Toute la semaine, j'ai siffloté la mignonne chanson des Parent: «Un peu avant l'an 2100 et après l'âge de pierre, vivait au bord du Saint-Laurent, une famille nucléaire. Une famille nucléaire, à deux pas de Jupiter.»

Vraiment, je craque pour cette nouvelle comédie de la SRC, qui m'accroche, tous les lundis soirs, un éclatant sourire au visage. Et plus les semaines avancent, plus je rigole en compagnie de Nathalie (craquante Anne Dorval), Louis-Paul (attachant Daniel Brière) et leurs trois «monstres», Oli, Thomas et Zach Parent.

 

Voilà une production intelligente, drôle et rassembleuse qui sied parfaitement à Radio-Canada. Pas mal plus que Roxy et Grosse vie, mettons. Ce qui m'allume dans Les Parent, c'est le réalisme de ses vignettes, qui me catapultent 20 ans en arrière, à la grouillante casa Dumas, où trois garçons turbulents - Thierry, Hugo et Guillaume - ne ménageaient pas leurs parents débordés.

L'épisode de Kiki, le serpent d'Olivier, m'a rappelé notre zoo familial, qui comprenait le lapin Fripon Patterson (ne posez pas de questions), les hamsters Jules et Charlot, de même que la délicate chatte Cybèle (si belle...) et le gros matou roux Hercule. Eh oui! nous grouillions tous dans le même bungalow de banlieue. Sans compter les écrevisses qui barbotaient dans une vieille baignoire de bébé au fond de la cour.

Charlot, dont j'avais la garde, s'échappait tout le temps de sa cage rouge, provoquant hystérie et panique chez les Dumas. Une fois, mon père l'a même récupéré dans un tiroir de sa commode, en train de grignoter une paire de bas. Hou-la, la colère qu'il a piquée! Un soir d'automne, ce bon vieux Fripon, qui trottinait librement dans la cuisine, a bien failli finir en civet quand il a sectionné d'un coup de dent - clac! - le fil d'ordinateur de mon papa journaliste, qui transmettait une chronique à son chef de pupitre. En pleine heure de tombée. Notre famille nucléaire a alors connu son premier Tchernobyl animalier.

Je regarde Les Parent et je revois le foutoir de nos chambres et les guerres territoriales qui s'y jouaient. Comme dans la voiture, où le plus vieux sacrait une bine au plus jeune s'il avait le malheur de dépasser la frontière imaginaire qui divisait la banquette arrière.

Je regarde Les Parent et je revois le panier à linge sale qui déborde, les séances de sport dans le corridor et je réentends les «ta gueule» et les «va chier» qui rythmaient nos batailles. «Been there, done that», comme disent les Chinois.

Je regarde Les Parent et je vois de la foutue bonne télévision, finalement.

Un mot, en terminant, sur la troisième saison de C.A.: dommage que la série prenne fin cet automne, car l'auteur Louis Morissette a enfin trouvé le bon dosage entre les répliques comiques et les tensions dramatiques. Les intrigues ont pris de la profondeur et les personnages, de l'épaisseur. Parlant d'épaisseur, j'ai bien hâte que Jean-Michel cesse de traiter sa blonde de grosse. Franchement. Un petit tour chez Greiche&Scaff ne lui nuirait pas.

Je lévite

Avec l'album Me And Armini d'Emiliana Torrini. Un CD parfait pour les samedis frisquets et mouilleux d'automne, tapi sous une épaisse couette ou au café du coin en savourant les journaux du week-end. Moins déprimante que Cat Power, plus sensuelle et délicate que Björk, cette jeune chanteuse islandaise confectionne du folk pop charmant (téléchargez Big Jumps) et des pièces plus festives (comme Jungle Drum). Du cachemire musical, doux, soyeux et enveloppant.

Je l'évite

Le délire médiatique autour de Coeur de pirate. Oui, c'est joli. Oui, c'est sympa comme tout. Et cette Béatrice Martin, 19 ans, déborde de talent. Mais, bon sang! on se calme. Les textes et les arrangements de Coeur de pirate n'ont pas encore atteint la richesse et la complexité de ceux d'un Pierre Lapointe, par exemple. Ça promet pour l'avenir, par contre.