Rock & Rolland: télé baby boomers

C'est la grande question qui flottait hier midi après le visionnement de trois épisodes de la nouvelle comédie de TVA Rock & Rolland: quel public s'y accrochera?

Difficile d'imaginer que des téléspectateurs de 20, 30 ou même 40 ans se brancheront sur les péripéties de ces deux nouveaux retraités, soit Rock (Michel Barrette), 56 ans, et Rolland (Julien Poulin), 58 ans. Non pas que c'est mauvais. Mais mettons que les problèmes de vertèbres et d'hernies de deux baby-boomers en fin de carrière professionnelle, ça ne plaira pas nécessairement à la clientèle qui fréquente C.A. à Radio-Canada.

Pour forger votre propre idée sur Rock & Rolland, allumez votre téléviseur à TVA mardi, à 20 h, pour la présentation spéciale de deux épisodes de cette comédie signée Sylvain Roy (Un gars, une fille) et Joanne Arseneau (Tag, François en série). Le premier installe lentement l'intrigue au party de retraite de Rolland, un érudit prof de socio, ex-membre d'une commune et marié à une brillante collègue (Isabelle Vincent) 10 ans plus jeune que lui.

Par un drôle de hasard, Rock se trouve dans le même hôtel que Rolland, où il célèbre la vente de sa compagnie d'enseignes lumineuses pour 4,2 millions. Rock n'a pas fréquenté l'université, croit que l'OSM est une ligue de soccer et n'a jamais vraiment lu de grands romans.

Bref, Rock et Rolland vivent sur deux planètes totalement différentes, mais leurs destins se croisent ce soir-là, alors qu'ils entament tous deux leurs «grandes vacances». Rapidement, ces deux inconnus «connecteront». La série repose essentiellement sur ce tandem complice: qu'apportera Rock à Rolland et Rolland à Rock? Un lien très particulier, que vous découvrirez au deuxième épisode, lie d'ailleurs les deux protagonistes depuis plus longtemps qu'ils ne se l'imaginent.

Sur le plan du jeu, rien à dire sur les performances de Julien Poulin et Michel Barrette. Et toute la distribution qui les entoure n'a pas à rougir non plus, notamment Monique Mercure et Béatrice Picard en mères de Rolland et Rock, ainsi que Pierre-François Legendre qui se glisse dans la peau du fils de Rock, un éducateur en garderie.

Le problème? C'est le sujet même de Rock & Rolland: les tourments de la retraite, l'impression de vide devant ces journées sans travail, la vieillesse qui grignote la santé ou l'insécurité financière à l'aube des vieux jours. Si ça ne vous allume pas, vous trouverez ces demi-heures bien longues. À ce sujet, les textes pourraient «puncher» un peu plus, question d'harponner les fans moins convaincus.

Néanmoins, TVA croit beaucoup au projet et a même déjà commandé une deuxième saison de 20 épisodes pour 2010-2011. Les fans de Monique Mercure abandonneront-ils Providence pour la suivre chez Rock & Rolland à l'autre poste? Pas certain.

Formats de 60 minutes recherchés

La tendance lourde au secteur des dramatiques de Radio-Canada présentement? Des émissions qui durent 60 minutes. Exit les demi-heures. Les patrons préfèrent des heures complètes, plus faciles à glisser dans une grille de programmation.

Prenons l'exemple de la nouveauté Les rescapés, une série fantastique mettant en vedette Roy Dupuis et Guylaine Tremblay, dont les 13 épisodes de 30 minutes ont été tournés l'été dernier. En visionnant les premières tranches des Rescapés, l'équipe des dramatiques de la SRC, ravie et emballée, a posé la délicate question: est-ce possible de confectionner des heures plutôt que des demi-heures? «Nous avons analysé plusieurs facteurs, comme si nous avions le temps et si les comédiens étaient tous disponibles. Et tout a fonctionné», note la productrice des Rescapés, Joanne Forgues, de Casablanca, qui a aussi supervisé Les Invincibles.

Les 13 demi-heures, pourtant prêtes à être diffusées, ont donc été raboutées pour former des épisodes de 60 minutes et l'auteur Frédéric Ouellet (Grande ourse) a dû accoucher rapidement de l'autre moitié de la saison. La deuxième partie du tournage, toujours sous la houlette de Claude Desrosiers (Aveux), s'enclenchera au printemps, pour une diffusion en septembre. Le téléspectateur ne sentira pas la coupure et le remaniement, jure Joanne Forgues. Les rescapés tournera autour d'une famille vivant en 1964 qui est mystérieusement catapultée en 2010.

C'est la même chose qui se déroule avec le projet de comédie dramatique Deux beux de Réal Bossé et Claude Legault, d'abord conçu en demi-heures. En parcourant les textes, la SRC a demandé si Bossé, Legault et la scénariste Joanne Arseneau pouvaient pondre des épisodes de 60 minutes. Deux beux racontera les mésaventures de deux policiers incapables de se blairer.

Remontée de la SRC

Après une première semaine décevante, les deux comédies de Radio-Canada Les boys et C.A. ont remonté dans les sondages BBM. Estimées à 680 000 et 784 000 téléspectateurs, les audiences des émissions ont respectivement grimpé à 1 113 000 et 789 000 adeptes lundi soir. À TVA, la reprise de Yamaska (648 000) a été battue par L'auberge du chien noir (1 101 000). Sur V, CSI: NY a intéressé 458 000 fans.