C'est une des émissions les plus étranges, bizarres et envoûtantes que j'ai visionnées depuis des lunes. Son titre? True Blood, le dernier produit à sensation du réseau HBO, que Super Écran lancera le lundi 5 janvier, à 21h.

Sur papier, cette série de vampires modernes séduit et charme. D'abord, elle a été fabriquée par Alan Ball, le géniteur de la géniale Six pieds sous terre, qui a puisé son inspiration dans des livres à succès de la romancière américaine Charlaine Harris. Impossible de bousiller un projet aussi prometteur, non?

 

Pour être honnête, j'ai copieusement détesté le premier épisode de True Blood. Trop échevelé. Trop weird. Puis, après le deuxième, une fascination morbide me chatouillait. À la fin du troisième, complètement ensorcelé, je me précipitais sur l'internet pour dénicher la date de sortie du coffret DVD (réponse: le 12 mai 2009).

Pour se délecter de True Blood jusqu'à la dernière goutte, il faut accepter une série de codes pas tellement évidents. Le premier? Les vampires effraient beaucoup moins les humains depuis que le sang synthétique a été commercialisé, il y a deux ans, par des scientifiques japonais - il se vend maintenant en boîtes de six dans les dépanneurs, restos et bars. Son nom: le Tru-Blood, ou vrai sang, qui permet à tous les Nosferatu de se nourrir en toute légalité.

«Ce sang synthétique comble tous nos besoins nutritionnels», expliquera, sur les ondes d'une chaîne d'infos en continu, la présidente de la Ligue américaine des vampires, Nan Flanagan.

Donc, ces Dracula de 2008 n'ont plus besoin de planter leurs crocs dans des cous bien tendres pour survivre? Oui et non. Car il existe une frange de rebelles, qui tuent encore par plaisir sadique, qui salivent devant une jugulaire juteuse et qui rejettent les mouvements pro-vampires militant pour l'obtention des mêmes droits que les «mortels».

Avouez que c'est déstabilisant. Tout ça, ainsi que le don surnaturel que possède le personnage principal de True Blood, Sookie Stackhouse (Anna Paquin, la fillette de La leçon de piano): elle entend tout ce que les gens pensent dans leurs têtes.

Une fois ces conventions peu orthodoxes acceptées, le plaisir démarre. Serveuse dans un resto-bar de Bon Temps, un bled fictif de la Louisiane, la coquine Sookie en pince pour le premier vampire à s'afficher ouvertement, le ténébreux et pâle Bill Compton, un jeune de 173 ans.

Évidemment, son entourage s'inquiète: pourquoi une belle blonde intelligente comme Sookie s'amourache-t-elle d'une de ces «créatures de Satan», comme le dénonce l'Église catholique sur toutes les tribunes? Parce que Sookie, pour la première fois de sa vie, n'entend pas ce qui mijote dans le coco de son amoureux.

Sorte de western gothique, True Blood est à la fois violent, érotique et comique. C'est une série audacieuse, mais très difficile d'accès. C'est aussi une allégorie à peine voilée sur l'homosexualité. Dans True Blood, les plus tolérants acceptent et comprennent que les vampires «sortent du cercueil», tandis que les curés et les rednecks rejettent leur «mode de vie subversif et indécent».

Pour complexifier davantage l'intrigue, sachez qu'il existe aussi un marché noir du sang de vampire: les humains qui en boivent voient leur libido exploser et leurs sens, décupler.

Le générique d'ouverture de True Blood est époustouflant, entremêlant des scènes d'exorcisme en noir et blanc, des cadavres d'animaux qui pourrissent en accéléré, des enfants possédés et des marécages. Le tout rythmé par l'intrigante chanson Bad Things du chanteur country Jace Everett.

Je lévite

Avec la chanson Dis-moi des BB Brunes. Du rock à la The Strokes et Vampire Weekend, mais en français, avec une touche de Gainsbourg. Génial.

Je l'évite

L'album Circus de Britney Spears. Une galette inodore, incolore, plate et sans saveur. Et aux poubelles le logiciel que Brit-Brit surutilise pour trafiquer électroniquement son filet de voix.