Le générique d'ouverture est magnifique. Les images et l'habillage visuel sont superbes. Les 10 danseurs sélectionnés, et supervisés par Nico Archambault, débordent d'enthousiasme et bougent admirablement bien.

Pourtant, après le visionnement du premier épisode d'Ils dansent, que Radio-Canada présentera le mercredi 14 septembre à 21h, une question lourde flottait dans l'air: allons-nous accrocher à ce docufeuilleton et y revenir semaine après semaine? Contrairement aux Chefs! , à Occupation double ou à Star Académie, Ils dansent n'éliminera aucun des candidats pendant leur apprentissage, ce qui anéantit toute forme de suspense. Les 10 chanceux apparaîtront tous dans le 13e et dernier épisode de la saison, sans jamais avoir été mis sur la corde raide.

Pour un téléspectateur, l'aspect «élimination» procure inévitablement son lot de frissons cathodiques. Pensons aux duels si tendus et stressants dans Les chefs! ou à l'adrénaline qui pousse un participant en danger à chanter sa vie à Star Académie. Voilà ce qui fabrique de la bonne télévision.

Radio-Canada prend le pari que les fans d'Ils dansent s'attacheront aux 10 jeunes hommes et qu'ils voudront suivre leur progression pendant cette formation intensive que leur prodigueront des pros de la danse. C'est une stratégie risquée. Mais, bon.

Ils dansent, c'est en fait un gros camp d'entraînement. Toutes les semaines, les danseurs répètent une chorégraphie, qu'ils exécutent ensuite dans un milieu urbain. Le premier épisode explore le hip-hop, dans un numéro que les gars feront, à la toute fin de l'émission, sur des conteneurs au port de Montréal. Ils toucheront plus tard au tango, à la valse, au contemporain et même au flamenco.

La présentation des heureux élus, dont l'âge oscille entre 18 et 26 ans, ne gruge pas trop de temps d'antenne de la première heure d'Ils dansent. La cohorte 2011 est très diversifiée et multiethnique. Beaucoup de charisme à l'écran. Le plus intéressant, c'est quand un des professeurs sort ces apprentis de leur zone de confort. Attendez de les voir enfiler des chaussons de ballet et enchaîner les positions de base. Seul Nicholas, qui a suivi une formation en ballet, s'en sort indemne. Côté danse de rue, Nicholas apprendra à peaufiner son «swag».

Comme à Star Académie, un corps professoral encadre les danseurs, qui, précisons-le, ont tous de l'expérience dans ce domaine. Il y a des enseignants de hip-hop, d'acrobaties, de techniques au sol, de danse classique, de «ball-room», de sauts et de tours et même d'interprétation (avec le comédien Normand D'Amour).

C'est Éric Morin, un ancien de Mange ta ville à ARTV, qui a confectionné la jolie imagerie d'Ils dansent. Quant à nos candidats, il faudra voir si leur passion et leur volonté d'apprendre seront suffisantes pour nous coller à nos téléviseurs les mercredis soir. Pour l'instant, ça manque un peu de croustillant.

Le Pick-up, de quessé?

Oui, il s'agissait d'un pilote, d'un ballon d'essai, afin de vérifier comment les téléspectateurs réagiraient à ce Pick-up, sorte de croisement entre Glee et Épopée Rock, mais campé au terminus d'autobus de Longueuil.

Lundi soir, la surprise a été totale quelques secondes après la finale des Chefs!. Sans aucune publicité ni mise en contexte, Radio-Canada a diffusé cette comédie musicale à petit budget, couchée sur des chansons de Luc De Larochellière. Rapidement, les réseaux sociaux ont explosé de commentaires vitrioliques: de quessé? Car il est extrêmement rare qu'un réseau québécois teste, sans trop d'avertissement, des produits de cette façon.

La SRC qualifie Pick-up d'ovni télévisuel et s'attendait à encaisser les critiques, question d'améliorer l'émission. «Pour moi, c'était un pilote hautement diffusable. Nous étions fiers du produit», assure la directrice générale de la télé de Radio-Canada, Louise Lantagne.

Le concept de Pick-up, élaboré par Joël Legendre et la productrice Marie Brissette (Les Appendices, Les moquettes coquettes), consiste à revisiter en une demi-heure le répertoire d'un artiste québécois sous forme de comédie musicale. Le tout, planté dans un lieu public et en empruntant un peu la mécanique du film Across the Universe de Julie Taymor.

«Ç'a suscité beaucoup de curiosité. Ce n'était pas parfait, c'est sûr, c'était un pilote», indique la responsable des variétés de Radio-Canada, Francine Allaire.

Honnêtement, ça paraissait beaucoup trop qu'il s'agissait d'un pilote. Les chansons de Luc De Larochellière ont été bêtement plaquées sur un scénario invraisemblable aussi mince qu'un billet d'autocar. Pas une seule seconde on ne croyait au personnage de chef de gare interprété par Joël Legendre. Seule note positive: Jason Roy-Léveillé chante bien. Maude Guérin aussi.

Pick-up (comme dans tourne-disque) est un titre de travail. Et Radio-Canada n'a pas encore déterminé si elle en achèterait une série d'épisodes. Si Pick-up revient, tous les comédiens, à l'exception de Joël Legendre, changeront au fil des semaines. Même chose pour les lieux. Par exemple, on pourrait tourner l'épisode hommage à Robert Charlebois dans une boîte à chansons. En espérant - très fortement - que le tout paraîtra un peu moins amateur dans nos salons.