La demande a officiellement été déposée au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC): TV5 souhaite fractionner sa licence en deux pour exploiter la chaîne pancanadienne Unis, qui couvrirait l'ensemble des communautés francophones du pays, particulièrement celles à l'extérieur du Québec.

Le CRTC étudiera cette demande assez inusitée à la fin du mois d'avril. Il est en effet assez rare qu'une licence soit ainsi scindée en deux parties égales. Le groupe Pelmorex a obtenu ce privilège pour ses stations MétéoMédia et The Weather Network, de même que Télétoon pour l'exploitation d'antennes en français et en anglais.

TV5 réclame également la distribution obligatoire de son signal par tous les opérateurs du pays comme Bell, Vidéotron, Shaw ou Rogers. Le nerf de la guerre se trouve ici. En pénétrant dans tous les foyers canadiens câblés, TV5 toucherait encore plus de redevances, qui serviraient à financer toutes ses nouvelles émissions. Sans ces sommes supplémentaires, Unis ne vivra pas.

Ce désir d'expansion de TV5 risque de ne pas plaire du tout à Radio-Canada, dont c'est le mandat, justement, de balader ses caméras d'un océan à l'autre. Si elle voit le jour, la chaîne Unis ouvrira de petits bureaux dans les Maritimes, dans les Prairies et en Colombie-Britannique.

Et quels types de produits atterriront dans la grille horaire de cette chaîne Unis, destinée aux francophones hors Québec, mais qui s'intéressera aussi à ce qui se passe à l'extérieur de Montréal?

Des émissions pour enfants, des séries documentaires, des affaires publiques, de la téléréalité dans l'esprit de La ruée vers l'or, du cinéma, une dramatique jeunesse (à la Tactik) et une fiction pour adultes.

Environ les trois quarts de ce matériel devront avoir été manufacturés au Canada.

Pas question, cependant, de mettre en ondes des bulletins de nouvelles ou des événements de sport professionnel. Trop cher pour TV5.

Mais existe-t-il assez de producteurs indépendants n'étant pas établis à Montréal ou à Québec capables de fournir du matériel régional de qualité à Unis?

Bien sûr, assure la PDG de TV5 au Québec, Suzanne Gouin. TV5 pénètre actuellement dans 6,6 millions de foyers au Canada, dont 2,4 millions au Québec. La distribution obligatoire de TV5 pourrait gonfler le nombre total d'abonnés à 10 millions.

Suzanne Gouin se défend bien d'entrer en compétition avec les services français de Radio-Canada.

«Nous serons complémentaires. Et nous n'avons pas leurs moyens», constate la grande patronne de TV5.

Si le CRTC autorise cette division de licence, le contenu du TV5 original ne devrait pas bouger. Un projet similaire à Unis, la chaîne Accents, attend toujours un verdict du CRTC. Accents est propulsé par la Fondation canadienne pour le dialogue des cultures.

On me prend pour une Chinoise à la SRC

Elles s'appellent Julia, Flavie, Anne, Léa et Alice, et ont toutes été adoptées dans des orphelinats en Chine, au début des années 1990. La cinéaste Nicole Giguère, qui est aussi la maman adoptive d'Alice, a filmé sa propre fille et ses quatre camarades pendant trois ans à l'adolescence. Comment ces ados, qui ont vécu l'abandon à un très jeune âge, traverseront-elles cette période cruciale de leur vie?

Radio-Canada présentera demain soir (21h) la démarche très intime de Nicole Giguère, dont le beau film documentaire s'appelle On me prend pour une Chinoise.

Vous verrez que c'est loin d'être un conte de fées pour ces femmes en devenir. Pour Flavie, la recherche d'elle-même l'a conduite vers la dépression et la drogue. Léa a souffert «d'anorexie mentale». Alice a éprouvé de gros problèmes d'attention. Rien de tout ça n'est cependant misérabiliste. Les cinq filles s'en sortent et ne perdent jamais espoir.

On me prend pour une Chinoise est, en quelque sorte, la suite d'Alice au pays des gros nez, sorti en 2003. À voir.

Du Canal Vie à Radio-Canada

En excluant les nombreux succès de Chantal Lacroix, les émissions québécoises de type «nouvel âge», qui promettent de changer le destin de ses participants, ratent souvent leur cible. Le projet Ici et maintenant de Pénélope McQuade n'a pas très bien fonctionné. Radio-Canada remet ça avec Oser une autre vie, une série pilotée par Chantal Fontaine qui offrira la possibilité à neuf participants de changer de vie. Rien de moins.

Toutes les semaines, Chantal Fontaine présentera un mentor qui guidera le candidat à travers une série d'épreuves et de défis, question de vérifier s'il est prêt à chambouler son quotidien. Cette opération «changement» démarrera au printemps à la SRC. Vous pouvez vous y inscrire sur le site web de Radio-Canada.

Et si ça commençait bien?

Belle surprise pour V lundi soir. La première diffusion de l'émission à sketches Et si? a suscité l'enthousiasme de 722 100 téléspectateurs. La comédie de V a ainsi battu 30 vies à Radio-Canada (594 000). À TVA, la première émission quotidienne de La voix, dont le contenu était plutôt faible, a été suivie par 1 479 000 fidèles. Yamaska (1 257 000) et Toute la vérité (1 239 000) ont facilement franchi le cap du million.