Sa tante Janet Jackson aurait-elle dû l'en empêcher, la protéger et la soustraire au regard de centaines de millions de téléspectateurs? Difficile d'en juger. Peut-être que la mignonne Paris, 11 ans, souhaitait elle aussi, comme ses oncles Jermaine et Marlon, rendre hommage à son papa, le roi de la pop, que ses fans ont pleuré hier lors d'une longuette cérémonie de deux heures et demie?

Chose certaine, la première sortie publique de Paris Michael Katherine Jackson, une adorable fillette aux grands yeux clairs, aura arraché des larmes même aux coeurs les plus froids, les plus calcifiés, les plus durs. À la toute fin du service, Paris Jackson, vêtue d'une jolie robe noire à ceinture blanche, a empoigné micro et éclaté en sanglots sur la scène du Staples Center. «Je veux simplement dire que, depuis que je suis née, papa a été le meilleur père que l'on puisse imaginer. Je veux simplement dire que je l'aime énormément», a balbutié la fille du créateur de Thriller.

Comment ne pas refouler un sanglot devant cette gamine dévastée par la mort soudaine de son paternel? Comment ne pas vouloir étreindre cette fillette fragile que Michael Jackson a toujours, comme son frère aîné Prince et le benjamin Blanket, protégé des indiscrétions des paparazzis?

Rappelez-vous des foulards colorés et des loups à plumes que la star posait sur le visage de Prince, Paris et Blanket, des déguisements qui voilaient sa marmaille et qui leur permettaient de vivre plus «normalement», en supposant que le mot «normal» puisse exister dans l'univers du chanteur au gant pailleté.

Hier après-midi, Paris Jackson a retiré son masque devant toute la planète, rompant avec la tradition de discrétion imposée par son célèbre papa. Et une fois de plus dans son long historique de querelles épiques, le clan Jackson a vécu des émotions très intimes en public, devant des murs de caméras. La grande absente de la journée? La mère de Prince (12 ans) et Paris (11 ans), Debbie Rowe, une blonde infirmière de 50 ans que Jackson a rencontrée au cabinet de son dermatologue au milieu des années 80 et qu'il a épousée en novembre 1996. Leur union, qui ressemblait plus à une relation d'affaires qu'à une torride histoire d'amour, a pris fin en octobre 1999.

Âgé de 7 ans, Blanket Jackson (Prince Michael II de son vrai nom) est né d'une mère porteuse inconnue. En novembre 2002, c'est Blanket que Michael Jackson avait dangereusement agité au-dessus du vide à la fenêtre de son hôtel berlinois.

L'élément le plus triste dans ces adieux au chanteur excentrique n'a pas été le discours hyper émouvant de son amie Brooke Shields ni les larmes qui ont roulé sur les joues du chanteur Usher près du cercueil doré, mais bien de voir les trois enfants de Jackson quasiment abandonnés sur la scène et livrés en pâture aux médias voraces. Qui veillera sur Prince, Paris et Blanket maintenant que Michael a passé le gant à gauche?

Ces enfants orphelins n'ont jamais vraiment connu leur maman respective. Debbie Rowe a renoncé à tous ses droits parentaux en échange d'un chèque de plusieurs millions de dollars, tandis que la mère porteuse de Blanket n'a jamais été impliquée dans l'éducation de son fils.

Pour l'instant, c'est la mère de Michael, Katherine Jackson, 79 ans, qui a temporairement obtenu la garde de Prince, Paris et Blanket. Aussi en forme qu'elle peut l'être aujourd'hui, Mme Jackson ne vivra pas éternellement. Et la rumeur court que Debbie Rowe se battrait en cour pour récupérer officiellement trois enfants qu'elle connaît à peine. Quel gâchis.

Dans son testament, Michael Jackson n'a d'ailleurs rien réservé aux deux femmes qui ont porté ses enfants, répartissant sa fortune - ou ce qu'il en reste - comme ceci: 40 % à sa mère Katherine, 40 % à Prince, Paris et Blanket et le reste à des organismes de charité.

Pendant toute la durée de l'hommage qui, rappelons-le, se déroulait à l'intérieur d'un amphithéâtre plongé dans une lumière bleutée, tous les membres de la famille Jackson se cachaient derrière d'immenses lunettes fumées. Tous, sauf les enfants de l'icône de la musique urbaine. Un cruel revirement de situation pour ces trois petits êtres qui ont passé leur vie à se sauver des caméras et qui n'ont pas enterré hier une statue déboulonnée de son socle ou une vedette déchue, mais bien leur père.

Pour adoucir la cérémonie et la rendre moins aride, les organisateurs auraient dû couper les discours au ton plutôt agressif (Al Sharpton, Sheila Jackson Lee et les enfants de Martin Luther King), ceux qui ont abusé de notre patience (Berry Gordy, le fondateur de Motown) et les remplacer par de la musique. Encore de la musique. Et de la danse aussi. Pourquoi personne n'a pensé à souligner cet aspect festif et crucial dans la carrière de la star?

Le plus beau moment restera cette magnifique combinaison de We Are The World et Heal The World, entonnée d'une seule voix par les spectateurs et les artistes invités, qui ont propagé un message cher à Jackson: soigner la planète et en faire un meilleur endroit. Pour toi, pour moi et pour toute l'humanité.

 

Photo: Reuters

Des membres de la famille Jackson ont ajusté le micro pour permettre à la fille du roi de la pop, Paris Michael Katherine Jackson, de livrer un bref mais vibrant hommage à son célèbre père. Des propos qui ont chamboulé même les coeurs les plus endurcis.