Si Vincent Lecavalier avait tenu à se joindre au Canadien autant que le CH tenait à ce qu'il se joigne à lui, ce n'est pas un chandail orange et noir que «Vinny» aurait enfilé mardi à Philadelphie, mais bien un chandail bleu, blanc et rouge.

En confirmant lors de sa présentation officielle que les Flyers formaient une très grande organisation et qu'ils étaient campés tout en haut de la liste des équipes avec lesquelles il envisageait de poursuivre sa carrière, Lecavalier a confirmé du même coup que le Canadien partait au mieux deuxième dans la course visant à obtenir ses services.

Il a confirmé aussi que pour des raisons qui lui sont propres et que les médias tout autant que les partisans doivent respecter, à défaut de les accepter, il ne tenait pas au rendez-vous que lui fixait la belle et grande histoire du Canadien de Montréal.

Cette déclaration devrait faire tomber le vent de critiques soulevé par plusieurs partisans qui reprochent depuis une semaine à Marc Bergevin d'avoir échappé Lecavalier. De l'avoir perdu aux mains des Flyers en n'affichant pas un intérêt assez marqué pour obtenir ses services.

Car rien n'est plus faux.

Marc Bergevin et les membres de son état-major, à commencer par le propriétaire Geoff Molson, qui s'est impliqué dans le dossier, tenaient beaucoup à Vincent Lecavalier. Ils tenaient à le voir endosser un chandail tricolore portant le numéro 44, à défaut de pouvoir décrocher le 4 de Jean Béliveau qui flotte au plafond du Centre Bell.

Ils tenaient à lui pour combler une lacune importante au centre du premier trio. Ils tenaient aussi à lui afin de rapatrier, même sur le tard, une aussi grande vedette québécoise à Montréal.

Avec l'accord de son proprio, Bergevin a multiplié les offres. Il a ajouté des millions. Il a aussi étiré la durée du contrat qu'il était prêt à offrir.

Mais pour rivaliser avec les 22,5 millions que lui verseront les Flyers pour les cinq prochaines années, mais aussi - et surtout - pour rivaliser avec les avantages fiscaux dont Lecavalier profitera en demeurant aux États-Unis comparativement aux réalités fiscales québécoises, Bergevin aurait dû se rendre là où il refusait d'aller.

Sacrifices personnels et financiers

Pour terminer sa carrière à Montréal, Vincent Lecavalier devait faire plusieurs sacrifices. Des sacrifices personnels, puisqu'en devenant le fer de lance du Canadien sur la glace et dans l'opinion publique, Lecavalier aurait perdu toute la marge de manoeuvre dont il profitait à Tampa Bay. Une marge de manoeuvre qui sera plus étroite, il est vrai, à Philadelphie.

Avec son expérience, son intelligence et sa personnalité, Lecavalier aurait pu composer avec ces sacrifices autant à Montréal qu'à Philadelphie. J'en suis convaincu.

Sur le plan fiscal, c'est autre chose.

Parce qu'il évoluait en Floride, Lecavalier a été choyé par des mesures fiscales plus clémentes encore que la météo de cet État du Sud. Et même s'il a déjà encaissé plus de millions qu'il ne pourra en dépenser d'ici la fin de ses jours - et qu'il en recevra maintenant des deux mains, car le Lightning lui doit plus de 32 millions en raison du rachat de son contrat et que les Flyers le paieront grassement -, Lecavalier n'aura jamais de soucis financiers.

Du moins, je lui souhaite...

Plusieurs diront qu'assis sur une telle fortune, le riche hockeyeur aurait facilement pu composer avec l'appétit fiscal du Québec et du Canada sans pour autant mettre en péril ses fins de mois.

C'est tout à fait vrai.

Mais ça ne l'oblige toutefois pas à accepter de laisser les gouvernements venir piger à qui mieux mieux dans ses comptes bancaires.

Parce que Daniel Brière tenait à vivre l'expérience de jouer à Montréal avec un chandail du Canadien sur le dos, il a accepté les sacrifices personnels et financiers qui l'attendront dans le détour l'automne prochain.

Même s'il disait vrai en assurant que le Canadien et Montréal étaient bien plus qu'un simple club de hockey et qu'une simple ville à ses yeux, rien n'obligeait Lecavalier à accepter les mêmes sacrifices.

S'il avait préféré un club moribond au Canadien simplement pour épargner quelques dollars en impôts directs et indirects - notez qu'on calcule ici en centaines de milliers, peut-être même en millions -, les partisans pourraient peut-être alors lui en vouloir.

Mais en choisissant les Flyers, Lecavalier a fait d'une pierre deux coups: il profitera toujours d'un taux d'imposition «raisonnable» tout en se joignant à un club avec lequel il aura autant de chances de gagner qu'il en aurait eues avec le Canadien. Cela dit, son choix d'équipe n'aidera en rien à adoucir la grogne des partisans...

Oubliez Jagr!

Même si les embauches de joueurs autonomes ont beaucoup ralenti cette semaine, cette accalmie n'a rien fait pour apaiser les vagues de rumeurs. Surtout à Montréal...

L'une d'entre elles assure que le Canadien est dans la course pour obtenir les services de Jaromir Jagr.

Rayez-la tout de suite de la liste. Et riez au nez du prochain informateur qui vous assurera qu'il tient de source sûre que l'embauche de Jagr est imminente. Car c'est complètement faux!

Sur une échelle d'un à cinq (un étant le niveau le plus bas et cinq le plus haut), les chances que Jagr joue à Montréal - dans l'uniforme du Canadien, on s'entend - sont à zéro.

À moins qu'il n'offre ses services bénévolement.

Oui, Jagr voudrait jouer à Montréal. Oui, il aimerait être associé à son bon ami et compatriote Tomas Plekanec. Et oui, Jagr courtise la nouvelle direction du Canadien, comme il courtisait l'ancienne, alors que son agent - l'ancien défenseur du Canadien Petr Svoboda - assure que le Tricolore s'intéresse à lui. Sauf qu'à l'image de l'ancienne, la nouvelle direction ne répond pas aux appels de Jagr et de son agent.

Brenden Morrow par l'entremise du marché des joueurs autonomes? Braydon Coburn et Maxime Talbot par celui des échanges? S'il est clair que Marc Bergevin cherche toujours à améliorer l'équipe, je ne peux vous assurer que ces rumeurs sont fondées ou non.

Mais pour Jagr, c'est non. Point final!