L'affront a été évité de justesse. Le gala du meilleur du cinéma québécois a rameuté 620 000 curieux sur les ondes de Radio-Canada dimanche soir. Le gala du pire du cinéma québécois a intéressé 611 000 personnes jeudi soir à Infoman. Un minuscule écart de 9000 téléspectateurs entre les deux.

Malgré la faiblesse générale de la cérémonie pilotée par Rémy Girard, la fête des Jutra a décroché un meilleur pointage que celle de l'an dernier. En 2012, la soirée chauffée par Sylvie Moreau et Yves P. Pelletier avait intéressé 570 000 cinéphiles, environ quatre fois moins que la finale masculine de Star académie à TVA (2 337 000). En 2011, 857 000 téléspectateurs ont regardé les Jutra, contre 954 000 fidèles au poste en 2010. Une tendance baissière, analyseraient les collègues de l'économie.

Pour un spectacle dominical de qualité, il fallait plutôt syntoniser La voix à TVA, qui démarrait sa ronde des prestations en direct. En parfaite maîtrise de son plateau bling-bling, Charles Lafortune paraissait beaucoup plus à l'aise, et moins coincé dans un carcan, que lors des premières émissions, toutes préenregistrées. Le direct le sert très bien et 2 548 000 mélomanes en ont été témoins.

Car ce n'est pas évident de faire réagir, à chaud, des candidats qui vivent une immense déception ou un grand bonheur. Charles Lafortune trouvait toujours le ton juste.

J'ai souri quand le maître de cérémonie a gentiment, mais fermement, remis Jean-Pierre Ferland à sa place après une série de commentaires vaseux sur les prestations de Jean-Sébastien Lavoie et de Maria Janice Galvez. Le téléspectateur ne savait plus trop qui Jean-Pierre avait préféré entre ses deux protégés. Et ça s'étirait inutilement. Le grand Charles a dû ramener M. Ferland à l'ordre.

Par contre, Charles Lafortune a développé un tic de langage très agaçant dimanche: il ne cessait de répéter le mot «bravo». Si nous avions tous pris une gorgée de bière à chacun des bravos prononcés par Charles Lafortune, le Québec aurait sombré dans un profond coma éthylique.

Dernier truc à propos de dimanche: avec-vous vu les atroces pubs du commanditaire Cineplex pour ses salles Ultra AVX pendant les Jutra? Une vraie honte pour la langue française. Dans un micro-trottoir, on y entendait des clients confier que «l'écran est vraiment plus grande (sic)» et que les «bancs étaient super nice, là». Retirez-moi ça des ondes au plus sacrant. C'est gênant.

Des Bobos français?

Vous l'avez appris ici en primeur la semaine dernière: la comédie de Télé-Québec Les bobos reviendra à l'antenne en septembre dans une version écourtée à 12 épisodes de 30 minutes (au lieu des 24 de cette saison). Raison? Marc Labrèche ne peut s'y investir davantage, car il part en tournée internationale avec la pièce Les aiguilles et l'opium de Robert Lepage.

La saison des Bobos a pris fin vendredi soir sur deux révélations étonnantes. Pour la première fois dans la jeune histoire de cette comédie, Étienne et Sandrine ont montré l'intérieur de leur maison du Plateau, un grand loft blanc épuré meublé en Montauk. Aurait-il pu en être autrement? Ensuite, nous avons également appris qu'Étienne Maxou est le papa d'une fille adulte, Juliette Maxou, une «tendanceuse junior» interprétée par la «vraie» fille de Marc Labrèche, Léane Labrèche-Dor. Excédée par l'attitude «de merde» de Juliette, Sandrine (Anne Dorval) a hurlé plus d'une fois qu'elle n'était pas la mère biologique de cette enfant blasée.

La boîte Zone 3 a aussi vendu le concept des Bobos, créé par Marc Brunet et Marc Labrèche, à une firme française (Kabo Productions), qui désire en concocter une version européenne. Dossier à suivre. Des bourgeois bohèmes à Paris, ça pourrait être franchement rigolo. Depuis leur arrivée l'automne dernier, Les bobos rejoignent en moyenne 195 000 téléspectateurs, tous les vendredis soir.