève n'ayant pas trop aidé la fiction comique l'automne dernier, vous remarquerez qu'il n'y a presque plus d'émissions de type Rumeurs ou Catherine à la télé québécoise. Elles ont toutes été remplacées par des séries à sketches comme Et si?, Tranches de vie ou LOL: -), des trucs conçus pour être découpés et vendus en pièces détachées pour les compagnies aériennes et les salles d'attente d'aéroport. Heureusement qu'il reste Les Parent.

Après six ans à nager dans le comique avec Les hauts et les bas de Sophie Paquin et Penthouse 5-0, l'auteur Richard Blaimert exécute un 180 degrés et met présentement la touche finale à sa nouvelle série dramatique Nouvelle adresse, dont le tournage démarrera en mai. Sophie Lorain, qui supervise aussi l'écriture, la réalisera.

«La comédie, c'est bien, bien, bien dur. Quand nous ne sommes pas drôles dans un épisode, vous êtes là, les critiques [coucou!] à nous le dire toutes les semaines. Moi, j'étais las de toujours chercher le punch. La comédie, il faut que ça soit drôle avant tout. Dans le drame, il y a quelque chose de plus universel», constate Richard Blaimert, qui a aussi créé la série dramatique Un monde à part.

Nouvelle adresse, déclinée en 12 épisodes d'une heure, racontera la vie peu banale d'une chroniqueuse dans un grand quotidien, Nathalie Lapointe, mère célibataire de trois ados: Léa (14 ans), Émile (19 ans) et Romy (12 ans).

Voilà, cette Nathalie Lapointe, un peu à la Laura Linney dans The Big C, verra sa vie transformée assez radicalement. «Nathalie est divorcée depuis 10 ans. Elle a mis sa vie sentimentale de côté et a beaucoup donné aux autres», détaille Richard Blaimert. Comprendre: il est temps que Nathalie s'occupe d'elle-même. L'actrice qui incarnera Nathalie a été choisie, mais il reste des détails à son contrat à peaufiner.

En terminant, que pensez-vous que Richard Blaimert regarde ces temps-ci à la télé? The Following et Dexter. De son côté, Isabelle Langlois aime Unité 9 et House of Cards. Et ces deux auteurs, amis dans la vraie vie, ont tous deux détesté la troisième saison de Downton Abbey. Ils ont un peu raison là-dessus. Mettons que certaines invraisemblances, et des drames pas comiques du tout, ont fait déborder cette belle tasse de thé.

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C'est beau, l'île d'Antipasti. Ah, Les Écoulements! Prendriez-vous un latté, un pacino? Je ne me tanne pas de cette pub, même si elle roule depuis un certain temps déjà. Benoît et sa maman forment un duo incomparable. Leur assurance détachée et leur totale absence de doute les rendent encore plus rigolos.

JE L'ÉVITE

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Rihanna ou Justin Timberlake, ils le font tous. Ils lancent un disque dit normal puis nous arrivent avec la version «deluxe» du même album, qui coûte plus cher, bien sûr, et qui ne contient que deux nouveaux titres «exclusifs» ainsi quelques remixes boboches. C'est bien beau vouloir soutirer de l'argent aux fans, mais il y a des limites à ce marketing agressif.