«Je commence ma nouvelle carrière. Je vieillis et je joue d'autres rôles. J'aime les rides. J'aime les femmes qui vieillissent.»

À 72 ans, la comédienne Louise Latraverse, ni remontée, ni injectée, ni soufflée, s'inscrit à contre-courant du mouvement hollywoodien voulant que, pour réussir au grand écran comme au petit, une vedette doit a) absolument taire son année de naissance et b) toujours paraître 20 ans de moins. D'où toutes ces amitiés parfois satisfaisantes, mais souvent catastrophiques avec les Radiesse, Juvéderm et Botox.

«Moi, j'ai toujours dit mon âge. Je n'ai rien caché. Avoir 70 ans, c'est la plus grande liberté qui soit. Tu n'as plus à te soucier de ton physique. Tu rentres pas mal plus dans ton personnage et tu as beaucoup moins de filtres», explique Louise Latraverse, qui donne vie à une formidable grand-mère excentrique dans Mauvais karma à Radio-Canada.

Malheureusement, les bonzes des studios ne partagent pas cette vision naturelle et moins taxidermiste du corps féminin. Un essai paru dans le Vanity Fair en mai dernier met précisément le doigt sur la cicatrice: le cinéma américain commercial - on ne parle pas de films d'auteur, ici - ne sait plus quoi faire avec ses actrices dites «vieillissantes». Et c'est la télévision qui les sauve de l'oubli en leur offrant des rôles fantastiques.

Regardez ce qui arrive aux Kate Hudson, Drew Barrymore et Reese Witherspoon. Trop âgées pour jouer dans des comédies romantiques où elles ont d'abord brillé, mais trop jeunes (ou trop retouchées?) pour incarner des mères de famille, elles glissent entre les «craques» de la grosse machine à stars et disparaissent des écrans.

À l'opposé, les Brad Pitt, George Clooney et Johnny Depp ont incarné les tombeurs juvéniles, puis migré, sans que personne n'examine la profondeur de leurs pattes d'oie, vers des rôles d'hommes plus mûrs. Au Québec, Roy Dupuis est passé d'Ovila Pronovost au papa des Rescapés quasiment en claquant des doigts. Deux poids, deux mesures, dites-vous? Absolument.

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C'est ici que les créateurs de télé, qui concoctent des oeuvres pas mal plus brillantes que 98% des producteurs de cinéma commercial, ont eu l'intelligence d'exploiter ce filon abandonné par Hollywood: ils ont mis en ondes des séries captivantes centrées sur des femmes d'âge mûr. Pas des petites jeunesses de 20 ou 30 ans. Non. Des actrices qui font leur âge et qui enfilent les vêtements de personnages de leur âge.

Pensez à Glenn Close dans Damages, à Edie Falco dans Nurse Jackie, à Madeleine Stowe dans Revenge, à Laura Dern dans Enlightened, à Kyra Sedgwick dans The Closer, à Mireille Enos dans The Killing ou à Laura Linney dans The Big C. Toutes des actrices de grand talent, absentes du grand écran, qui ont déniché des rôles complexes, riches et stimulants à la télévision.

«Au cinéma, on ne voit plus beaucoup de femmes d'un certain âge. La télévision sert beaucoup mieux les femmes plus vieilles. Et actuellement, les séries télé sont formidables. Shirley MacLaine, qui sera dans Downton Abbey, n'aurait jamais accepté de jouer à la télé il y a 10 ans», constate Louise Latraverse.

C'est autour de l'âge de 50 ans que les choses se compliquent pour une comédienne, poursuit Louise Latraverse. «À 50 ans, personne ne sait où te placer. Tu as encore ta beauté, mais ton corps change. C'est très difficile. La télé veut des jeunes. C'est partout comme ça dans le monde. Pourtant, il y a une couche de la société qui vieillit et qui va vivre encore longtemps», dit-elle.

En effet. L'âge moyen d'un téléspectateur de TVA et Radio-Canada dépasserait les 50 ans. Évidemment, comme les annonceurs visent des cibles plus jeunes, les réseaux multiplient les entourloupettes pour se rajeunir et attirer les acheteurs de voitures ou d'électroménagers.

Est-ce une bonne idée que de fabriquer de la télévision pour des gens qui, traditionnellement, ne regardent pas la télévision? La même question se pose dans l'industrie des journaux: publie-t-on un quotidien pour ses lecteurs les plus fidèles, donc plus âgés? Ou devrait-on concentrer ses efforts sur les plus jeunes, qui lisent peu et presque uniquement sur des supports numériques, mais qui formeront le lectorat de demain?

La solution est loin d'être simple. «Moi je dis qu'il faut assumer son âge. Et il ne faut pas essayer de résister», tranche Louise Latraverse.

Excellente suggestion. Sauf que pour la réaliser, il faudra un changement draconien des mentalités. Et jusqu'à présent, aucun chirurgien n'a réussi cette opération.

Pour joindre notre chroniqueur: hdumas@lapresse.ca

JE LÉVITE

La finale de The Killing 2


Depuis le tout dernier épisode de Six pieds sous terre, que j'ai revu à peu près 17 fois, c'est probablement le segment le plus émouvant et le plus lumineux à traverser mon écran plasma. Un superbe moment de télé. Par contre, est-ce que je me repasserais 25 épisodes d'une heure de The Killing pour y arriver? Pas certain.

JE L'ÉVITE

La chanson Tacata du duo Tacabro


CKOI la fait tourner en boucle. Rythme-FM aussi. C'est insupportable, vraiment. «Dale mamasita con tu tacatà, dale mamasita tacatà.» Et l'aliénation se répète et se répète: «Dale mamasita con tu tacatà, dale mamasita tacatà.» Encore? «Dale mamasita con tu tacatà, dale mamasita tacatà.» Il y a des jours où l'on s'ennuie de la profondeur des paroles de la Macarena, c'est tout dire.