Si Marc Bergevin avait eu le choix, je suis convaincu qu'il aurait préféré faire signer un contrat à Vincent Lecavalier plutôt qu'à Daniel Brière.

En fait, non! Bergevin aurait préféré jongler avec les millions pour les embaucher tous les deux. Mais à défaut d'y arriver, Lecavalier aurait obtenu priorité. Plus jeune, plus grand, plus costaud, avec plus de hockey à offrir, Lecavalier aurait hérité du poste de centre no 1 et aurait fait du Canadien un bien meilleur club de hockey.

Mais voilà! Lecavalier ayant préféré les 5 années et les 22,5 millions que lui offraient les Flyers de Philadelphie au contrat plus modeste présenté par le Canadien, Bergevin devait donc passer à un plan B. Un plan qu'il développait en parallèle avec Brière et plusieurs autres, au cas où.

Si Brière n'occupait pas la première place sur la liste des priorités du Canadien, je considère toutefois qu'il représente bien plus qu'un simple prix de consolation.

À bientôt 36 ans, Brière ne répétera pas l'an prochain ou dans deux ans la saison de 32 buts et 95 points qu'il a connue en 2006-2007 avec les Sabres de Buffalo. Il ne connaîtra pas non plus une saison de 72 points (31 buts) comme l'année suivante, sa première avec les Flyers. Du moins, ce serait surprenant. Et si cela arrive, Marc Bergevin passera pour un génie.

Mais je suis convaincu d'une chose: s'il évite les blessures, qu'il se présente en forme, qu'il affiche la combativité qui le caractérise depuis le début de sa carrière, le Gatinois fera oublier sa très (trop) modeste production - 16 points, dont 6 buts, en 34 matchs - de l'hiver dernier.

Faire oublier Ryder

Embauché pour deux ans, à un salaire décent - 4 millions par saison - dans la grande indécence salariale de la LNH d'aujourd'hui, Brière sera un atout pour Michel Therrien.

Je ne crois pas que Brière puisse déloger un des joueurs de centre actuels du Tricolore. Mais en l'employant à l'aile et lors des attaques massives, Therrien pourra compter sur sa touche de marqueur. En plus, Brière offrira une police d'assurance dans le cercle des mises en jeu lorsque le joueur de centre sera chassé par un juge de lignes impatient.

Oui! Brière sera toujours un joueur de petit gabarit. C'est comme ça. Mais pour 1 million de moins que son nouveau capitaine, il offrira autant, sinon davantage, au Canadien que Brian Gionta, qui a récolté 46 points à ses 2 meilleures saisons à Montréal. Il devrait aussi facilement faire oublier Michael Ryder, à qui le Canadien a offert sa pleine liberté à la fin de la saison dernière.

Fort de la double motivation de jouer à Montréal sous les projecteurs et l'oeil plus que critique des journalistes et des partisans et aussi de faire regretter aux Flyers leur décision de racheter son contrat, Daniel Brière devrait flirter avec une récolte de 50 points, voire 55, s'il demeure en santé.

C'est du moins ma prétention. Et c'est pour cette raison que je considère que son embauche fait du Canadien un meilleur club ce matin qu'il ne l'était hier.

Il restera à Daniel Brière à le prouver. Et à prouver à tous ceux qui le croient trop vieux et trop petit pour arriver à aider le Canadien qu'ils se fourvoient complètement.

Souvenirs de 2007

Daniel Brière aura beaucoup de travail à faire pour taire les critiques. Pour apaiser le vent d'hostilité soulevé par les premières rumeurs de son embauche par le Canadien la semaine dernière. Un vent d'hostilité qui s'est transformé en tempête dès la confirmation qu'il avait signé un contrat hier.

Pourquoi autant d'hostilité à l'endroit du Gatinois?

Le fait qu'il ait tourné le dos au Canadien en 2007 au profit des Flyers et des 52 millions pour 8 ans qu'ils lui offraient - le Canadien avait présenté un contrat similaire - explique certainement un grand pan de cette animosité qui flirte avec la haine.

Les fans du Canadien, c'est connu et reconnu, sont rancuniers. Ils ont aussi la mémoire longue. Mais sélective.

En 2007 lorsqu'il a décidé de se joindre aux Flyers après avoir longuement et très sérieusement songé à accepter l'offre du Canadien, Brière a choisi la meilleure des deux équipes.

Fait moins connu à l'époque, mais important, Brière avait dû accorder une grande considération aux préoccupations de son épouse qui était réticente à exposer ses fils à la réalité de Montréal. Les journaux, la télé et les tribunes téléphoniques sont parfois cruels à l'endroit des joueurs. Mais rien n'égale les jugements lapidaires dans les cours d'école.

À 35 ans, Daniel Brière est mieux équipé qu'il ne l'était en 2007 pour affronter les critiques. Sa réalité familiale a aussi beaucoup changé. Ses garçons sont plus vieux, et leurs parents ont réorienté leur vie conjugale. Ce qui a certainement permis à Brière d'accorder plus d'importance à l'offre du Canadien qu'il ne l'avait fait en 2007.

Ce complément d'information devrait aider à brosser un tableau plus complet de la réalité avec laquelle le Gatinois composait lorsqu'il a pris cette décision qui l'a rendu si impopulaire. Décision que plusieurs lui reprochent d'ailleurs toujours à la lecture des réactions hostiles qui ont salué son arrivée avec le Canadien sur les médias sociaux hier.

Sept ans plus tard, il me semble que Brière devrait avoir l'occasion de prouver sa bonne volonté. De prouver qu'il est vraiment heureux d'avoir préféré le Canadien aux nombreuses (de 12 à 15) équipes qui le courtisaient depuis une semaine. Et surtout de prouver qu'il peut contribuer aux succès du Canadien sur la patinoire, même s'il est petit, qu'il n'est plus jeune et que ses meilleures années sont derrière lui.