Appelez la Dre Grey, le Dr House ou, tiens, le Dr Doogie, tant qu'à y être. L'accouchement de la minisérie Code noir, qui relate l'histoire des Noirs au Canada, de 1622 à aujourd'hui, se complique dangereusement. Assez pour que Radio-Canada branche ce bébé télévisuel sur un moniteur aux soins intensifs.

Premier signe de l'état critique du patient? L'idée d'un tournage bilingue pour Code noir et Black code, à l'image de celui de René ou du Dernier chapitre, a été abandonnée. Seule la SRC a gardé le projet en observation, la CBC ne voulant pas injecter d'argent dans cette ambitieuse production déclinée en six épisodes d'une heure.

 

Le diagnostic ne s'améliore pas avec le départ de deux des concepteurs de Code noir, soit le réalisateur Sylvain Archambault et le scénariste Jacques Savoie, qui ont propulsé Les Lavigueur dans la stratosphère des cotes d'écoute, ainsi qu'au panthéon des Gémeaux.

«Je ne suis plus impliqué dans Code noir depuis le printemps dernier. Mon emploi du temps étant un peu juste, j'ai dû faire des choix. D'autant plus qu'il manquait encore des morceaux au puzzle de ce projet», note l'auteur Jacques Savoie.

De son côté, Sylvain Archambault et le producteur de la minisérie, Richard Jean-Baptiste, de chez Milagro Films, ne se parlent plus depuis plusieurs mois. «De ce que j'ai compris, c'est que le projet ne fonctionne plus. C'est tombé dans les oubliettes. Pour moi, ce projet-là est mort», tranche Sylvain Archambault.

Richard Jean-Baptiste convient que Code noir a subi une grosse opération. Mais pas question que la minisérie avorte. «Nous avons rebrassé quelques idées avec Radio-Canada. Nous réévaluons complètement notre approche créative», indique-t-il.

Chez Radio-Canada, la porte-parole Guylaine O'Farrell note: «Nous attendons une nouvelle proposition de la part du producteur avant d'aller en développement.»

Cette minisérie racontera notamment l'arrivée du premier Noir au Québec, soit Mathieu Da Costa, un esclave portugais parlant six langues et qui a notamment servi de traducteur au fondateur de Québec, Samuel de Champlain.

«C'était un projet fascinant. Jacques Savoie et moi avions fait la recherche. On y apprenait énormément de choses sur l'histoire des Noirs. C'était une sorte de road movie qui se passait dans un train», détaille Sylvain Archambault.

Cette version de Code noir n'existe plus, le producteur hésitant à plonger dans une grande fresque historique coûteuse et compliquée à mettre en boîte.

Soit. Le tandem Archambault-Savoie planche présentement sur la minisérie du grand verglas de janvier 1998, qui comportera six épisodes d'une heure. «C'est quasiment un film de guerre, qui se déroulera sur une courte période de temps. C'est comme 24 heures chrono. Et je pense que c'est encore plus fort que Les Lavigueur. C'est plein d'émotion et de drame», confie Sylvain Archambault.

Autre aspect intéressant: la série utilisera des vraies images d'archives, qui alimenteront les drames vécus par les personnages fictifs. «Quand vous allez voir Lucien Bouchard, Bernard Derome et André Caillé (l'ex-PDG d'Hydro-Québec), ce seront les vrais», assure le réalisateur.

En principe, le tournage s'amorcerait en mars 2009. «Il faut qu'il y ait de la neige. On ne peut pas faire la série en été», glisse Sylvain Archambault.

La série s'articulera autour de cinq ou six pôles importants, dont le «war room» d'Hydro-Québec, un centre d'hébergement qui recueillera une fillette, la maison d'un couple de retraités de Mont-Royal et une ferme. Aucun rôle n'a encore été distribué.

Le hockey lance... et compte

On l'avait quasiment oublié dans la bataille des cotes d'écoute: le hockey du Canadien, présenté par la chaîne spécialisée RDS. Lundi soir, la troupe de Guy Carbonneau a donné une solide mise en échec aux télévisions généralistes en intéressant, entre 19 h 30 et 22 h 15, près de 801 000 amateurs de sport. Entre 21 h 30 et 22 h, 1 103 000 téléspectateurs ont syntonisé RDS, une performance qui éclipse Les hauts et les bas de Sophie Paquin à Radio-Canada (576 000) et Dr House à TVA (978 000). À 20 h, L'auberge du chien noir et Annie et ses hommes ont décroché des audiences quasi identiques, soit 1 011 000 fidèles pour la SRC, contre 1 013 000 pour le «vrai» réseau. Une guerre de téléroman fascinante. Les auditions de Star Académie ont glissé à 1 060 000 personnes, tandis que Les Parent ont retenu l'attention de 892 000 téléspectateurs.