Je vous comprends de poser cette question de façon régulière depuis plusieurs années déjà: comment la firme BBM fait-elle pour affirmer précisément que le téléroman L'auberge du chien noir a été regardé par 1 008 000 adeptes lundi soir?

Ces chiffres, qui prennent énormément d'importance dans notre petit monde de la télévision, représentent encore un mystère - vraiment facile à résoudre, vous allez voir - pour bien des gens. Le temps est venu de dissiper toutes vos interrogations, chers lecteurs curieux.

Pour résumer rapidement, dites-vous qu'une cote d'écoute, ce n'est ni plus ni moins qu'un sondage. Exactement comme tous ceux qui évaluent de quel côté les électeurs vont pencher au fédéral ou au provincial.

Car non, BBM ne compile pas tous les soirs tous les signaux provenant de tous les téléviseurs du Québec. Ça serait impossible. Comment ça fonctionne, alors? Très simple. BBM se fie à un groupe de 900 foyers francophones répartis un peu partout au Québec. De ces 900 foyers, 500 sont à Montréal. Et avec une moyenne de 2,2 personnes par foyer, BBM estime que son échantillon réunit 2000 participants.

La composition de ce groupe a été faite selon des règles hyper précises (âge, sexe, lieu de résidence, etc.), pour qu'il représente une version à petite échelle de la province de Québec. Et avant que vous ne posiez la question: non, vous ne pouvez pas soumettre votre nom à BBM pour faire partie du groupe. Ces gens ont été choisis au hasard à partir de différentes listes de numéros de téléphone, privés comme publics.

Poursuivons. Chacun des 2000 membres du groupe, dont tous les enfants de plus de 2 ans, porte en tout temps un petit téléavertisseur en plastique noir qui capte, minute par minute, tous les signaux de ce qu'ils regardent, peu importe s'ils se trouvent dans leur salon, chez leur belle-mère ou dans un bar sportif.

À la fin de la journée, les cobayes de BBM déposent leur «pagette» sur un petit socle, qui transmet leurs données d'écoute au serveur de BBM. En analysant les résultats fournis par le groupe, BBM fait ensuite des projections pour l'ensemble du Québec. Par exemple, si 20 % des gens ont regardé Tout le monde en parle, alors 20 % du bassin de téléspectateurs devant leur poste ce dimanche soir-là aura regardé Tout le monde en parle. C'est ainsi que se fait le calcul de la cote d'écoute.

Non, la majorité des visionnements en ligne, comme ceux provenant de Tou.TV, n'entrent pas dans les chiffres officiels de BBM. Pourquoi? Parce que le consommateur sur le web n'a pas été exposé aux mêmes publicités que celui qui a capté l'émission en direct.

Par contre, 10 jours après la parution de la première cote d'écoute, BBM publie les «données confirmées» des émissions, qui comprennent les enregistrements. Oui, un enregistrement peut gonfler une cote d'écoute. Par contre, le cobaye doit regarder l'émission enregistrée dans les sept jours suivant sa diffusion originale. Après une semaine, l'écoute en différé ne compte plus. Elle est déjà périmée.

Autre précision: les cobayes de BBM ne reçoivent qu'une rémunération symbolique pour leur travail. Leur participation est totalement volontaire et BBM dispose d'une bonne banque de candidats prêts à remplacer les démissionnaires.

Bref, c'est donc sur les épaules d'un petit groupe d'environ 2000 Québécois que repose toute l'industrie de la télévision québécoise et ses dizaines - voire centaines - de millions de dollars. Parce qu'une cote d'écoute, ça sert uniquement à fixer les tarifs publicitaires par tranche de 15 ou 30 secondes.

BBM garde évidemment confidentiels les noms des membres de son groupe pour éviter toute forme d'ingérence. Imaginez les pressions que ces gens pourraient subir si leur «profession» était connue du grand public.

Ça pourrait ressembler à: «Toi, tu es bien mieux de regarder TVA tout le temps, sinon on va te forcer à assister aux enregistrements de La poule aux oeufs d'or pendant un an.»

Entendre crier à répétition l'enveloppe, non l'oeuf, non l'enveloppe, non l'oeuf, non l'enveloppe, il y a de quoi céder aux menaces. Même à la plus inoffensive.

Je lévite

Anne Hathaway dans Les Misérables

D'accord, son rôle (celui de Fantine, la mère de Cosette) est relativement court dans le long métrage. Mais sa fragilité et son intensité dans la séquence où elle chante I Dreamed a Dream, tournée d'une traite, valent amplement le prix du billet. Anne Hathaway est épatante. Et elle a tout pour elle.

Je l'évite

Russel Crowe dans Les Misérables

Doux Jésus que l'acteur australien, qui joue le «méchant» inspecteur Javert, a l'air de trouver très pénible le fait de devoir chanter la plupart de ses répliques dans le film musical de Tom Hooper. Et quand Russel Crowe partage l'écran avec le talentueux Hugh Jackman, habitué de Broadway, ses piètres performances paraissent encore plus mauvaises. Grosse déception. Il gâche notre plaisir.