Beaucoup de cynisme et de scepticisme flottent autour de Bernard Lachance, ce chanteur acharné qui a concrétisé son plus grand rêve en participant, hier après-midi, à la populaire émission chauffée par la reine de la télé américaine, Oprah Winfrey.

Bof! Il ne chante pas si bien que ça, sifflent les mauvaises langues. Bah! S'il n'a jamais été repêché par une grosse compagnie de disques en 10 ans, ça doit bien vouloir dire quelque chose, raillent ces mêmes commères. Peut-être. Mais en excluant la star Céline Dion, en connaissez-vous beaucoup d'artistes québécois qui ont décroché une aussi belle visibilité sur les réseaux américains?

En connaissez-vous bien des chanteurs qui louent eux-mêmes leurs salles de spectacle, qui écoulent les billets un à un dans la rue et qui engloutissent toutes leurs maigres économies dans la production d'un CD? Pas moi. Ça prend du cran et tout un front de boeuf, qui méritent du R.E.S.P.E.C.T., comme le chantait Aretha Franklin.

Oublions un instant sa dégaine de chanteur d'opéra pop ou son répertoire plutôt Rock-Détente et laissons à la fierté de Montmagny une journée ou deux pour savourer ce moment auquel il aspire depuis si longtemps. Sa persévérance et sa détermination ont arraché des larmes à la grande Oprah. Quand même. Faut le faire. Le Oprah Winfrey Show rejoint, tous les après-midi, une moyenne de 6 270 000 Américains. C'est pas mal plus que Denis Lévesque, mettons.

À défaut de posséder la voix d'un Pavarotti ou d'un Caruso, Bernard Lachance, 34 ans, compte sur un talent très utile dans le showbiz: celui de savoir se vendre. Et de ne jamais abandonner. Pour apprendre l'anglais, Bernard Lachance a acheté l'intégrale de la sitcom Friends en DVD - 10 saisons - et a visionné les 236 épisodes au minimum cinq fois chacun. «Avec les sous-titres en anglais. Après ça, j'étais prêt pour Oprah», ricane Bernard Lachance, joint hier soir alors qu'il flottait entre deux entrevues à LCN et RDI.

Au début des années 90, alors qu'il étudiait la musique au cégep Saint-Laurent, il a assisté, pendant une saison complète, à presque tous les enregistrements du talk-show de Sonia Benezra, fasciné par l'univers du spectacle. «J'étais groupie», avoue-t-il.

Au tout début de sa carrière, Bernard Lachance glissait lui-même ses cassettes dans les Publi-Sac distribués dans la région de Montmagny. Super moyen pour entrer chez les gens. Il a ensuite rempli le Capitole de Québec, le Centre Bell et le Massey Hall de Toronto en vendant ses billets planté directement sur le trottoir, avec le plan de la salle imprimé sur son t-shirt. Ravalant son amour-propre, il a aussi écumé les centres commerciaux du Québec, dont la Place Laurier et les Promenades Saint-Bruno, «entre le Zellers et le Dollarama», où il vendait ses albums à la pièce.

En près de 15 ans, Bernard Lachance a lancé trois albums: Seul (1998), Ad Libitum (2001) et While I Remember You (2005). Encore ici, il en a arraché. Son premier et unique agent, Yvan Beaurivage, qui veillait aussi sur Marie Carmen, s'est retrouvé devant les caméras de J.E., en juillet 1999, pour ne pas avoir payé les collaborateurs du disque L'autre, qui renfermait le succès J'veux d'la tendresse de la chanteuse recyclée en travailleuse humanitaire au Pérou.

Seul a été déchiqueté par la critique, qui a détesté sa «pochette racoleuse, ses chansons de couleur rose romantique, un abus de mièvreries et trop sirop aux fruits de la passion». Avec le recul, le ténor blond reconnaît que ses deux premiers efforts sonnaient «plus comme des démos». «Mais pas le troisième, en vente sur iTunes», glisse-t-il. Vendeur, il n'en rate pas une. D'ailleurs, il affirme bien vivre de son art: «Je vends environ 20 disques par jour à 10 $ ou 15 $ chacun. Tout l'argent va dans mes poches.»

Chez Oprah, cinq minutes avant le générique final, Bernard Lachance a interprété La quête de Jacques Brel, en anglais et en français, la même chanson qui a révélé le talent de Marie-Élaine Thibert lors de la première saison de Star Académie. Maintenant que son coup d'éclat à Chicago a attiré l'attention de Miss Oprah, un énorme défi l'attend: prouver qu'il a le talent pour durer. Et ça, c'est beaucoup plus ardu que de téléverser des vidéos sur YouTube.

Tout nouveau, tout beau

La comédienne Catherine Trudeau, si savoureuse dans la peau de Lyne-la-pas-fine, a décroché un rôle principal dans la nouvelle série Mirador de Radio-Canada, qui lèvera le voile sur l'univers des relations publiques et des spécialistes en gestion de crise.

La SRC annoncera officiellement lundi qui d'autre se joindra à l'équipe de Mirador, dont les textes ont été pondus par Isabelle Pelletier et Daniel Thibault. Louis Choquette (Le gentleman, Les Parent) réalisera les 13 épisodes commandés aux coproducteurs Jocelyn Deschênes (Sphère Média) et François Rozon (Encore Télévision).

Parlant de nouveautés, TVA a dévoilé hier la distribution de sa nouvelle comédie à sketches Tranches de vie, qui rigolera des réalités familiales complexes où les enfants, par exemple, s'écartèlent entre leurs sept grands-parents et leurs cinq instructeurs différents (golf, piano, solfège, etc.).

Un peu dans l'esprit d'Un gars, une fille ou des Parent à la SRC, Tranches de vie explorera le quotidien de quatre couples dépareillés qui habitent le même quartier, mais qui ne se côtoient pas. Pauline Martin et Raymond Bouchard incarneront Murielle et Daniel, un couple uni depuis 35 ans. Josée Deschênes et Emmanuel Bilodeau joueront Suzanne et Luc, qui se chicanent pour tout et pour rien. Edith Cochrane et Jean-Michel Anctil camperont Claire et Jean-Guy, parents d'enfant nés de mariages différents, tandis qu'Émilie Bibeau et Olivier Morin se glisseront dans la peau d'un jeune ménage qui cohabite pour la première fois.

«Le couple, c'est universel. C'est le coeur de la série. Ce sera hyperréaliste, à l'opposé du Sketch Show, plus absurde», précise l'auteur Gilbert Dumas, un ancien du Sketch Show qui a imaginé ces Tranches de vie. C'est Martin Cadotte (Destination Nor'Ouest) qui s'installera derrière la caméra pour les 10 épisodes de 30 minutes, que TVA diffusera à l'hiver 2010.

Toujours à l'antenne du vrai réseau, c'est Isabelle Racicot, juge à La collection et animatrice des Idées de grandeur à Canal Vie, qui s'assoira l'automne prochain sur le sofa de Deux filles le matin aux côtés de Mélanie Maynard. Isabelle Racicot remplace Amélie Grenier (la maman dans Les Lavigueur), qui désire concentrer ses énergies sur sa carrière d'actrice.

Autre nouveau visage dans la liste des collaboratrices de l'émission matinale de TVA: Marie-Claude Barrette, conjointe de Mario Dumont. Elle y apparaîtra une ou deux fois par semaine, précise la porte-parole du réseau, Nicole Tardif, en alternance avec Sonia Benezra. Début mars, le passage de Marie-Claude Barrette à Tout le monde en parle a été remarqué par divers producteurs.

Décidément, le couple Dumont-Barrette connaîtra un gros automne: l'ex-chef de l'Action démocratique du Québec (ADQ) pilotera sa quotidienne Dumont 360 sur les ondes de TQS. Entre deux années scolaires, la famille Dumont-Barrette quitter Rivière-du-Loup pour s'installer cet été sur la Rive-Sud de Montréal.

Deux Rose d'or à des Québécois

Deux émissions québécoises ont été honorées hier lors du banquet de clôture du 49e Festival de télévision de la Rose d'or de Lucerne, en Suisse, qui célèbre les meilleures productions du petit écran dans le monde. Dans les dramatiques, la série Les Lavigueur: la vraie histoire - ou Windfall&Misfortunes en version anglaise - a raflé les plus grands honneurs. Dans la catégorie «pilote», Le téléphone de Pixcom a aussi été salué pour son originalité. Le concept? Le téléspectateur épie une conversation «privée» entre deux personnalités connues, qui placotent de tout et de rien. Au Québec, Mathieu Gratton, Patricia Paquin, Jean-Michel Dufaux et Marie Plourde ont enregistré une émission-test du Téléphone, qui n'a pas encore trouvé de diffuseur. Gageons que ça va sonner aujourd'hui.

 

Photo: fournie par l'artiste