Bon, débutons avec une question fraîche, toute neuve, jamais déballée en public : y a-t-il trop de galas au Québec?

C'est vrai, le Québec adore couvrir ses vedettes de Félix, de Gémeaux, de Jutra, d'Artis, d'Aurore chez Infoman, de zapettes d'or à ARTV ou de battes d'or dans le garage du gros cave sur les ondes de V. Sans oublier les Genie et les Juno, où plusieurs artistes de chez nous décrochent une ribambelle de nominations.

Ce n'est pas tant la quantité de cérémonies qui dérange ici, mais leur qualité, qui oscille trop souvent entre les niveaux «beige» et «drabe foncé» selon le type de trophée remis.

En septembre, Véronique Cloutier a concocté un gala des Gémeaux correct, sans plus. Même constat pour Louis-José Houde à la barre de l'ADISQ : excellente maîtrise de l'animation, mais aucun moment frissonnant n'a traversé sa soirée.

En fait, la saison des galas 2011-2012, qui se conclut demain soir avec la quatrième fête des Olivier orchestrée par les Chick'n Swell, se résume à ceci : les lauréats nous impressionnent peu avec leurs discours de remerciement.

Saluer son public, c'est un art - perdu - qui, pourtant, se pratique et se développe. C'est une tribune exceptionnelle pour livrer un message émouvant ou percutant, surtout en cette période de bouillonnement intense. Un bon remerciement, c'est ce qui fait battre le coeur d'une remise de prix.

Donc, chers humoristes finalistes, préparez-vous un peu d'avance, s'il vous plaît. Vous collaborez tous avec des scripteurs brillants. Ils sauront vous rédiger quelques lignes punchées ou une poignée de gags bien à propos. Sinon, soyez naturels, tout simplement. Non, oubliez ça. Allez-y avec le scripteur, c'est moins risqué.

Depuis quelques années, les soirs de galas ont perdu leur côté éclaté et, avouons le, leur parfum de scandale. Pourquoi ne voyons-nous plus de lancers de trophée à la Guy A. Lepage, de sorties virulentes de Luc Plamondon ou de refus de trophée à la Céline Dion, qui n'est vraiment pas une artiste anglophone, O.K.?

Pas besoin d'en jeter autant pour offrir de la bonne télé aux fans. Rappelez-vous le superbe discours de Louise Latraverse, en 2007, quand elle a été couronnée pour son rôle dans La promesse. «J'ai 67 ans, je ne suis pas remontée, ce qui est rare de nos jours, alors ça vaut très cher», avait-elle déclaré, l'air triomphant. Quel moment savoureux.

Un gala qui couvre un petit milieu comme celui de l'humour a cependant cet effet pervers : bien souvent, les mêmes visages reviennent au micro deux, trois ou quatre fois dans la soirée. Pas évident, par exemple, pour une Lise Dion de se renouveler à chacune de ses présences sur scène. C'est complètement différent aux Oscars où le gagnant, qui attend cet instant depuis des lunes, serre probablement son premier et son dernier Oscar à vie, à moins de s'appeler Meryl Streep. Alors, l'oscarisé pleure, tremble ou fait une danse de Saint-Guy, au grand bonheur des téléspectateurs.

Alors, qui demain soir risque de prononcer une allocution devant un parterre de comiques conquis? Dans les comédies à la télé, ça se jouera entre Tout sur moi, Mauvais karma et Les Parent. Pour une dernière fois, je prédis Tout sur moi, les champions de l'an dernier, qui brillaient toutefois par leur absence pour cause de tournage. Macha, Éric et Valérie, on veut vous entendre cette année.

Chez les variétés humoristiques, croyez-vous que le Bye Bye 2011 éclipsera Infoman ou Un gars le soir? Sans doute. Mention spéciale à Jean-François Mercier, qui donne un sérieux coup de pouce à la relève en humour avec ses segments «les nobody». Je regarde souvent le gros cave et son émission s'est drôlement améliorée.

Comme il s'agit du dernier gala bricolé par les Chick'n Swell, je propose déjà Jean-François Mercier comme animateur des Olivier en 2013. Avec lui, on risque d'être choqués, certainement, mais on ne va pas s'ennuyer.

Je lévite

Avec Little Broken Hearts de Norah Jones. La talentueuse musicienne américaine range ses habits de matante Starbucks et se détache graduellement de son surnom de Snorah Jones, qui lui a été attribué parce que ses ritournelles facilitaient le sommeil. Avec ce nouvel opus, plus sombre, moins propret, Norah Jones accompagne parfaitement les matinées pluvieuses avec bol de café au lait fumant ou les chaudes soirées d'été avec bouteille de blanc bien frais.

Je l'évite

La publicité pour les assurances Desjardins. Celle où un gars pas mal tata, en bobettes, parle à une «madame» en portant son nouveau casque de motocyclette équipé d'un bluetooth. Imaginez le contraire maintenant : c'est une femme en sous-vêtements qui joue à la nunuche et qui se fait remettre à sa place par son conjoint condescendant, hyper paternaliste. Est-ce qu'on la trouverait aussi rigolote, cette pub?