Sur le plateau d'un blanc immaculé, les techniciens de Trauma passent le moindre détail aux rayons X: le sang ressemble à du jus de raisin, il faudrait l'épaissir. Mettez un peu plus de sang - c'est en fait du sirop de maïs coloré - sur les gants de la chirurgienne Isabel Richer. Et n'oubliez pas ses lunettes de protection.

Vissé à son moniteur, le réalisateur François Gingras (Les soeurs Elliot, Casino, Fortier) n'en rate pas une non plus: «Il y des poils collés sur le tuyau (de succion), mauvaise idée pour une opération», glisse-t-il à l'équipe de tournage de la nouvelle série médicale de l'auteure et productrice Fabienne Larouche, que la SRC diffusera en janvier 2010.

Dans Trauma, le sang est peut-être faux, mais les équipements que manipulent les médecins du Centre hospitalier Saint-Arsène sont 100 % vrais. Ils ont été empruntés à la firme ConMed à Baltimore, puis déménagés temporairement, au coût de 25 000 $, dans un hangar des studios Mel's à Saint-Hubert, sur la Rive-Sud de Montréal. Ces rutilants joujoux médicaux, le dernier cri en matière de bloc opératoire, assure Fabienne Larouche, valent plus de 1,5 million. «Saint-Arsène, ce n'est pas un hôpital de religieuses ou de vétérans», note l'auteure de Virginie.

Saint-Arsène, c'est plutôt un centre de traumatologie comme Sacré-Coeur, dans le nord de Montréal, qui recueille les «multipoqués», les accidentés, les démembrés, etc. Tous les épisodes de Trauma débuteront de la même façon: le téléavertisseur de la chef du département de traumatologie, la Dre Julie Lemieux (Isabel Richer), vibre et sonne alors qu'elle vaque à ses occupations quotidiennes. Puis, c'est la bascule vers un monde où chaque seconde, chaque geste, influencent la vie du patient allongé sur la table du chirurgien.

«Les enjeux sont grands», constate le réalisateur François Gingras. «On voit les opérations, mais pas trop. Il faut que je sois capable de l'écouter», complète Fabienne Larouche, qui n'a jamais caché son côté hypocondriaque.

Trauma s'attardera aussi à la vie personnelle des médecins de Saint-Arsène, mais pas dans le style olé olé de Grey's Anatomy. «Trauma, c'est sexy, mais ce n'est pas sexe», remarque James Hyndman, qui enfile le sarrau du Dr Pierre Meilleur. «Ce sont d'abord et avant tout les cas médicaux qui nous propulsent dans la vie des personnages», enchaîne Christian Bégin, qui incarne le chef des urgences de Saint-Arsène.

Car ce qui branche Fabienne Larouche, c'est ce qui trotte dans la tête de ces super chirurgiens, qui jouent à Dieu sur une base quasi quotidienne. Comment réagissent-ils quand ils perdent un patient? L'auteure, qui dit avoir ajouté une dimension philosophique et éthique à Trauma, cite cet exemple: un pédophile quasiment battu à mort en prison est acheminé à Saint-Arsène. Le hic? Une photo du petit garçon qu'il a agressé est étampée sur sa poitrine. Que fait le chirurgien?

La beauté, la laideur, la foi, le néant, la témérité, la prudence, l'envie et le désir figurent parmi les thèmes explorés par Fabienne Larouche, qui a été initiée à la traumatologie, il y a une dizaine d'années, quand son mari Michel Trudeau a été victime d'une rupture d'anévrisme.

Le Dr Ronald Denis, chef de la chirurgie et directeur du département de traumatologie de l'hôpital du Sacré-Coeur, a d'ailleurs servi de consultant sur Trauma. C'est un ami personnel du couple Trudeau-Larouche. «Ces gens-là sont des héros», poursuit Fabienne Larouche.

Chacun des 10 épisodes de Trauma a coûté environ 710 000 $ l'heure. C'est beaucoup moins que Fortier, dont certains épisodes ont été tournés avec 945 000 $, ou Un homme mort, dont la facture clignotait à 850 000 $ les 60 minutes. «J'ai brisé mon cochon plusieurs fois», confie Fabienne Larouche. «Il n'y a plus de gros budgets. Heureusement que Sacré-Coeur nous a aidés», dit François Gingras.

Également dans la distribution, on retrouve Jean-François Pichette, Laurence Leboeuf, Pascale Montpetit, Catherine de Léan et Yan England. Gilbert Sicotte campera le chef du département de psychiatrie de Saint-Arsène, «la voix de la réflexion et de la sagesse», selon Fabienne Larouche.

Départ à La zone

Michel Villeneuve l'a annoncé à ses patrons de Radio-Canada: il quittera La zone à l'expiration de son contrat en juin 2010. La raison? Avec le renouvellement de son entente avec CKAC pour trois ans, où il pilote Les amateurs de sports du lundi au vendredi, Michel Villeneuve, 55 ans, ne souhaite plus mener deux émissions quotidiennes de front. «Je veux profiter de la vie. Je vais être grand-père dans deux semaines. Je veux une vie plus normale. Je ne veux plus travailler 16 heures par jour, cinq jours par semaine, pour des semaines de 80 heures», explique l'animateur en entrevue téléphonique.

Cette saison, La zone a perdu son vendredi de diffusion au profit de Six pieds sous terre. Et l'émission sportive a été raccourcie à 30 minutes.