Si vous suivez assidûment la télé américaine ou, à une échelle plus locale, la télé québécoise, vous avez détecté ce phénomène depuis plusieurs saisons déjà: la prolifération des antihéros. C'est fou comme il y en a partout, partout, partout.

Au petit écran, comme le souligne le magazine Newsweek, il n'y a plus de place pour les vilains détestables ni pour les chevaliers admirables. C'est donc Tina Turner qui avait raison: «Nous n'avons pas besoin d'un autre héros.» Car les scénaristes et les chaînes en pincent présentement pour les antihéros tourmentés, limite borderline, qui vivent selon leur propre morale et qui n'hésitent jamais à faire des gestes illégaux au quotidien. Ni noirs ni blancs, ces nouveaux personnages flottent et baignent dans le gris. Dans la superbe série Weeds, la vendeuse de pot Nancy Botwin (excellente Mary-Louise Parker) téléguide l'assassinat d'un rival, ferme les yeux sur le trafic d'immigrants mexicains, épouse un narcotrafiquant et aspire même ses deux ados dans le crime organisé. L'aime-t-on moins pour cela? La juge-t-on pour ses choix de vie, disons, peu orthodoxes? Que non. Nancy reste une des femmes les plus attachantes du petit écran.

Dans Dexter, le personnage central est un tueur en série sadique qui dépèce ses victimes avec un attirail de boucher psychopathe. Lui reproche-t-on ses crimes violents? Remet-on en question la légitimité et la légalité de ses gestes? Non. Parce que, avant d'assassiner, Dexter Morgan (Michael C. Hall) s'assure que sa proie mérite de mourir selon un code moral très bien défini. Voilà pourquoi. Tony Soprano (étonnant James Gandolfini) a marqué cet univers des antihéros télévisuels. Brute le jour, papa de deux enfants le soir, assassin le midi, amoureux de Carmela la nuit (qu'il a pourtant trompée avec tout le New Jersey), le grand Tony a navigué si aisément entre le Bien et le Mal qu'il nous a forcés à réévaluer nos propres notions de ce qui est correct ou pas.

Dans Mad Men, le vernis parfait de Don Draper (Jon Hamm) a rapidement craqué pour révéler un être extrêmement sombre. Dans Breaking Bad, le prof cancéreux Walter White (Bryan Cranston) s'enfonce dans la production de crystal meth, mais il le fait pour assurer un avenir à sa famille. Est-ce plus acceptable si la criminalité, sous une forme ou une autre, sert à faire le bien? En télé, oui. Et ne parlons pas de Jack Bauer de 24, ce super agent du CTU qui a tordu et enfreint à peu près tous les codes criminels de tous les pays du monde. Pourtant, on le vénère, notre courageux Jack. Bof, si deux ou trois actes de torture injustifiés peuvent sauver la planète, pourquoi pas? Voilà où nous transportent ces personnages complexes: dans des zones morales grises.

Au Québec, la famille Bougon, qui gravitait en marge du système selon ses propres règles, a parfaitement incarné ce phénomène d'antihéros. Dans Trauma, à peu près tous les médecins, sauf peut-être le Dr David Roche (Christian Bégin), trimbalaient des bibittes. Ils étaient alcooliques, grugés par les remords ou traumatisés par leur enfance douloureuse. Dans Mirador, le personnage qui se rapproche le plus de la notion classique du héros, Philippe Racine (Patrick Labbé), était lui aussi loin d'être blanc comme neige. Pourquoi adopte-t-on aussi facilement ces antihéros gris souris? Parce qu'ils se trompent, parce qu'ils ont des failles comme nous, parce qu'ils font des gestes que nous n'oserions jamais exécuter? Peut-être. Le problème, c'est que les Dexter, Jack et Nancy échouent rarement et ne se font jamais pincer, contrairement au commun des mortels, qui, suivant la courbe dramatique de ces antihéros, aboutirait en prison le temps de crier Miradooor! Vive la télé (non) réalité. Je lévite Avec Marina&The Diamonds. Si vous planez déjà avec Regina Spektor, Florence&The Machine, Goldfrapp ou Little Boots, vous allez adorer cette chanteuse britannique de 24 ans. Téléchargez Oh No! pour débuter. Ensuite: Hollywood. Je l'évite Les pubs de Décor Parent à Canal Vie.

À mi-chemin entre l'infopub traditionnelle et le court métrage, ces segments mal foutus et calqués sur Décore ta vie embrouillent encore plus, malheureusement, les frontières entre le vrai contenu télé et la plogue gratuite. Désolant.