La surprise n'est pas venue de New York où les 30 gouverneurs ont unanimement entériné l'entente de principe qui a mis fin dimanche au lock-out qui a paralysé la LNH pendant 113 jours.

La surprise n'est pas venue du baseball majeur où Roger Clemens, Barry Bonds et Sammy Sosa se sont rivé le nez à la porte du Temple de la renommée. De fait, la surprise n'est pas le refus d'ouvrir les portes de Cooperstown à ces trois drogués du baseball, mais plutôt le fait que tous les candidats en lice soient demeurés sur le paillasson.

La surprise, la vraie, la grande, c'est de Toronto qu'elle est survenue. Du côté des Maple Leafs, qui ont profité de cette journée importante dans la LNH pour voler la vedette en congédiant le directeur général Brian Burke.

Mais attention!

Considérant que les Leafs n'ont pas accédé aux séries depuis l'arrivée de Burke à Toronto en novembre 2008 - les Maple Leafs ont maintenant raté les séries sept saisons de suite - peut-on vraiment parler de surprise?

Considérant que Burke a perdu les premiers choix Tyler Seguin et Dougie Hamilton et un deuxième choix en Jarred Knight pour mettre la main sur Phil Kessel, peut-on vraiment parler de surprise?

Considérant qu'un seul de ses choix au repêchage - Nazem Kadri, 7e sélection en 2009 - a disputé quelques matchs avec le grand club et que ces matchs sont loin d'avoir été concluants (19 points, dont 8 buts en 51 matchs), peut-on vraiment parler de surprises?

Considérant que Burke a gaspillé des dizaines de millions avec ce contrat absurde offert à Mike Komisarek (22,5 millions pour cinq ans), ou trop généreux comme celui offert à Dion Phaneuf (39 millions pour six ans), qu'il n'a jamais été en mesure de doter les Leafs d'un gardien capable de leur faire gagner des matchs, peut-on parler de surprise?

Il me semble que non.

Pourquoi maintenant?

Ce qui surprend, c'est le moment choisi pour remplacer Brian Burke par son bras droit Dave Nonis. Pourquoi procéder à ce changement majeur à quelques heures de l'ouverture des camps d'entraînement? À quelques jours de la première mise en jeu de la saison écourtée qui commencera le 19 janvier?

Le nom de Roberto Luongo vient en tête de liste quand on cherche à répondre à cette question. Luongo, que les Canucks tentent de refiler à quiconque voudra payer un prix raisonnable, est passé de la Floride à Vancouver alors que Dave Nonis était le directeur général des Canucks. Peut-être est-il plus enclin que Burke à faire une place au gardien originaire de Saint-Léonard dans le vestiaire des Leafs en dépit des quelque 44 millionsqu'il recevra lors des neuf dernières années du contrat de 12 ans (64 millions que lui ont consentis les Canucks).

Si Luongo amorce la saison écourtée à Toronto, les Leafs répondront à cette question.

Autre explication possible, même probable: le besoin des Maple Leafs de reprendre leur place sur la scène sportive de Toronto. En plus de multiplier les insuccès sur la glace et d'avoir à composer avec les contrecoups d'un lock-out qui les a gardés sur la voie de desserte, les Leafs ont été hachés menus sur la place publique par les Blue Jays au cours des derniers mois. Grâce à sa transaction flamboyante avec les Marlins de la Floride - Jose Reyes, Mark Buerhle et Josh Johnson - et l'acquisition de R.A. Dickey des Mets de New York, le DG Alex Anthopoulos a placé les Jays parmi les favoris pour remporter la Série mondiale l'automne prochain.

Quant aux Leafs, rares sont les observateurs qui leur accordent des chances d'accéder aux séries éliminatoires le printemps prochain. Le départ de Burke assurera des manchettes aux Leafs et le gros du temps d'antenne sur les ondes des stations de télé et de radio sportives de Toronto.

Bien que Nonis ne peut promettre une place en séries, il calmera le vent de panique qu'un lent début de saison des Leafs aurait soulevé. Du moins, il le retardera...

Cela dit, je connais des journalistes et des observateurs qui ont très mal accueilli ce congédiement hier. Burke était et sera toujours un frondeur. Un homme qui ne craint pas et même cherche parfois les controverses, voire les confrontations. Bien que soupe au lait et un brin pisse-vinaigre, Burke était un DG accessible. Un DG qui parlait beaucoup. Des fois trop. Que ce soit publiquement ou «off the record» pour expliquer certaines décisions, Burke répondait aux questions. Contrairement à Pierre Gauthier et à Bob Gainey avant lui avec le Canadien, Burke ne se cachait pas pour éviter les questions.

Mes savants collègues s'ennuieront des informations privilégiées dont ils profitaient. Ils s'ennuieront sans doute aussi un peu des duels oratoires qui marquaient plusieurs des points de presse du toujours flamboyant et parfois belliqueux directeur général.

Une pensée pour Marc Simoneau

Parlant d'homme flamboyant, l'ami et collègue Marc Simoneau traverse des moments difficiles depuis quelques semaines à Québec. Le roi des tribunes sportives, à la belle époque de la rivalité Canadien-Nordiques, combat avec l'acharnement qui l'a toujours caractérisé un cancer. Ce serait mal connaître «Big Marc» que de croire qu'il baissera les bras. Mes pensées, ajoutées à celles de ses amis et anciens collègues, sont dirigées vers Marc, sa femme et leurs deux fils, afin de les aider à traverser cette triste et pénible épreuve.