Comme leur uniforme, qu'il soit rouge ou blanc, le «Mad House on Madison» (mieux connu sous le nom de United Center) qui leur sert de domicile ou la ville qui les héberge depuis 1926, le vestiaire des Blackhawks de Chicago est beau.

Autour du logo magnifique et coloré brodé dans le tapis qui recouvre le plancher du vestiaire, les Jonathan Toews, Patrick Kane, Duncan Keith et autres jeunes vedettes enjouées qui échangent dans la bonne humeur avec les journalistes rehaussent le portrait, déjà très beau.

En plus du logo, qu'aucun journaliste n'oserait profaner en posant le bout d'un soulier dessus, deux messages sautent aux yeux des joueurs lorsqu'ils passent les portes qui mènent, d'un côté, à la patinoire, et de l'autre, au salon.

Deux messages identiques, qui se limitent aux mots «One Goal», encadrent le profil de l'Amérindien, emblème des Hawks depuis toujours.

Pourquoi «One Goal» ?

«Parce que la séquence, c'est bien beau. Ça fait jaser autour de la Ligue. Ça vous donne du matériel. Ça donne de la visibilité aux Hawks et au hockey. Mais notre but est plus important que cette séquence. On voit beaucoup plus loin», m'a répondu Jonathan Toews.

«Nous vivons des moments formidables avec cette séquence. Mais toutes ces victoires ne voudront pas dire grand-chose si nous ne gagnons pas aussi à la fin de la saison», a ajouté le gardien Ray Emery.

Remis de 2010

«One Goal», c'est plus qu'un message de motivation. C'est le slogan des Blackhawks. Un slogan qui fait bien sûr référence à la conquête de la Coupe Stanley de 2010. Une conquête qui a remis les Hawks à l'avant-scène du sport à Chicago, après une disette de 48 ans. Une conquête qui a toutefois entraîné des conséquences difficiles, puisque l'équipe a dû laisser partir des éléments importants pour respecter les nouveaux paramètres financiers de la LNH.

Remis des contrecoups de cette conquête, les Hawks ont maintenant les yeux rivés sur la prochaine.

«Depuis la Coupe, nous avions de la difficulté à revenir dans les matchs. Nous avions aussi de la difficulté à protéger nos avances. C'était des conséquences directes du fait que nous ne jouions pas du bon hockey. Ça s'est reflété dans nos performances en saison et en séries [deux éliminations consécutives en première ronde]», a expliqué Jonathan Toews après l'entraînement matinal, hier.

Cette année, tout est différent.

«Il n'y a pas de secret dans nos victoires. On ne gagne pas parce qu'un gars fait des miracles un soir ou qu'un autre fait quelque chose de spécial le lendemain. On gagne parce que nous formons une très bonne équipe. Une très bonne équipe qui joue bien. Qui demeure concentrée», a ajouté le jeune capitaine des Hawks.

Quenneville se souvient

Les joueurs des Hawks peuvent compter sur l'aplomb de leur jeune capitaine pour éviter de se laisser étourdir par la séquence record sur laquelle ils surfent. Derrière Toews se dresse un entraîneur-chef à la poigne solide, qui veille lui aussi au grain.

Comme ses joueurs, Joel Quenneville est heureux de la séquence actuelle. «C'est très plaisant de venir travailler. D'un match à l'autre, vous êtes plus nombreux devant moi. Je remarque de nouveaux visages encore ce matin», a dit l'entraîneur-chef des Hawks avant son point de presse.

Les collègues de Chicago lèvent d'ailleurs la tête au ciel lorsque des «étrangers» prolongent indûment les points de presse avec des questions sur la séquence historique plutôt que sur les activités courantes de l'équipe.

Il fallait les voir taper du pied pendant que Jonathan Toews étirait ses réponses à mes questions, tout en mettant en évidence le français qu'il parle encore très bien. «Il faut bien que je pratique de temps en temps», a-t-il servi aux collègues de Chicago en guise de réplique.

Plus patient que nos collègues, ou simplement parce qu'il cache son impatience derrière sa grosse moustache grisonnante, Quenneville répond de bon coeur aux questions répétitives sur «The Streak», comme on l'appelle dans tous les médias ici.

Entraîneur actif comptant le plus de matchs (1186) et de victoires (643 avant la rencontre d'hier), Quenneville rend hommage à tous ses joueurs. Autant ses leaders et ses vedettes que ses joueurs de soutien et que Brandon Saad, ailier gauche de 20 ans qui a imité Brandon Gallagher avec le Canadien en se hissant au sein du premier trio avec Jonathan Toews et Marian Hossa.

Mais comme il a perdu plusieurs matchs qu'il aurait dû gagner au cours de sa carrière, l'entraîneur-chef des Hawks ne se laisse pas berner par les succès hâtifs de son équipe.

«Nous jouons du très bon hockey cette année. C'est vrai. Nous sommes dans tous les matchs ou à peu près. Mais nous sommes chanceux aussi d'être sur cette vague. Car lors de notre visite à Calgary [2 janvier], nous n'avions absolument aucune raison de sortir de là avec la victoire. Les Flames nous ont dominés du début à la fin [47 tirs contre 19] et n'eût été la performance de Razor [le gardien Ray Emery], le match ne se serait jamais rendu en tirs de barrage», a candidement reconnu Quenneville.

Patrick Kane avait alors donné la victoire aux Hawks aux dépens des Flames.

Joel Quenneville a une autre très bonne raison de refuser de faire preuve de trop d'enthousiasme avec la séquence actuelle. Il se souvient très bien des neuf défaites consécutives encaissées pas plus tard que l'an dernier. Neuf revers qui avaient remis en question sa place derrière le banc des Hawks.

«Ce fut la pire séquence de ma carrière. Non seulement je m'en souviens, mais je m'assure d'y penser tous les jours, ne serait-ce que pour me garder bien concentré sur l'importance à accorder à tous les petits détails nécessaires pour gagner.»

Ça semble fonctionner.